Chronique | Gates of Aaru - In Retribution Of Life And Decay (album, 2014)



Gates of Aaru - In Retribution Of Life And Decay (2014)

Tracklist

01 - Severance of an Enigmatic Law     01:35
02 - Welcome to the New Dawn      04:27
03 - Death's Wake     04:27
04 - In Retribution of Life and Decay      06:03
05 - Keepers of Sanity     04:10
06 - The Croatian Rhapsody     03:30
07 - Extinction     04:04

Extrait


 ___________________________________________

Dimmu BlackSun

La musique Metal est aussi faite de ces petits groupes sans prétention, cachés parmi la multitude. Ces formations au demeurant chétif mais passionnel produisent eux-mêmes leur premier produit, dans l'attente ou pas de déboucher sur un partenariat avec un label. L'échange entre ces groupes et leur public ne se fait pas dans un sens unique, leur musique elle-même étant la preuve d'un partage de qualité, et ce même à l'âge des balbutiements de ce genre de groupe. Gates of Aaru est de ceux-là, une idée nous venant d'Afrique du Sud, une envie spontanée de créer.
Un artwork finement ciselé, rappelant ces esquisses romantiques bardées de lumières trop travaillées pour être réalistes. Un portail vers un monde enchanté d'un soleil malsain.


"In Retribution of Life and Decay" sonne comme un Symphonic Black Metal presque trop propret pour mériter son appellation de porteur de noirceur. Pourtant, tous les éléments sont bien là, à savoir la cadence infernale à laquelle se mêle des percussions orchestrales et des cœurs éthérés. Des notes définies avec clarté contrastent avec l'habituel traitement tapageur de cette branche métallique.

La principale ligne de conduite de Gates of Aaru est l'alternance entre la maîtrise de la longueur et les moments plus intenses où tous les membres se laissent aller à la grandiloquence de leurs instruments pour proposer des passages tonitruants de sincérité. On y retrouve une batterie et des guitares saccadées auxquelles s'ajoutent ce petit clavier en fond qui parait frêle avec ses sons cristallins à côté de la brutalité de la batterie. Mais c'est sans compter sur la dimension épique voulue par la formation qui s’attelle à cette tâche avec maestria en étirant les frontières de sa composition pour s'en aller déverser sa vague tempétueuse extraordinaire. Car Gates of Aaru, ce n'est pas seulement la distorsion qui prime sur le reste, c'est aussi Sean Hendry, avec sa voix presque résiliée, détonant de son long et sombre cri qui n'en finit jamais de souligner la batterie dans son effort de grandeur. Le groupe fait très largement la part belle au chanteur, offrant de très beaux hurlements étirés au maximum, en conjonction parfaite avec la batterie. Un très bel exercice de souffle, notamment sur "Death's Wake".

Au milieu de cette jachère de notes drapées avec une allégresse presque osée, Leon Kemp en impose. Le britannique est bien une des pièces maîtresses de la formation, accompagnant avec détermination les infatigables exaltations du chanteur. La double pédale emplit tout l'espace sonore qui lui est offert. Sur "Keepers of Sanity" et "The Croatian Rhapsody", celle-ci a tendance à draper la composition d'une perpétuelle nappe, un martèlement massif donnant du corps à la musique, dont les mélodies se font aspirer et ingurgiter par cette incroyable grosse caisse . Le batteur, à la rythmique tellement chirurgicale qu'elle est en presque factice, a assurément des jambes en acier pour supporter le poids de sa propre vigueur surnaturelle qui force le respect.

"The Croatian Rhapsody" est un titre assez incomparable avec la teneur des autres morceaux de l'album. Reprenant un morceau local de Yougoslavie composé par Ante "Tonči" Huljić, Gates of Aaru y ajoute cette fameuse batterie si reconnaissable, son clavier créant une atmosphère presque joviale grâce à laquelle on emmènerait bien nos pieds sur la piste de danse.

Sous l'astre sud-africain, Gates of Aaru accouche d'un premier jet très satisfaisant et d'une production sans faux-pas. On souhaite toute la réussite possible pour ce groupe qui devrait prendre grand soin de son chanteur et son batteur car c'est avec ces deux-là que se joue la portée future de ce rejeton de Dimmu Borgir boosté aux hormones.

Kalhan
_________________________________________ 



Commentaires