Chronique | Claustrophobia - "Spectral Summoning" (album, 2008)



Claustrophobia - Spectral Summoning (album, 2008)

Tracklist:

1. Night Anthem   10:31
2. Spectral Forest   11:20
3. Village of Noctambulists   08:37
4. Forgotten Ghostdom   09:32
5. Accursed Eternal   10:41
6. Twilight of the Pluto   09:02 

Extrait: Twilight Of The Pluto



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C’est aux limites du sommeil et de l’état de conscience que certains albums prennent leur pleine mesure. « Spectral Summoning » est l'un de ceux-là, et le contexte d’écoute devient alors aussi important que l’album lui-même. La nuit, la solitude, la mélancolie permettent d’appréhender pleinement cette création de Claustrophobia. Il s’agit d’un obscur projet d’origine chinoise créé par Raped Corpse. Ce One-Man band a sorti entre 2006 et 2009 pas moins de cinq albums et deux Splits, tous aussi différents que torturés. Les influences du musicien vont du Black Metal au Dark Ambient en passant par le Drone et la Noise, mélange que l’on pourra retrouver chez des groupes comme K.F.R, Zhurong ou plus récemment Aek Gwi. 



Passons rapidement sur l’artwork qui est tout ce qu'il y a de plus classique à l’exception du logo qui se rapproche des inscriptions que l’on peut voir dans les cellules des asiles. « Spectral Summoning », sorti en 2008, est le quatrième opus né de l’esprit névropathe du musicien.

L'album commence sur un long râle de souffrance rapidement suivi par un clavier et une guitare languissante, leur monotonie pernicieuse s’insinuant dans les méandres de notre esprit fatigué. La piste de batterie est assurée par une boite à rythme omniprésente, rapide mais assez peu mise en avant; seules les cymbales raisonnent clairement. Le rythme mécanique aseptise de façon malsaine un des instruments qui à l’origine donne vie aux morceaux. Il n’y a pas de chant, Raped Corpse ponctue ‘Night Anthem’ et tout l’album de cris d’agonies étouffés ou de paroles typées DSBM. « Folie, douce âme jolie … » que les sirènes de l’ambulance viennent me tirer de cette vie. Chaque titre est une avancée dans l’état de l’aliénation, l’instrumentation alterne avec des moments rapides accompagnés de claviers clairs et languissants, au même titre que l’esprit déséquilibré. L’invocation du spectre de la folie continue, chaque titre étant une suite directe du précédent tout en apportant son lot de peines illustrées par de nouvelles caractéristiques musicales. ‘Village Of Noctambulists’ en est un bon exemple. La guitare ultra-saturée est plus un grésillement sans les mélodies auquel notre esprit aurait pu s’accrocher afin de saisir un élément de cet univers psychotique. Le clavier angoissant finit de saturer la musique. Les sonorités qui s’élèvent deviennent le mur sur lequel nos mains ensanglantées incrustent nos ongles retournés par notre envie de nous échapper de cette abstraction du réel. 

« Spectral Summoning » c’est un état de veille paradoxale de presque une heure, où nos angoisses et nos douleurs ne sont plus qu’une seule et même entité. L’album est à l’image du corps lors de tels états, la régularité de nos vies est rompue, notre esprit devient l’autel de l’esprit délétère de Claustrophobia. C’est seulement sur la fin du dernier morceau, ‘Twilight Of The Pluto’ que l’esprit semble apaisé avec un clavier éthéré et des notes claires qui rappellent des gouttes d’eau, notre conscience perle dans les méandres obscure de la psyché humaine. 


 Claustrophobia réveillera en vous les échos des pensées les plus avilissantes, celles que chaque homme refoule, pour enfin se complaire dans la fange de cette magistrale folie. Pour ceux qui n’auront pas le courage de faire face à leurs bas instincts, le voyage ne débutera même pas et le rejet sera total. A contrario ceux à l’esprit merveilleusement souillé trouveront dans cette expression musicale d’os et de chaires meurtris toute la beauté de cette raison ruinée.


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Morgan






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