Chronique | Ave Tenebrae - "Les Chants de Mnémosyne" (album, 2013)


Ave Tenebrae - Les Chants de Mnémosyne (album, 2013)

Tracklist:

01. Les Chants de Mnémosyne
02. Intersigne
03. Vulnerant Omnes, Ultima Necat
04. La Mesnie Hellequin
05. Ave Tenebrae
06. Lethal Secrets
07. Exorde à l’oubli

Extrait en écoute:


_________________________________


Saluons les ténèbres et Mnémosyne mère des Neuf Muses dans ce groupe qui nous vient d’ Ile de France. Ave Tenebrae est un projet de Black/death loin des clichés, créé en 1998 par Julien Hovelaque ( Chant, Basse) et Sylvain Mallet (Guitare). Après un passage à vide et trois démos en dix ans de carrière, les deux fondateurs du groupes accompagnés de Sacha Clerc-Renaud (Guitares), qui a rejoint la formation en 2006 et de Thibault Schwartz (Batterie), se lancent dans la composition d’un véritable album. Et c’est en 2013 que «  Les Chants de Mnémosyne » voit le jour.

Mnémosyne n’est pas seulement la mère des muses, elle est aussi déesse de la mémoire, celle qui nous donne la capacité de s’exprimer. Ici celle d’un homme bien souvent hanté par la perte de sa bien-aimée. D’ailleurs si on observe la pochette de cet album, on y voit une figure fantomatique, probablement Mnémosyne, emprisonnée entre trois pierres, la mémoire emprisonnée à jamais et qui ne demande qu’à sortir, n’est-ce pas le fardeau de l’homme, se souvenir encore et encore ?
On sent que les gars ont du kilomètre au compteur, les compositions sont carrées, le maniement de notre belle langue française est poussé à son paroxysme excepté « Lethal Secrets » piste ou le groupe s’est laissé tenter par la langue de Shakespeare. Le quatuor se contrefout des étiquettes et présente sa musique plutôt orientée Black /Death mélodique comme ont pu nous livrer Emperor, Lord Belial, Dissection ou encore At the Gates, et arrive à se forger une étiquette musicale qui leur est propre.

La mélancolie se fait ressentir dans les morceaux « Intersigne » ou encore « La Mesnie Hellequin » et la tristesse est retranscrite par des interludes musicaux à la guitare acoustique accompagnée d‘une douce batterie. Musicalement les morceaux suivent une réelle continuité. La basse, les guitares ainsi que la batterie, cette fois exécutée par un vrai batteur forment un tout cohérent. Les paroliers ont fait un travail tellement poussé qu’il est dommage que la voix Black de Julien ne permette pas pour un auditeur non aguerri de déceler les subtilités des paroles. Comme sur « Intersigne » ou la composition littéraire est tout simplement digne d’une nouvelle de Poe tant l’histoire est tragique et la chute inattendue.

La formation francilienne aborde des thèmes qui lui sont également chers comme la condition humaine dans « Vulnerant Omnes, Ultima Necat », locution signifiant « elles (les heures) blessent toutes, la dernière tue » que l’on peut retrouver sur les cadrans des édifices religieux ou publics, symbole que la mort est inéluctable, et que chaque seconde nous rapproche un peu plus d’elle. On bénéficie d‘interludes mélodiques à souhait et de dialogues entre voix Black et Death est le morceau, le plus dynamique de cette production. Cet album est empli de souvenirs et de nostalgie, et s’enfonce dans le sombre dessein de cet homme qui, nous plonge dans ses pensées et ses noirs fantasmes, dans la « Mesnie Hellequin », ou la voix complaintive se mêle a une instrumentalisation très mélodique, décrochant un Death inspiré de Death dès le début ce cette piste.
Cette énergie se transforme en tristesse avec des changement de rythme de la part des musiciens et encore une fois l‘utilisation de l‘acoustique a des fins mélancoliques. Hellequin étant la personnification de la corrélation entre la mort et l‘amour il est ici question d‘un homme qui pleure la tragique disparition de sa bien aimée sous fond d‘allusions érotiques. Certains autres morceaux pourront indéniablement rappeler des intro à la « Night’s Blood » de Dissection. Le titre « Ave Tenebrae » est celui qui délivre le plus de puissance et de polyvalence entre Death et Black, autant de la part des riffs qui se veulent plus black et le chant plus Death, contrairement aux autres pistes mais aussi aux interludes musicaux. Se souvenir, honorer la mémoire jusqu’à arriver à l’oubli, là ou l’homme passe au delà des remords, des regrets passés.


C’est un Black metal hors des conventions, même si le tout reste très axé Mélodique mais néanmoins avec des influences diverses, qui nous est présenté. Les variations entre voix black et death atypiques sont très agréables, on les aurait aimé peut-être plus poussées, la voix black étouffant parfois le tout et laissant un arrière goût de lassitude et de monotonie, pas du tout a la hauteur des paroles ou de la partie instrumentale de cet album. C’est une pièce qui s’apprécie avec le temps, qui a eu le temps de voir le jour au fil des années et se laisse apprivoiser au fil des écoutes et des subtilités qu’elle procure à chaque écoute.

____________________________________


Chaosophia





Commentaires