Chronique | AK-47 - "Start Off" (album, 2005)


Ak-47 - Start Off (album, 2005)

Tracklist :

01. Salvation
02. Drowned
03. Prime Time
04. Departure
05. 47 Km
06. Cruel Youth
07. Steady Stream
08. Burnout
09. With Ruin
10. No Cheers 

Extrait : 


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Nous allons aujourd’hui nous intéresser à un album qui n’est certes pas nouveau, mais qui au vu du peu de popularité du groupe en occident, mérite un détour. Soyez indulgents chers lecteurs car il est peu aisé de trouver un florilège d’informations à propos du groupe en question sur la toile, notamment dans la mesure où la plupart des sites sont en chinois, ainsi la présentation vous semblera probablement succincte mais vos informations potentielles sont les bienvenues. Formée à Pékin en 2000, la formation se compose de Li Si Wei à la guitare, Zhang Zhi Yong au chant et à la basse, Cedric à la batterie, Meng Qing Wang à la programmation et aux effets, et Zhang Yang à la deuxième guitare.


Comme susdit, le groupe peine à passer les frontières occidentales, mais il semble toutefois jouir d’une certaine notoriété en terre chinoise, notamment au vu des quelques prix obtenus dont celui du « meilleur groupe de l’année catégorie metal ». Leur musique se targue de promouvoir une puissance positive et tournée vers des valeurs d’avenir quand beaucoup de formations actuelles sont plus rétrospectivistes et négativistes. Nous nous intéresserons cependant dans cette chronique uniquement aux purs oripeaux musicaux afin de ne pas galvauder les intentions de l’artiste quant à la symbolique des paroles.

Start-off est donc le premier opus de AK-47 datant de 2005 et précédent Unstoppable en 2008. La jaquette est très épurée, offrant simplement le logo du groupe sur un fond rouge, ce qui ne sous-tend pas un style de musique précis comme pourraient le faire les pochettes de deathcore et leur artworks significatifs. Première écoute globale, premier constat, on déplore une qualité d’enregistrement qui laisse à désirer, particulièrement sur certains morceaux, avec certaines fois un mastering complètement hasardeux, et un égalisation digne d’un utilisateur novice d’audacity ( en exacerbant peut-être un tantinet la chose). De manière globale, on pourrait classer cet album dans un genre de neo hardcore industriel.

On aborde le disque par une introduction offrant des scansions simili-sectaires, comme une sorte de prière quelque peu angoissante. Puis entre en scène les instruments qui laissent la place à un riff plutôt intéressant sans toutefois être le plus stimulant de l’album. La voix quand à elle s’offre d’emblée le luxe de la singularité, au travers notamment de sa puissance maîtrisée et du privilège langagier chinois. Difficile de trouver la ressemblance avec une autre voix du metal bien qu’un nom semble tout indiqué mais échappant à la mémoire de la rédaction. On pourra toutefois trouver quelques similitudes avec des timbres entre du moonspell oldschool dans certains passages plus axés indus, du superbeast zombiesque dans le grain, et le côté monocorde qui est l’apanage de l’indus, avec bien entendu le jeu puissant du hardcore qui permet à se groupe de sortir de cette même vague industrielle. En effet, on pourrait trouver énormément de ressemblances avec la plupart des groupes industriels au niveau instrumental, notamment à Rammstein dont les riffs tranchants et la batterie soutenue semblent être une influence proéminente pour AK-47. L’égalisation elle-même semble pointer les teutons. ( n’y voyez point d’humour)

Passons sur le deuxième morceau qui n’offre guère plus d’originalité que le premier, et penchons nous sur le troième qui, à notre humble avis, lève le rideau sur le véritable potentiel du groupe. On débute sur une mélodie synthétique en stand-alone, plutôt alléchante de surcroît. ( ce genre de mélodie qui fait le succès d’un groupe indus de par l’ingénieuse simplicité dont elle fait preuve). Viennent ensuite se greffer les instruments offrant une nappe de guitare puissante et froide aux côtés d’une rythmique sans fioriture. Ajoutez à cela une voix qui s’enclave parfaitement dans le tout et vous obtenez un morceau industriel rehaussé d’un zeste de piment pour accroître la puissance globale. Et c’est ici que commence la débandade musicalement proximo-perfecto.

Les musiciens enchaînent les morceaux aussi plaisants les uns que les autres, aux mélodies intelligentes, aux constructions travaillées et aux arrangements sensiblement intéressants. Avaient-ils après ce troisième morceau trouvé leur fil d’Ariane ? Tout semble l’indiquer. L’album grimpe en intensité encore et encore, la voix semble sur les derniers morceaux beaucoup plus maîtrisée. Elle est, de facto, éminemment plus jouissive. L’arrangement instrumental, quant à lui, progresse dans sa droite ligne oscillant entre couplets quasi-reposants et refrains « coup de poing »,  cette alternance est de manière globale très réussie et offre un confort à l’écoute jusqu’à la fin.

On conclut l’œuvre par un morceau respectant le schéma de ses prédécesseurs mais dont le riff de guitare allié à la nappe sonore synthétisée par Qing Wang symbolise à merveille le véritable atout de la formation, subtile polymère du plus cinglant industriel mélodique à un neo hardcore vigoureux.On regrette toutefois la mise en retrait de la basse, probablement due à la qualité d’enregistrement. Cela déchoit malheureusement tout l’album d’une certaine profondeur qui manque à l’oreille. C’est sans doute le point sombre de cette galette qui aurait gagné à être enregistrée de manière plus propre, mais cela est de toute évidence le lot de tous les premiers albums (excluons de ça le rock « fils à papa »), et ils ont déjà su peaufiner suffisamment le tout pour offrir un ensemble harmonieux et cohérent à l’écoute. 

De nos jours, créer un album de musique efficace et bénéficiant d’une certaine singularité, c’est se battre contre le minotaure, aussi pouvons nous aisément déclarer ce challenge réussi pour AK-47, qui, bien que l’album présentant quelques défauts minimes, peut se vanter d’être digne d’intérêt pour tout auditeur metal qui se respecte, sans compter que le second album se veut de corriger et d’apporter une évolution au groupe, « nolens volens ». A suivre donc.




NB :

Notez que leurs albums sont en téléchargement légal et gratuit sur leur site.

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Jean-Ulrich





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