Chronique | Rùsùah - "Hitam Putih" (album, 2015)



Rùsùah - "Hitam Putih" (album, 2015)

Tracklist:

01. Gloomy   02:46
02. ANT   03:54
03. Masih Disini   03:48
04. Melawan Dunia   03:48
05. Drown   05:42
06. Bukit Sunyi   04:36
07. My Life   03:35
08. Kehancuran Kiblat Kefanaan (Feat. Arester)   04:50
09. Bless Me Ibliss (Bonus Track)   03:48

Extrait en écoute:




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Du Depressive Black Metal orchestral, tel est le style pratiqué par le One-Man-Band indonésien, Rùsùah. Ce cinquième album d'Abadi Erlangga saura vous convaincre que le DSBM ne rime pas forcément avec "tristesse", paradoxalement. C'est même souvent le meilleur des deux condensé pour amener l'euphorie, puis la chute, et cette éternelle re-chute.


Rùsùah pratique une musique incroyablement dynamique par rapport à ce que le musicien proposait dans ses oeuvres précédentes, qui semblaient plus classiques, convenues. Même s'il se situe dans une approche nettement plus accessible que nombre de groupes de DSBM infiniment plus raw et agressifs, "Hitam Putih", tout comme son nom l'indique - Noir et Blanc -, est un opus où les extrêmes se révèlent plus proches que prévu. Des mélodies accrocheuses à l'orgue y sont présentes tandis que le caractère symphonique des compositions prend tous son sens avec un travail ambitieux fait aux instruments à cordes. Même si tout cela n'est pas nouveau, rares sont les albums de Black Metal dépressif combinant tous ces éléments, cela vaut donc la peine de le signaler. 

Les orchestrations ainsi que les éléments peu utilisés qui sont présents sur ce nouvel album, beaucoup moins mis en avant dans le reste de la discographie de Rùsùah, ne masquent cependant pas les ambiances sombres et oppressantes qui se dégagent habituellement de son Black Metal. Elles le magnifient sans le défigurer: elles le transfigurent. Impossible à démasquer, le DSBM réside principalement dans les cris stridents et pénétrants du musicien, laissant aux instrumentations un rôle plus aérien, moins harsh en tout cas, parfois même plus épique à certains moments. 

Une touche mystérieuse émane de cet album, et nous ne savons jamais vers quelle destination nous sommes dirigés au fur et à mesure de l'écoute. 'Gloomy', acoustique et instrumentale, introduit l'auditeur dans un univers très familier, très DSBM justement, paradoxalement apaisante en même temps qu'elle se révèle mélancolique, alors que 'ANT' nous plonge dans les blastbeats les plus furieux, sans oublier le caractère sympho et mélodique qui se dégage déjà. Comme nous l'avons déjà signalé, ces orchestrations ne rendent pas l'album kitsch, elles l'enrichissent sans être des artifices. Elles sont donc les bienvenues et rajoutent de la tension à des ambiances déjà fort bipolaires. Divers goûts musicaux sont convoqués ici, l'important étant qu'il aillent tous dans le même sens pour ne pas biaiser la démarche de l'artiste. La polyvalence ici, ne signifie pas "hétérogénéité". 

Les mélodies éthérées, loin d'être délaissées, apparaissent dans toute leur splendeur au début du morceau 'Melawan Dunia' (Against The World), avec des lignes de claviers sinueuses qui se marient à merveille avec le jeu de guitare et de batterie. D'une certaine manière, l'album varie les températures, alternant le chaud et le froid, les riffs pouvant être aussi froids que mélodiques et réconfortants. Pile ce que j'attends du genre dans lequel Rùsùah officie. 


Rùsùah fabrique du DSBM qui sort des chemins tout droit tracés par Abyssic Hate et Silencer, nous concoctant une mixture toute nouvelle. Franchement, "Hitam Putih" a de quoi trouver son public, celui qui cherche la lumière blanche en passant par la lumière noire. 


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Tom







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