Chronique | Nocturnal Depression – "Spleen Black Metal"(album, 2015)



Nocturnal Depression – "Spleen Black Metal"(album, 2015)

Tracklist:


1. Elégie
2. L’Isolement
3. Acédie
4. Méditation Grisâtre
5. Un Immense Désespoir
6. Remords Posthume
7. Spleen Black Metal


Extrait en écoute:


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La France, malgré les alternatives qu’elle a toujours su apposer au Black Metal (comme Alcest et la création du Post-Black Metal), est parfaitement capable de produire du très bon Black, sous toutes ses formes. Si l’on prend Otargos, ou bien Malepeste, Caïnan Dawn, Je, P.H.T.O, etc… La France sait faire du Black Metal, et elle sait également (très bien) faire du DSBM. C’est pour cela que nous nous intéresserons au fer de lance du DSBM français, les grenoblois de Nocturnal Depression.


Lord Lokhraed et sa troupe nous gâtent depuis pas mal de temps déjà ! Avec (entre autre) l’excellent Reflection Of A Sad Soul en 2008, mais aussi le cultissime The Cult Of Negation en 2010, Nocturnal Depression a toujours réussi à nous pondre un DSBM qui, paradoxalement, déroge à la règle. Là où des groupes comme Lifelover ou Woods Of Desolation vont préférer orienter leur musique vers d’autres styles (respectivement le Depressive Rock et l’Atmospheric Black Metal), Nocturnal Depression nous sert un DSBM assez original tout en restant le groupe de DSBM typique.

En fait, leur style pourrait se définir par le titre de leur nouvel album, poétiquement nommé « Spleen Black Metal ». Le « Spleen » apporte une liaison directe avec le DSBM, mais donne à Lord Lokhraed cette possibilité de nous concocter un DSBM beaucoup plus raw, agressif et strident. Il est vrai que malgré le fait que ROASS fut mon album de chevet pendant un bon bout de temps, c’est avec impatience et plaisir que j’aborde ce nouvel opus des grands Dépressifs français. 

Dès que mon œil se posa sur la couverture, Spleen Black Metal m’a donné ce sentiment de nouveau, d’évolué. Avec l’allégorie de la Mort intégrée dans des couleurs froides et un paysage apocalyptique, on s’éloigne des couvertures DIY des précédents albums. Et là où N.D a vraiment mis le paquet, c’est dans sa musique. Si je prends comme base de comparaison The Cult Of The Negation (qui n’est pas si vieux que ça), on avait une musique très raw et primitive bien que riche en émotion.

Ça reste le cas, en tout cas pour le second élément ! Il suffit juste d’écouter le long cri vociférant de Lokhraed au début de l’album (« Elegie « ) pour s’en rendre compte. Pour rester sur la voix, il faut dire que tout le long de l’album, que ce soit quand il déclame ses paroles chargées de désastre ou bien quand il hurle désespérément (« Un Immense Desespoir »), Lord Lokhraed a sublimé son chant en ajoutant une touche plus claire permettant d’entendre plus facilement les paroles. C’est sans aucun doute du (également) au mixage plus « propre » que les anciens opus.

Ce mixage donne à la musique de Nocturnal Depression une teinte plus claire et par conséquent plus touchant pour l’auditeur. L’introduction d’ « Un Immense Désespoir » en est un parfait exemple : là où l’intro de « Dead Children » était saturée à souhait, « Un Immense Désespoir » procure une écoute bien plus intense. C’est également le cas pour le titre éponyme et son solo de violon introduisant directement une ambiance plus propice à la tristesse.

En fait, Nocturnal Depression livre une fois de plus un DSBM classique, mais ultra efficace. Lord Lokhraed désirait apparemment une évolution dans sa musique, avec un mixage nettement amélioré (je me souviens de la qualité quasi-insupportable de  Fuck Off Parisian Black Metal Scene ) et une lente fuite du minimalisme qu’on pouvait retrouver, entre autre, dans « Her Ghost Haunts These Walls » de l’album Reflections Of A Sad Soul

Intégrant des influences tantôt Black Metal (« Méditation Grisatre », titre plus « rentre dedans » que les autres), tantôt classiques (les nombreux violons), Nocturnal Depression flirte avec les topos du DSBM, pour produire une musique fidèle à ses origines malgré son évolution. Cette « manière d’évoluer » me rappelle l’histoire de Forgotten Tomb qui partit d’un DSBM quasi-raw pour s’immiscer vers du Black Doom.


Même s’il s’avère que la musique du combo Grenoblois évolue, Nocturnal Depression nous livre une galette complète, riche en émotion négative, qui ne taraude pas  la réputation du groupe de Lord Lokhraed. N.D crée en quelque sorte son propre style modestement nommé « Spleen Black Metal », imposant ses règles et dévoilant tous les instruments de son art. Néanmoins, prenez quelques précautions avant de débuter l’écoute de cet album : déposez votre joie dans l’emplacement prévu à cet effet, passez ce joli nœud coulant autour de votre cou grassouillet, et enterrez-vous dans la musique profonde et déchirante de Spleen Black Metal. 


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DopeLord





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