Chronique illustrée | Altars Of Grief - "This Shamefull Burden" (album, 2014)



Altars Of Grief This Shamefull Burden

Tracklist:

1. This Shameful Burden  07:41 
2. Only Our Scars  07:45 
3. In Your Arms, In Ruin  04:58
4. The Plague that Haunts the Darkness  07:34 
5. Her Shadow is the Night  06:37 
6. Grey Skies  02:04


Extrait en écoute:




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On attribue souvent à la musique un côté cathartique,  permettant aux artistes de laisser libre cours à leurs émotions, aussi bien positive que négative. Et si je trouve que la musique « joyeuse » regorge d’un bonheur niais et naïf, la musique à tendance « dépressive » (ou tout simplement aux thèmes mélancoliques) offre à l’auditeur un art plus sincère. Je citerai ainsi Déhà d’IMBER LUMINIS qui me disait que son groupe lui servait de défouloir et, en ce sens,  donnait à sa musique un côté beaucoup plus personnel.

Quand on parle de musique dépressive, la plupart des gens ont tendance à se référencer à des artistes comme Francis Cabrel, Jacques Brel, Renaud ou encore Grand Corps Malade. Il faut néanmoins savoir que la scène metal regorge d’artistes dit « dépressifs », il y’a même des genres destinés à ce genre de groupes : Si l’on prend le plus explicite, il y’a le DSBM (Depressive Suicidal Black Metal), avec des groupes comme Lifelover, Shining, Psychonaut 4, etc… Mais il y’a également le Doom, qui, en plus d’être un style très prolifique, se décline en de nombreux sous-genres. Nous allons uniquement parler de ce qui nous intéressera pour cette chronique, à savoir le Funeral Doom.

Malgré le fait qu’il soit un des styles de Doom les moins évidents à aborder (Sauf si l’on considère le Drone comme du Doom), beaucoup d’artistes produisent de la musique en accord avec ce genre, comme Thergothon (considérés comme les créateurs du genre), pour ne citer qu’eux. En plus actuel, et c’est le groupe sur lequel nous nous pencherons aujourd’hui : Altars Of Grief.

Avant d’engager l’analyse musicale, mettons un peu les points sur les i, car il faut dire que la formation n’est pas connue. Créé en 2013, Altars Of Grief nous vient des froides contrées du Canada, et sort en 2014 sa première production : This Shamefull Burden. La première chose qui m’a choqué est la longueur de l’album. Là où on pourrait s’attendre à plus d’une heure de musique, on se retrouve avec (uniquement ?) 36 minutes, contenant 6 titres dont une instru. Rien de bien grave en soit, mais quand même, je me serais attendu à plus long venant d’un groupe de Doom.

Il est néanmoins important de remarquer que, même si effectivement nous allons aborder le Funeral Doom, Altars Of Grief n’a rien à voir avec (par exemple) Thergothon. Beaucoup plus énergique, le groupe ajoute une atmosphère épique/mélodique à leur musique au moyen de nappes de synthés très équilibrées, comme sur le titre éponyme « This Shamefull Burden », où elles sont très remarquables et ça dès le début du titre. Le côté énergique de leur musique est aussi apporté grâce aux changements de rythmes fréquents, comme dans « Only Our Scars » : Le titre débute avec des riffs lourds et très lents, pour ensuite amorcer une batterie très rapide, notamment  au niveau des grosses caisses.




Mais ce qui est intéressant avec cet album, ce n’est pas l’aspect technique. Ce qui se dégage de l’ensemble de l’album est une ambiance presque religieuse (surtout grâce aux synthés), pesante, surplombée par un vocaliste exécutant son art avec une colère très significative. C’est d’ailleurs le chant qui m’amènera à l’affirmation suivante : le côté agressif, désespéré du chant n’a rien à voir avec du Funeral Doom, on aurait ainsi plus tendance à qualifier cet album comme du Death Doom. Même si ce n’est qu’une histoire d’étiquette, les différentes ambiances qui se dégagent des deux styles sont différentes, et donc très importantes.

Néanmoins, et c’est ce que j’apprécie énormément dans cet album, Altars Of Grief a réussi à donner à son Death Doom une ambiance oppressante, mortuaire, funéraire. « The plague that haunts darkness » en est le parfait exemple : alors que le titre commence de manière assez agressive avec des riffs pachydermique, c’est dans le refrain que se trouve tout l’intérêt du titre. Entamant un chœur chantant les « I’m the plague that haunt darkness », Altars Of Grief superpose voix clair et screams, apportant un contraste très important pour l’ambiance. Déjà assez accablante, les nappes synthés ne font qu’accentuer cette ambiance, lui donnant un aspect funéraire.

Pour ajouter encore plus de joie à ce cocktail déjà détonnant, attardons nous un moment sur les paroles : principalement centrées sur la dépression, la mort, ou encore le vide (Rien d’étonnant pour un groupe qui se revendique comme étant une formation Funeral Doom), ils apportent à la musique du quintet ce petit plus de tristesse venant compléter déjà ce désespoir ambiant. 



Altars Of Grief sublime son album en mettant une outro instrumentale exclusivement faite au piano, terminant ce « festival » funéraire avec une touche plus raffinée.  Malgré sa durée un peu courte, Altars Of Grief nous présent un excellent album pour débuter sa carrière : Combinant un Funeral Doom massif avec un Death Doom plus énervé, ils nous offrent un univers assez particulier à travers This Shamefull Burden, nous plaçant en plein milieu d’un enterrement digne de ce nom. Il suffirait ainsi de se plonger corps et âme dans cet album pour prendre place à son propre enterrement. 



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Chronique: DopeLord
Illustration: Arshlor 






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