Live Report 12/04/2015 Betray the Order + Praetoria + Slaughter To Prevail + Acranius + Ingested au Batofar : European Extinction Tour



Comment mal finir une semaine lorsqu’à la fin de celle-ci il y a un concert organisé par See You In The Pit Productions ? Aucune chance. Malgré la fatigue de la semaine accumulée, nombre sont ceux qui se sont précipités pour s’engouffrer dans les affres du gras et du martèlement de crâne. Le Batofar, territoire de violence implanté sur la douceur du lit de notre Seine près de Bercy s’est vu investir par une horde de chevelus, coreux, métalleux et passionnés de tous horizons dans le seul but de faire trembler le sol de notre Bato. Le commun des mortels a du mal à supporter un tel engouement pour le gras. La simple énonciation du nom « Slamming Brutal Death Metal » et autre « Deathcore Down-Tempo » fait sourire car la violence est dictée dans le nom des styles. L’European Extinction Tour avait pour but de promouvoir le dernier skeud d’Ingested aux côtés de formations qui ont la cote en ce moment. Un pur plaisir. Et en plus, le prix de la place était ULTRA abordable (11,80 euros dans les relais en prévente, 10 euros en prévente par l’asso et 14 euros sur place, on ne se fout pas de vous). Enfin bref, tout ça pour dire qu’après avoir été chaleureusement accueilli par Océane de SYITP, les hostilités pouvaient commencer. LET’S GRAS.
Ce Live report ne sera pas illustré par des belles photos car ce soir-là, soit il n’y avait pas de photographes, soit ils se sont cachés pour ne pas se prendre de coups, soit tout le monde a voulu profiter sans vouloir immortaliser le moment. Et puis au final, les appareils photos ça fait pas SLAMMING BRUTAL DEATH METAL. 



Voici le premier groupe annoncé : Betray The Order. Comparé à d’autres live au Batofar, ce groupe de la région parisienne eût droit à un accueil bien sympathique de la part du public. Le décalage entre le ciel bleu de ce jour, les oiseaux qui chantent et les couples qui s’embrassent sur le bord des quais et la salle emplie de noirceur paraissait pour le moins improbable, mais passons. Qu’en était-il de la prestation ? Deathcore. Core. Mais pas que. Avec une démo à leur actif, les parisiens se retrouvent propulsés aux côtés d’Ingested. Que demande le peuple ? On sent l’envie, le besoin d’en découdre. Ne connaissant pas le groupe, c’est avec un regard d’enfant que je découvre le show. La salle se met en place, les premières gouttes de sueur apparaissent, les premières odeurs liées à la chaleur laissent quelques spectateurs perplexes, les bières se vendent, les cous s’échauffent et Betray The Order peut commencer.  Dès les premières secondes, le groove apparait et la salle semi-pleine se met en branle. Les compos complexes ont un peu de mal à faire jouir mes esgourdes mais je me laisse finalement emporter par cette originalité qui me bloquait. Changements de rythmes fréquents, un peu de mal à comprendre l’idée puis… Les breakdowns font toujours leur petit effet, c’est lourd, ça défonce les écoutilles et quelques mosheux décident de se défouler sur le devant de la fosse, c’est apparemment un rituel fréquent chez les jeunes marginaux du monde entier (reportage M6 inside).  Le chanteur gère le guttural grave sans pourtant réussir à être le performeur de cette soirée. En revanche, ses vociférations plus aigües, très fréquentes durant le live, chargèrent le son d’une violence bien plus accrue qu’au départ. La création d’atmosphère est un travail très difficile à mettre en place, la leur était inconnue, difficile à discerner et pas forcément justifiable. En effet, on comprend que la balade était exclusivement mise en place afin de montrer un contraste avec la violence qui s’en suit, mais ce saxophone en guise d’introduction ? Bon certes, j’ai adoré ce saxo, ça changeait. Cette surprise m’a laissé perplexe jusqu’à la fin du show qui d’ailleurs était trop court. Le public n’a pas eu le temps de prendre son pied, ce qui est un peu frustrant car on sentait un gros potentiel dans Betray The Order. Le seul problème récurrent était la « surprésence » de la double pédale qui prenait le pas durant la moitié du live, mais cela s’est estompé au fil des morceaux et nous avons pu profiter pleinement du jeune combo. 



Formé en 2009, Praetoria est un groupe qui, m’ayant déçu en studio, était la bête noire de cet événement. Cela n’engage que moi bien sûr. Ayant croisé le chanteur à maintes reprises durant le show de Betray The Order, il m’avait l’air plein d’humour. Officiant dans un style un peu louche oscillant entre thrash/Death/Metalcore, c’est plein de curiosité et d’envie que la salle se remplit peu à peu. Le show commence et d’un coup, la révélation dans mon coin, je comprends pourquoi sur leur page Facebook ils mettent dans la description « The band found his place in a mix between Thrash Metal for the impact and Death Metal for the violence ». En effet, on a bien compris. Première chose, le chanteur. Alors là, on sent la moitié des métalleux du public qui font du pig squeal, du scream, du grunt et du growl dans leur douche et sur leurs chiottes chez eux pendant que maman fait des pommes de terre sautés, littéralement se sentir honteux et un peu avec la larme de caca qui coule entre les cuisses. Ca fait du mal à voir en effet tellement c’est bon, le chanteur se donne et donne en même temps une leçon de metal. Le coffre du chanteur et la puissance des rythmes donnent un tout efficace. Le public étant encore timide ou se réservant pour les plus grosses têtes du mini-fest ne bougeait que trop peu c’est bien dommage. Il ne faut pas avoir peur du regard des autres lorsque l’on moshe car, de toute façon, objectivement on a l’air un peu con quand on est seuls. Le mid-tempo fracasse le mental des troupes, les breakdowns s’enchainent et la prestation ne laisse aucune faille. C’est un mur du son et les compositions qui, au départ, ne me plaisaient pas, ont fini par prendre tout leur sens en live. La gestuelle du groupe était néanmoins parfois mal ficelée. En effet, le chanteur se tordant en deux afin de laisser les pleins pouvoirs (article 16 de la constitution française) à son coffre le mettait un peu retrait par rapport au bassiste qui était bien souvent sur le devant de la scène. Mais ce n’est qu’un détail face à la qualité du show. Puissant et efficace. ConGRAStulations et tape dans le dos.



C’est alors qu’un ami me paye une pinte. C’est-à-dire, RUPTURE TOTALE. Selon le public, le vocaliste de ce groupe russe était attendu au tournant. On peut dire qu’après avoir regardé toutes ses covers, on est en droit de se demander si en live, la performance serait au rendez-vous. Et bien, comme on dit chez moi : « VINDIOU ». On ne pouvait être que sur notre fondement. Du breakdown, du breakdown et encore un peu de breakdown s’il vous plait. Le vocaliste, ne parlant que quelques mots d’anglais a laissé la place de chauffeur de salle au guitariste qui a, ma foi, bien fait son travail ! Le public était hyper chaud à l’idée de se briser la mouille dans le moshpit. Les sub de basse faisaient trembler les binouses et ont fait descendre les testicules bloqués. Des tatouages partout, une prestance relativement incroyable, c’est ainsi que le groupe a fait trembler le Batofar et a chauffé pour la fin du set. Malgré des guitares un peu en retrait et une voix presque trop présente (ce qui n’est pas forcément une mauvaise chose), nos russes ont fait une très bonne impression. Slaughter To Prevail n’a pas manqué de faire déferler sa haine et sa violence. Le son était écrasant, de bonne qualité et les mouches qui flottaient au-dessus du moshpit n’ont pas cessé de se plaindre de l’air un peu trop chargé d’infrasons. La gestuelle du groupe était parfaite, le show était hyper bien rôdé. On se demandait même parfois si les musiciens n’allaient pas lécher le sol durant les breaks de plus en plus lourds. Le vocaliste tapait des pieds. Fort, très fort. Dans tous les genres gras du metal extrême, il y a un moment ou le headbang et le 2 step ne suffisent plus. Les pas de grenouilles géantes font leur apparition et Abbath d’Immortal passe pour un petit freluquet de seconde zone. C’est un show parfait qui s’est profilé. Encore heureux vu le chemin qu’ils ont fait pour arriver jusqu’à nous. « Chapters of Misery » a résonné dans nos oreilles. Brutalité et maîtrise. Lourd. 



Nous y voilà ! On m’avait dit qu’il y aurait du Slam, nous avons eu du Slam. Tout d’abord, j’achète une brioche à celui qui a compris le nom des chansons. J’achète ensuite une brioche au chocolat à celui qui a compris tous les noms de chansons ! Non mais sans déconner. Ca déchirait ! Du pur son ! Les quatre allemands d’Acranius ne sont pas venus pour rien, ils ont délivré le gras que l’on attendait et ont – à mon humble avis – fait le meilleur show de cette soirée. Malgré des esprits qui commencent à s’échauffer (ce sera toujours le cas entre l’homme qui boit sa bière à la frontière du moshpit et le mosheux sans respect qui viendra lui fracasser 6 euros sur les vêtements, mais c’est le fruit du hasard), ce fût un instant de poésie intense. De l’ultra guttural, du slam, du break dans le slam. La basse au son ultra métallique, typique du genre, spécifique disons, rendait le tout très lourd mais pas indigeste. Vous vouliez du lourd ? vous en avez eu ! Ce n’était pas un live de Murmuüre, c’était Acranius. Ca suintait la bouillasse et le gras de kebab. C’était d’ailleurs le premier chanteur de cette soirée à être chevelu, ça donnait le rythme aux adeptes. Pour en revenir à la musique, ce n’était pas le Slamming brutal death le plus gras écouté, ce n’était pas Guttural Engorgement, mais très sincèrement, le mix entre les breakdowns, le slam et les partis plus saccadés ont laissé la place à une jouissance plus aboutie. La polyvalence des rythmes, de surcroît très bien placé, a suffi pour que le public rentre dans une transe consciente (il fallait bien esquiver cet homme qui tournait seul autour du poteau du Batofar en pensant pousser les gens par le biais de l’esprit : Obi-Wan Inside). « Dishonor » claque des tronches et des tronches claquent « Dishonor », on en veut encore mais le show se termine trop vite. 



Bon, il faut avouer que tout le monde les attendait. Donc tout le monde les a attendus car la mise en place a quelque peu duré. Mais, occultons cela, je vais commencer par le seul mauvais point de ce show afin de pouvoir emboiter sur les bons points. Ce n’est certes pas la faute du groupe, mais comme dirait Monsieur Charles Phily, la caisse claire, c’est la personnalité du batteur (avec la double bien sûr), or, il fallait tendre l’oreille pour entendre cette caisse claire, ce qui a rendu ce show moins personnel. Passons. Comme il se doit, Ingested venait pour promouvoir « The Architect of Extinction » après avoir sorti deux monstres de lourdeur « Surpassing the Boundaries of Human Suffering » en 2009 (à tes souhaits) et « The Surreption » en 2011. Avec une tournée longue comme un bras d’enfant, c’est au Batofar sous la bannière de SYITP qu’ils se retrouvent ici ! Et quel plaisir ! Nos anglais aux trois chanteurs se devaient de faire éclater la salle en bouillie et ont, au final, vite fait péter la salle. Environ 7 ou 8 morceaux de joués pour 45 minutes de show et pas une de plus ! Le rythme parisien déteint sur les anglais apparemment ! « Architect of Extinction » résonne durant tout le show, les chanteurs guitaristes deviennent les apôtres du gras et le frontman, au charisme sympathique met en place sa voix caverneuse pleine de bulle. Il eut en effet besoin de pas mal d’eau pour tenir le choc (en parlant d’eau, il a lancé gentiment une bouteille d’eau sur une jeune femme qui lui a fait le plaisir de lui relancer juste à côté de la trogne, v’la l’ambiance). Et ENFIN vient le moment tant attendu, la reprise d’un morceau du premier album, « Skin and Fucked » aplatit les morveux et le public est presque tétanisé face à un telle violence. Les placements sont parfaits, les pogos se ramènent et la sueur coule dans les pintes afin qu’elles soient plus salées. On se demande même comment ils font pour réussir à faire une musique aussi technique. Enfin bref, c’était excellent. Court, mais excellent. 

Tout ça pour remercier SYITP de laisser la presse musicale se faire une place lors de ses concerts, tout ça pour avoir passé un super moment et un mini-fest de très bonne qualité. On peut se renverser de la bière sur la tronche, se donner des patates sans le vouloir, mais on ne peut pas cracher sur de telles affiches et de telles prestations. 
STAY GRAS. 



Hugod


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