Chronique Illustrée | Cain - "Trivmvira" (Album, 2007)


Cain - "Trivmvira" (Album, 2007)

Tracklist :

01. Il Tempio del Bifronte - 03:20
02. Carmina Praetoria - 03:11
03. Ama il Ferro - 03:43
04. Il Cantico della Carogna - 05:43
05. Carma Pitagorico - 05:09
06. Lapis Niger - 04:22
07. Catacomb Worms - 06:29
08. Dioscuri Aurea Saecula - 08:10

Extrait en écoute, 'Dioscuri Aurea Saecula' :


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La terre tremble quand s'avance la glorieuse armée de la République de Rome. L'ombre du futur empire plane sur le monde antique lorsque les légionnaires foulent de leurs pieds la terre. Des siècles plus tard, le souvenir est encore là et prend de nombreuses formes, dont celle de Cain.

Ce groupe de Black Metal originaire d'Italie et plus précisément de Rome est dirigé par L.V., connu dans le milieu Black Metal italien pour avoir fait notamment partie de Theatre des Vampires. On retrouvera à la batterie SK et à la basse Nighthorn, tous deux actifs dans de nombreuses formations italiennes. Ils tirent leur nom du premier meurtrier de la bible, Cain qui tua son frère Abel le fils préféré de Dieu. Quoi de mieux pour conter l'histoire et la mythologie de Rome qui tua un autre de ses fils. L'album qui nous intéresse est le seul paru à ce jour, « Trivmvira » fait suite à la démo « Dioscuri Aurea Saecula » sorti en 2005. Le titre de l'album est une référence à une fonction de la magistrature de la République de Rome regroupant trois hommes de la cité.

Trois légionnaires, glaive, lance et étendard en main, nous font face sur la pochette. Les yeux disparaissent dans l'ombre, le ciel est sombre entre le noir et le rouge, teinté de la couleur du sang et de la fumée des flammes. Les légions sont en marche sous le commandement du triumvirat, Cain.


L'album débute sans fioritures. Guitare électrique rapide et puissante sur une batterie violente au rythme martial. Les cymbales sur ce tempo font irrésistiblement penser aux bruits des armures qui tintent lors de l'avancée des légions. « Il Tempio del Bifronte » fait référence à Janus, le dieu aux deux visages, l'un tourné vers le passé l'autre vers l'avenir. Cain montre que leur Black Metal est tourné vers leur histoire, l'utilisation de l'italien et du latin dans leurs textes renforce cette idée. L’immersion est totale pour l'auditeur qui se retrouve face à un magistrat antique. Musicalement Cain n’innove pas mais possède une réelle personnalité avec un Black Metal efficace tinté de mélancolie comme sur 'Il Cantico della Carogna' où l'on peut entendre une harpe en fond après les bruits d'une bataille. Les titres s’enchaînent et on se laisse porter par le chant hurlé qui déclame les récits de la guerre. Sur « Carma Pitagorico » la narration se fait plus calme avec une guitare claire et une batterie angoissante qui fait tinter ses cymbales pour marquer un danger imminent. Ces moments de calme ainsi que l'utilisation de samples permet d'éviter la lassitude et plonge ainsi l'auditeur plus facilement dans l'histoire qui nous est comptée.

L'album finit sur 'Dioscuri Aurea Saecula', les derniers coups de glaives résonnent. Le chant est plus nerveux, galvanisant, alors que la musique se fait plus calme et plus profonde. Nous sommes face à un tournant, la République s’effrite. Auguste est de retour dans sa cité natale. L'empire marquera l'Antiquité du sceau de son aigle.

« Trivmvira » est à prendre dans son ensemble, comme le récit d'une glorieuse bataille où les troupes romaines enfoncent les lignes de leurs ennemis, les formations militaires déferlent sur le monde et écrivent leur légende dans le sang et le feu. Cain s'inscrit dans l'idée philosophique de Janus pratiquant un Black Metal à la fois martial et épique tout en gardant leurs yeux sur le passé qui a forgé l'Antiquité et plus particulièrement l'actuelle Italie. Le chant de L.V. est plus proche de l'oraison sénatoriale que du chant Black Metal et varie assez peu. Nous pourrions reprocher à Cain un effet trop répétitif à l'écoute de certains morceaux, d'où l'importance de voir l'album comme un ensemble et non pas les morceaux comme des entités à part entière. Cet hommage à Rome entre passé et futur, l'auditeur, tel Janus, le contemple.

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Auteur : Morgan
Dessinateur : Arshlor 


Commentaires

  1. quelle chronique..on sent le souffle de l'aigle imperial a travers tes mots et le sang des barbares suintant sur noter lame en regardant l'illustration

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