Chronique | Fallujah - "The Harvest Wombs" (Album, 2011)

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Fallujah - "The Harvest Wombs" (Album, 2011)
Tracklist:
01. Alpha Incipient
02. Ritual of Godflesh
03. Become One
04. Cerebral Hybridization
05. Prison of the Mind
06. The Flame Surreal
07. Enslaved Eternal Phenomenon
08. Hallucination
09. The Harvest Wombs
10. Assemblage of Wolves

Extrait en écoute:


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        Fallujah fait partie de cette catégorie de groupe qui préfère mixer les genres pour arriver à un résultat donné. Pouvant passer pour de la présomption, comme n'importe quel autre motivation, si la réussite est au bout du chemin, le degré de justification ne se pose plus. Mélangeant le Technical Death et le Deathcore avec une petite pointe de Progressive, on en arrive à un manifeste de ce qui se fait de meilleur dans ces genres-là, reste à savoir si l'ensemble tient la route. Les trois genres, méditant sur le bien-fondé de leur réunion, implosent jusqu'à la désintégration dans une réalité créée rien que pour eux, une pochette "bi-chrome" avec un détail en particule très bien défini, travail de l'artiste graphiste australien Cameron Gray (http://parablevisions.com).
Fallujah nous prend à la gorge et ne lâche jamais prise, Fallujah est un pitbull et Andrew Baird est son maître. Jamais batterie n'a été aussi directrice dans un groupe s'apparentant au Deathcore. Des blasts titanesques d'une puissance rare couplés au souffle long de Alex Hofmann font des titres des torrents d'une nervosité et d'un élan à toute épreuve. Dès le début, "Alphia Incident" s'incruste dans nos tripes et fait trembler le corps de l'auditeur et son pauvre coeur à 200 bmp. Au diable la construction tout en finesse, à partir du moment où la batterie se met en branle, plus rien ne l'arrête et le reste de la formation n'a pour unique rôle que de soutenir cette batterie dans son effort de guerre. Des riffs et des mélodies exécutés de façon à diriger la batterie vers un nouveau mur à détruire et des screams très étendus, tantôt s'inscrivant dans une longueur dévastatrice, tantôt compagnon de route de la batterie, toujours martelant, toujours aussi régulière dans sa frénésie guerrière. Le chant est ici profond, en ce sens que le phrasé très haché, et pourtant  continuellement vociférant, influence grandement la perception de l'ensemble de la musique. Que serait ces rafales déchaînées sans l'autorité du chant. "Ritual Of Godflesh" ne se prive pas d'utiliser cette combinaison batterie/chant meurtrière pour mieux éprouver la capacité de l'auditeur à encaisser une production imposante qui préfère se focaliser sur la répercussion grandiose de la démonstration de force opérée par la formation imprudente. Imprudente car il est bien aventureux de placer un berserker fou-furieux à la batterie.
Cependant, même si celle-ci s'impose comme l'atout indiscutable de Fallujah, il serait bien malvenu d'omettre la participation non-négligeable des autres instruments, qui situeraient alors le groupe dans une tendance plus progressive qu'à la seule écoute de la batterie. Les guitares ne se gênent pas pour proposer un autre maniement de la musique du groupe. "The Harvest Bomb", morceau instrumental, repose essentiellement sur des digressions mélodiques et vaporeuses, des sortes de nappes planantes où l'esprit vagabonde à mesure que la reverb' se propage et la lourdeur qui faisait la signature des titres précédents laisse alors place à une légèreté bienvenue, voire une certaine candeur lorsque l'on compare la portion de l'album déjà écoutée à ce caduc revirement d'intention.
Malheureusement, tout ne se passe pas toujours pour le mieux dans le meilleur des mondes et malgré mon engouement particulier à l'égard de Fallujah, force est de reconnaître que pendant le tiers central de son album, le groupe préfère oublier quelque peu sa batterie/machine apocalyptique/déité rythmique (cochez le qualificatif correspondant) pour s'appesantir davantage après l'entrée en matière des titres sur des envolées mélodiques avec ses guitares qui, si l'on écoute les morceaux les uns à la suite des autres, peuvent amener un certain degré de lassitude à mesure que les aigus criard s'enchaînent et les changements de rythmes se font et se défont . La dimension Progressive Metal de Fallujah apparait alors comme trop omnipotente et ne satisfait pas pleinement la direction musicale du groupe, en entendant par là un trop plein, un débordement qui s'imposerait trop longtemps, notamment sur "Enslaved Eternal Phenomenon".

Fallujah est encore jeune, mais les américains ont prouvé que le nombre d'albums dans une discographie n'était pas proportionnel à la qualité musicale, grande question qui trouvera son argumentaire un peu plus tard


Kalhan


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