Chronique | Catalogue - S/T (Album, 2014)


Catalogue – « Catalogue » (Album, 2014)

Tracklist :

1 - Fish Fish 04:10
2 - Anger 02:50
3 - Super Hero 02:38
4 - Mosquitos 03:39
5 - Square Life 03:26
6 - Red Kids 02:43
7 - Youpi 04:12
8 - Machine Guns 02:52
9 - Piat         02:20
10 - Tied Feet 03:21
11 - About You 04:31

Extrait en écoute:


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Catalogue... La première fois que j'entends parler du groupe, c'est lors d'une discussion à propos de la scène post-punk française si bouillonnante et pourtant si méconnue. On me conseille Electric Press Kit, AinSophAur et Catalogue.

Catalogue, oui je connais, c'est le groupe de l'avant-gardiste Jac Berrocal, qui a sorti son premier album éponyme en 1979. On me dit non, il s'agit d'un autre groupe. Attention à la confusion. Curiosité grandissante en moi. Je me jette à corps perdu à la recherche d'informations.

Il est donc temps de ressortir tout ça du placard. À la première évocation du groupe, on peut se demander : « Catalogue ? Pourquoi un tel nom ? » Simple, minimaliste, dans la vague de bon nombre de formations post-punk. Si le nom peut évoquer une sélection de chansons et d'influences diverses s'étalant de plage audio en plage audio, il n'en est rien et le groupe est entier. Loin d'être un catalogue d'offre et de produit, le groupe s'apparente plutôt à un catalogue d'exposition d'art. Et qu'est-ce que la musique sinon avant tout, un art ?
Et puis Catalogue, ça fait un peu penser à Magazine non ? Alors pas de quoi se méfier...

Derrière le groupe se cachent Emma Amaretto au chant et à la guitare, Éric Trolux à la deuxième guitare et enfin Bruno Yark-Zymo à la basse, un trio en provenance de Marseille. Si ces noms vous sont familiers, c'est que l'on retrouve Emma Amaretto dans le duo electro-rock'n'roll Human Toys et Éric Trolux au sein de Elektrolux.

C'est après une tournée aux États-Unis, rien que ça, et des premières parties d'autres projets post-punk bien connus tels que Frustration ou Soviet Soviet, que le groupe décide de sortir son premier album. Ce LP éponyme sort en septembre 2014, soit un peu plus d'un an après leur première démo « Flying until hitting the asphalt » sorti le 1er avril 2013 (le groupe semble avoir un certain sens de l'humour... noir). Ce premier opus reprend d'ailleurs intégralement le contenu de la démo. Pour cette première galette, Catalogue choisit le label Relax-O-Matic Vibrator Records, label français spécialisé dans le punk.

Noire et rocailleuse, sobre et sans fioritures, construite à partir de l'amas des lettres du nom du groupe, la pochette de l'album nous donne déjà une première indication sur la musique que l'on s’apprête à écouter.

Force est de constater qu'en effet, dès les premières notes de Fish Fish, première composition de cet album, on se prend une claque. Guitare incisive, répétitive sur ce premier morceau, on se sent glisser vers une sombre transe et on a du mal à retenir sa tête, voire son corps, qui commence à bouger frénétiquement au rythme de la musique. Puis c'est l'explosion. On ne s'y était pas trompé, ce groupe est radicalement tourné vers un post-punk nerveux qui s'accroche à ses racines punk. Me viennent alors indéniablement à l'esprit des groupes comme Leitmotiv, Wire ou Sonic Youth.

Un point fort de la formation est la voix de Emma, un chant punk, clair et saillant, qui ne se perd pas dans des cris inaudibles ou des vocalises hasardeuses. Sa voix est digne de toute la mouvance Riot Grrrl. Dans ma tête se forme un parallèle entre Catalogue et tous ces groupes de deathrock comme, Abwärts, Screaming Dead, 1919 et Cinema Strange, mais aussi et surtout, par la voix, avec des groupes comme The Vyllies, Skeletal Family, Super Heroines, ou 45 Graves. Non, j'ai trouvé ! La voix me fait immanquablement penser à du !Action Pact!

Les chansons, dont la durée n'excèdent pas pour la plupart les 3 minutes, confirment une approche punk. Pas le temps pour les lamentations, ici c'est claque sur claque qui s’enchaînent sans fausses notes. La boite à rythme, bien dosée, ne donne pas un aspect robotique à la musique, et les riffs de guitare et surtout une basse ronde viennent lui apporter une certaine chaleur, un véritable paradoxe pour un groupe aussi incisif et dans la vague froide du post-punk. La basse justement, grondante et appuyée par le rythme, nous invite à la transe nous murmure continuellement « Viens, de toute manière tu vas sombrer ». Vous pourrez en apprécier toute la saveur sur des titres comme Mosquito ou Red Kids.

Un premier opus musicalement abouti et mature, avec des titres qui s’enchaînent sans répit. On se laisse absorber, on est assimilé, on ne fait plus qu'un avec la musique. À la fin du disque, à la première écoute, j'en étais à me dire « Quoi, déjà ? » pour mieux me le remettre dans les oreilles. Cette force de l'album est peut-être également sa faiblesse et j'aurais aimé, à défaut d'une pause avec une ou deux compositions plus calmes, une fin moins abrupte. Cela dit, ç'aurait probablement été à contre-pied de ce que cet album semble chercher à nous dire, à nous faire sentir.

Pour ceux qui recherchent un post-punk un peu plus posé, un peu plus introverti, orientez-vous vers une formation comme Miss Parker ou passez tout simplement votre chemin. Catalogue, quant à lui, trace le sien, rouvert cette dernière décennie par des groupes comme MekRokieV, Bat Nouveau, ou bien encore †13th Moon†. Après une tournée prévue dans tout l'est de l'Europe en été 2015, il est à espérer que le groupe revienne avec un deuxième album aussi travaillé.

Un peu déjà entendu, mais tellement efficace.

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Aladiah


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