Chronique | One More Victim - "Dominion", 2011


One More Victim - "Dominion" (Album, 2011)

Tracklist:
1 - Alea Jacta Est
2 - Damnation of Eternity
3 - Architects of Sanity
4 - Mother of All Sins
5 - Last Hour
6 - Jack Ketch
7 - Impelled by Revenge
8 - Watch My Ascent
9 - Locust Horde (extrait en écoute)
10 - Dominion

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Je profite de l'absence de 3 jours de notre bien-aimé créateur de Scholomance pour vous proposer une chronique un peu différente de d'habitude, puisqu'elle traite d'un groupe de Deathcore russe, teinté de touches de Death moderne. Formé en 2006, One More Victim n'a a son actif qu'un EP et un album, mais quel album. Non madame de la pochette, pas la peine de me jeter ce regard pénétrant, je n'ai d'yeux que pour la musique.

Les puristes nieront jusqu'à la toute fin que le Deathcore n'appartient pas à la grande famille du Metal. Et pourtant, dans "Death-core", le Death a une place non négligeable et One More Victim est là pour nous le rappeler. Ce qui le distingue du Deathcore bas de gamme, lambda, incrusté de breakdowns monotones, d'une batterie amorphe et d'un chanteur déjà entendu dans nombres de groupes par le passé, c'est cette espèce d'explosion lorsque chant et batterie fonctionnent de concert pour déferler dans vos orillons, soutenus par des guitares à la fois mélodiques et musclées.
Dès le premier morceau, ce qui vous frappe les esgourdes, c'est la violence avec laquelle Nikita Valdaev frappe sa batterie, une sorte de violence conjugale autorisée pour cause de création musicale. Le batteur donne le ton avec ses baguettes et ses pédales frénétiques. Le corps se scinde en deux, les pieds font souffrir les grosses caisses et les bras sont chargés d'une impulsion spontanée. Il s'accorde avec le chanteur pour imposer à une oreille attentive une synergie brutale entre batterie et chant. Imposer est le mot juste tant l'auditeur ne peut que subir le rythme effréné de la batterie, le souffle coupé par tellement de fougue. Que ce soit en début de morceau pour introduire le plus vite possible dans la folie meutrière ou un solo ravageur, la batterie remplit son office avec une efficacité redoutable. C'est ce qui fait la force du groupe, il ne laisse aucun repos et parvient à toujours capter la violence de ses intentions grâce à cette fameuse batterie pilonnante, une rage rare dans le Deathcore d'aujourd'hui.
Le démoniaque Danil Krasovsky oscille entre growl assourdissant et scream crissant et c'est cet aspect de son chant qui ne fait pas ressembler One More Victim à un Veil of Maya ou un Carnifex aseptisé. Il apparait quand il le doit, sait se taire pour laisser parler la batterie, profite de ses moments de répit pour préparer sa prochaine entrée fracassante, ajuste son type de chant en fonction du tempo. Un chant très violent mais qui ne recouvre pas les instruments, une production très bien pensée qui met en avant tous les atouts des musiciens sans en effacer un par rapport à un autre.
Pour ce qui est des guitares, elles semblent complètement décollées du reste de la formation, dans une espèce d'échappée aérienne, qui donne de la profondeur aux morceaux. Elles soutiennent parfaitement le duo batterie/chant et n'empiètent aucunement sur leur territoire. Leurs mélodies sont volages, leurs riffs puissants et leur remplissage sonore parfaitement adapté au martelage de la batterie. Ici, pas de breakdowns intempestifs, pas plus que nécessaire, le dosage exact entre minimalisme ampoulé et vélocité exécutive. Ça fait du bien de sentir chez des guitares de Deathcore une volonté d'adaptation et pas seulement une construction musicale redondante.
Dans tout ce galimatias d'intense fornication entre les instruments, le rythme y est pour beaucoup dans toute la dimension ardente de la musique de One More Victim. A de nombreuses reprises à l'intérieur des morceaux, un des instruments, que ce soit une guitare, la batterie ou la basse, décide de prendre la tête du quintet et d'entraîner les autres dans un autre tempo et une autre approche de l'équilibre d'un titre. Ici, ce n'est pas seulement le chanteur ou la batterie qui mène la danse mais chaque instrument, un par un, ils se relaient et c'est en jonglant entre eux qu'ils parviennent à composer. En résulte une musique dynamique, radicale, complète et cinglante.


One More Victim est définitivement l'exemple de Deathcore qui pourrait appâter une oreille habituée au Death des années 2000-2010, une valeur sûre et un bon moyen de découvrir ou redécouvrir le Deathcore, qui cache heureusement quelques pépites qui n'ont rien à envier à l'intensité des autres genres.

Kalhan

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