Chronique | Funeral in Heaven / Plecto Aliquem Capite - "Astral Mantras of Dyslexia" (Split, 2011)


Funeral in Heaven / Plecto Aliquem Capite - "Astral Mantras of Dyslexia" (Split, 2011)

Tracklist :

Funeral In Heaven :

01. Transmigrations Into Eternal Submission (Of Altered Consciousness) - 11:30
02. Bandhana (Gatahaththey Kathaa Wasthuwa) - 12:41
03. Buddhang Saranang - 7:12

Plecto Aliquem Capite :

04. Lament - 4:14
05. Stoned Guru Ramblings - 6:31
06. Cemetary Of The Deep - 4:53
07. Crestfallen: Immolating Shakthi - 8:33

Extraits à écouter :




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         Le Sri Lanka, plus connu pour ses temples millénaires que pour ses groupes de Black Metal, ou même encore Metal, a depuis les années 2005/2010 une petite expansion de sa scène locale. C'est dans ce contexte qu'en 2011 deux formations originaires de Colombo s'allient pour sortir un split intitulé « Astral Mantras of Dyslexia », via Dunkelheit Produktionen.
         Funeral in Heaven et Plecto Aliquem Capite sont deux groupes de Black Metal formés respectivement en 2003 et 2008 et ont deux membres en communs. Ils ont tout deux plusieurs splits et EP à leur actif mais pas encore d'album.

         L'artwork du Digipack sorti en 2012 (la précision étant de mise puisque la version vinyle possède un artwork différent), représente un crâne humain en gros plan dans les tons rouges. Simple mais efficace, le split se veut occulte.

         La première partie de l'opus est assurée par Funeral in Heaven, trois morceaux dont deux de plus de dix minutes. Le premier morceau, 'Transmigrations into Eternal Submission (of Altered Consciousness)' débute sur des nappes de clavier languissantes avec un sitar (il s'agit d'un instrument à cordes pincées, symbole de la musique hindoustanie), qui ponctue de quelques notes cette intro avant l'arrivée de la guitare et des percussions indiennes : le Tabla et le Yak Bera (instruments utilisés avec le sitar qui ressemblent au djembe). Les onze minutes du morceau sont un plongeon dans les méandres occultes des temples perdus du Sri Lanka. L'instrumentation folklorique offre une dimension mystique, rendue oppressante par les touches de guitares saturées. Le clavier, plus en retrait, fait planer les ombres noires qui habitent les plus sombres lieux d'un Sri Lanka oublié. La suite retourne à un Black plus cru mais ne délaissent par pour autant le morceau précédent, plus Dark Ambient. Les guitares se font plus présentes, tout comme la batterie mais toujours sur un tempo calme. Le chant n'est, quant à lui, pas sans rappeler celui de Li Chao d'Enemite : Depressive sans tomber dans le larmoyant, ce qui colle à la perfection avec les atmosphères ritualistes développées par le groupe. Une seconde voix ponctue 'Bandhana (Gatahaththey kathaa wasthuwa)'. Narrée, elle est accompagnée du sitar et rappelle la dimension occulte du groupe. L'instrumentation minimaliste dans son ensemble permet d'imposer le reste. Le titre 'Buddhang Saranang', plus Heavy, nous montre que le groupe sait jouer sur d'autres registres tout en gardant son esprit d'origine. Il est rapide, puissant au niveau de la voix et des percutions traditionnelles, nous entendrons même un second chant, cette fois-ci en clair.

         La partie de Funeral in Heaven est à voir en trois temps : le lieu de la cérémonie/la cérémonie/la célébration. Chacun avec ses particularités tout en gardant le côté occulte du groupe. Ils nous proposent ainsi des compostions réfléchies où chaque élément est à sa place jouant son rôle et créant un équilibre puissant entre Black Metal et Occultisme Sri Lankais.

         Le premier morceau de Plecto Aliquem Capite reste dans l'occulte, pas de changement dans la ligne directrice. 'Lament' à la lourde responsabilité de faire la transition entre les deux groupes. On retrouve un sitar avec les bruits d'une femme qui pleure. Le sombre sera là aussi de mise, mais dès 'Stoned Guru Ramblings' le groupe marque sa différence. Une voix déclame, comme au journal télévisé, des informations puis les riffs arrivent, décousus, violents. Le chant complètement déformé est plus Noise que Black.
         Si avec Funeral in Heaven nous étions perdus dans les anciens temples, Plecto Aliquem Capite nous ramène à coups de batte cloutée à la dure réalité du monde moderne. Ils nous rappellent que le Sri Lanka c'est aussi les viols, la torture, et un je-m'en-foutisme royal des droits de l'homme. Si le côté occulte est présent avec les claviers sur 'Cemetary of the Deep' ce n'est que pour rendre le côté Noise Black encore plus malsain. 'Crestfallen: Immolating Shakthi' continue dans cette lignée et nous montre la réalité crue, celle que les touristes ne veulent pas voir, la dérangeante, celle qui nous rend coupable d'être là assis, à lire cette chronique.

         Au final, « Astral Mantras of Dyslexia », c'est les deux faces d'une même pièce. L'histoire millénaire et une modernité décadente, les deux baignant dans tout ce qui a de plus malsain et occulte. L'équilibre et la transition entre les deux parties/époques rend le tout d'une cohérence rarement vue dans les splits. Le fait que BlasphemousWargoat et Wessamuni soient dans les deux formations doit jouer.

         C'est une immersion sans concessions dans les méandres du Sri Lanka. Du rituel mystique au rêve dans les sombres temples, mais on se fait réveiller et tabasser, dans une ruelle sombre et mal famée.

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Auteur : Morgan



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