Chronique | Draugr - "De Ferro Italico", 2011


Draugr - De Ferro Italico (album, 2011)

Tracklist 

01. Dove l'Italia Nacque 02:10
02. The Vitulean Empire 05:17
03. L'Augure e il Lupo 05:53
04. Suovetaurilia 09:25
05. Ver Sacrum 04:36
06. Legio Linteata 06:03
07. Ballata D'Autunno 01:42
08. Inverno 07:32
09. Roma Ferro Ignique 06:26
10. De Ferro Italico 10:34

Extrait

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La Rome antique a eu ses siècles de gloire, mais tout cela c'est de l'histoire ancienne. Le gladius de la pochette, planté dans la terre en signe de guerre révolue, surplombe les paysages d'une Italie qui ne demande que le repos mais dont les nuages noirs planant au-dessus d'elle rappellent ces années gorgées de sang répandu. La première chose qu'on pourrait remarquer, c'est le fait que le groupe se défasse de l'habituel carcan de la langue anglaise pour lui préférer leur langue maternelle, l'italien. En ce sens que d'après les membres du groupe, l'italien était plus à même de leur donner la chance de faire apparaitre ce qu'ils considéraient comme important dans leur album concept, les thèmes abordés et l'ambiance générale. Ainsi, toutes les chansons sont en italien, à part 'The Vitulean Empire'.

 L'album fonctionne sur un contraste qui peut paraître comique au premier abord mais qui donne le cachet particulier du groupe. Un contrepoint se sent dans presque tous les morceaux, comme si plusieurs genres s'affrontaient à l'intérieur de l'album. Ainsi, on retrouve un mix improbable entre Dani Filth, Korpiklaani, Equilibrium et un Ex Deo juste au sortir du lit. L'album oscille entre un Black Metal frénétique grâce à la voix du chanteur et le ton des guitares et un Pagan Metal joyeux et frivole avec les instruments néo-folk et un magnifique clavier euphorique. Le chanteur part de temps en temps dans des envolées frénétiques au beau milieu d'une coordination entre flûte, voix lointaines pleines d'entrain et guitares désinvoltes, ce qui peut en rebuter plus d'un mais ce n'est qu'un faux sentiment de confusion qui s'estompe à mesure que le morceau avance. C'est une sensation étrange que d'avoir ce sentiment de fête constante et en même se retrouver parfois avec un moment Black Metal éclatant sorti de nulle part, comme si le chanteur avait ça sur le cœur depuis le début du morceau mais n'osait pas perturber la bonne ambiance. Finalement, la voix se mêle au reste et tout repart avec allégresse.


Malgré cet amalgame assumé qui fait la force du groupe, on ne peut s'empêcher de froncer les sourcils lorsque la déstructuration entre la batterie, la flûte, le clavier et les guitares se fait trop ressentir. Toute la formation se base sur un rythme défini par la batterie et pourtant les guitares décident de rester à la traîne, fait nettement audible sur "Ver Sacrum" . C'est là que le chanteur se met à vociférer plus vigoureusement que d'habitude et se calque sur l'allure de la batterie pour voiler les guitares. Encore une fois, Draugr joue avec nos oreilles, rien n'est définitivement en place. Il n'y a pas de monotonie possible en écoutant ce type de Pagan Black à influences Folk. 

"De Ferro Italico" est à séparer en deux. La première partie s'axe sur un Folk/Pagan très léger, naturel. C'est le festival, on se tape dessus avec des glaives en bois, on danse autour de la table et on se fout de la gueule de l'armée adverse. La batterie est très bien cadencée, les guitares mènent la danse et la flûte est sans prétention. A ce propos, le côté Folk de la formation n'est pas trop mis en avant. La flûte n'est pas dans une optique de show technique outrancier pour effacer le reste de la composition. Svaknir, le chanteur, est très énergique, impliqué, et sa voix légèrement cassée a un certain charme, même si parfois elle se demande ce qu'elle fout là. Au début de certains titres ("The Vitulean Empire" et "Inverno"), Svaknir entame un scream tonitruant d'une longueur non-négligeable qui rappelle Stéphane Paré de Quo Vadis au début de "Silence Call The Storm". Une mise en bouche pour la suite.

La seconde partie, qui commence après l'intermède de transition "Ballata d'Autunno", est à rapprocher d'un Pagan Black Metal plus typé, plus sourd. Les morceaux gagnent en longueur et en saturation. "Inverno", "Roma Ferro Ignique" et "De Ferro Italico" sont plus obscurs. La batterie s'accélère, surtout sur la fin d'"Inverno", le clavier et les guitares sont plus insistantes et évincent la flûte qui n'ose plus s'approcher. Cependant, même dans cette approche plus agressive, Draugr ne peut s'empêcher d'ajouter de la légèreté dans certaines parties des morceaux de fin d'album, comme pour relâcher la gravité du son pour ceux habitués à l'intention artistique des morceaux de la première partie.

Second et dernier album de la formation avant qu'elle ne donne naissance par la suite à Atavicus, "De Ferro Italico" semble être le produit d'une bande de copains qui voulait faire un album avec envie et investissement. On sent par moment que le batteur ou le chanteur voulaient en faire plus mais le dosage juste entre la technique et la toile de fond sert les intérêts de l'album. Tout excès aurait été inutile et malvenu. Petite pensée pour Jonny Morelli qui perdit la vie l'année dernière, privant ainsi la scène italienne d'un batteur talentueux.

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Kalhan



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