Chronique | Darkspace - "Dark Space III I", 2014


Darkspace - "Dark Space III I" (album, 2014)

Tracklist

1. 4.18
2. 4.19
3. 4.20

Extrait en écoute



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Fermez les yeux et tenez-vous éloigné de toute source de lumière. Vous aurez alors une compréhension beaucoup plus nette de ce que notre maison, indépendamment de la planète sur laquelle nous habitons, est l'espace. Nul besoin d'être excité et horrifié, Darkspace est là pour nous communiquer ce à quoi ressemblerait, musicalement, le fait d'être coincé au milieu de nulle part, et partout à la fois. Six ans après le très salué "Dark Space III", le power trio suisse - qui compte dans ses rangs Zhaaral de Sun Of The Blind et Wroth de Paysage d'Hiver - est de retour en 2014 avec ce nouvel album publié chez Avantgarde Music. Une fois de plus, on se retrouve aspiré dans  un trou noir gigantesque lorsqu'on affronte la densité des murs sonores créés par les musiciens. Autant le dire tout de suite, ce "Dark Space III I" est une pépite de Black Metal atmosphérique et spatial qui nous immerge dans la profondeur de ses atmosphères particulières. 

Trois pistes pour une heure d'écoute: Darkspace reprend la même configuration que sur son deuxième album, où les morceaux sont plus longs et donc développés de manière encore plus progressive. De plus, cela permet de renforcer l'impression d'emprisonnement et les ambiances oppressantes tout au long d'un album rendu plus fluide, chaque morceau se situant dans la continuité du précédent. L'auditeur est comme piégé dans un fond sonore inextricable, perdu par des motifs rythmiques et mélodiques qui reviennent souvent - le début et la fin de '4.19', par exemple -, apportant à "Dark Space III I" son caractère cosmique et mystique. 

L'album commence avec un bruit de fond qui fait penser soit à un vaisseau spatial, soit à une bataille en raison des tirs laser qui se font entendre, jusqu'à ce que tout cela soit interrompu par un battement de tambour peu conventionnel qui fait bientôt place aux parties de guitare rythmique et mélodique. Connu pour la densité du son - pas toujours la lourdeur - qu'il est capable de créer pour nous oppresser et nous étouffer, le groupe n'hésite pas à inclure  des passages plus lents et calmes afin de mieux submerger nos sens lorsque la vitesse vient tout dévaster telle une tempête. Les vocaux, eux, sont noyés dans le tourbillon instrumental ainsi mis en place, comme s'il s'agissait des voix désespérées des damnés emportés par l'abîme sonore.

Comme d'habitude, les claviers jouent un rôle important, rajoutant finalement à cette atmosphère spatiale une tâche symphonique, mais rien de trop exagéré. Cet instrument ainsi que les programmations électroniques parcourent la brume constante d'épaisseur préalablement formée, ils sont à l'origine de passages de Dark Ambient qui mélangent résonances terrestres, bruits de machines et espace cosmique. Dans '4.19', Les éléments de musique électronique s'incorporent particulièrement bien dans ce brouillard permanent, et certains de ces motifs sont joués à l'identique par une guitare bien accompagnée par la double-pédale. L'espace-temps auquel on est habitué est totalement déconstruit ici et nous fait entrevoir quelque chose de beaucoup plus grand qui nous dépasse.

"Dark Space III I" est donc une fois de plus un album ambitieux et massif qui ne surprendra pas outre mesure les habitués de la formation mais qui charmera les néophytes en manque de sensation forte. Enveloppés tout entiers par la musique de Darkspace, on embrasse l'immensité infinie de l'univers; et notre tête est au bord de l'implosion.

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Tom




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