Acid Bath - "When The Kite String Pops" (album, 1994)
Tracklist
01. The Blue
3. Cheap Vodka
04. Finger Paintings of the Insane
05. Jezebel
06. Scream of the Butterfly
07. Dr. Seuss Is Dead
08. Dope Fiend
09. Toubabo Koomi
10. God Machine
11. The Mortician's Flame
12. What Color Is Death
13. The Bones of Baby Dolls
14. Cassie Eats Cockroaches
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Trève de Noël. En ce moment y’a rien qui sort. Tel TF1 qui vous fait (re)bouffer de grosses vieilleries cultes pendant la période des fêtes, aujourd’hui on redéterre le premier Acid Bath, « When The Kite String Pops » sorti en 1994. Acid Bath ne profitera pas de cet engouement actuel pour le doom/stoner/sludge contrairement à ses petits camarades d’Eyehategod et de Crowbar car le groupe n’est plus depuis 1997 et la mort du bassiste Audie Pitre. Et c’est bien dommage, car dans la Sainte Trinité de la scène Sludge NOLA, Acid Bath semble être le groupe le plus intéressant, ou du moins, le plus varié, la preuve en est avec « When The Kite String Pops».
L’atout de cet album est qu’il arrive à dépasser le problème que rencontre tous les groupes aux influences diverses qui foutent le tout dans un album. Je m’explique : lorsqu’Orange Goblin pompe de façon éhontée Motörhead, ça passe, lorsqu’ils jouent du punk, aussi, et de même pour les titres plus bluesy. Mais il est malaisé et désagréable pour l’auditeur de passer du coq à l’âne sans transitions. Ce malaise vient dans le cas d’Orange Goblin (sur lequel je crache un peu mais que j’adore) d’absence de fil conducteur. Dans Acid Bath, tout sert à distiller une ambiance qu’on retrouve dans le film Délivrance. Le portrait d’un Sud profond, boueux, mortifère, incestueux.
La pochette illustre parfaitement cette ambiance : un autoportrait du sérial killer John Wayne Garcy, réalisé en taule, des traits épais, de la couleur, un tracé enfantin malsain. Mais réellement malsain, je suis pas en train de te parler d’une poupée dans un film d’horreur tout juste bon à faire flipper les 5ème B du collège Jean Moulin, putain c’était un sérial killer/violeur gay qui se déguisait en clown pour faire marrer les enfants malades ou attardés de sa ville! La voix claire, élégiaque de Dax Riggs est à l’image de cette pochette : torturée en restant mélodieusement enfantine, on pense éventuellement à Alice in Chains, ou à Siouxies. Côté musical, ça bouffe à tous les râteliers, sans vergogne, avec talent. On retrouve bien sur les ingrédients classiques du sludge, la basse étouffante sur les larsens, les plans où on s’embourbe dans les riffs dooms bien groovy, les passages punks, le tout dans le morceau d’ouverture (« The Blue »). Mais dès « Tranquilized », et son riff Thrash à la Exodus, on voit qu’on en restera pas là. Et bim, coucou les samples symphos de « Five Fingers of Insane », coucou les blast beats de « Jezebel » qui n’aurait pas dénotés dans un album de brutal death. A noter l’alternance voix claire/voix guturale. On est en 1994, année de sortie du premier KoRn, et ça s’entend. Certains passages font même penser à ce qu’a fait plus tard System of a Down (« Jezebel »). Et puis il y a les ballades. « Scream of the Butterfly » et « The Bones of the Baby Dolls » parfaites et sombres (avec une préférence pour “The Bones of The Baby Dolls”) qui permettent à l’auditeur de respirer. Car malgré tout, « When The Kites String Pops » reste bien brutal, il suffit d’écouter « Dr Seuss is dead » et ses vocaux pour s’en persuader. Au niveau des lyrics, c’est ce qu’on attend d’un groupe talentueux qui vient du « Deep South » : ça parle de se défoncer la race (assez régulièrement) et de tuer des gens, de mourir, le tout entrecoupé par un bon millier de « fuck » mais parfois les images employées sont poétiques ou les tournures de phrases peuvent être simples et touchantes. Bon, des fois ça parle aussi de tuer son père et de violer sa mère ; mais soyons positif : au moins ils connaissent Œdipe. Acid Bath s’intéresse aussi aux racines profondes et à la mystique de la Louisiane, en témoigne le titre en cajun « Toubabo Koomi ».
Acid Bath, à la manière de The Devil’s Blood, est rentré dans la légende par sa carrière courte composée d’un sans faute discographique. En 2 albums, ils ont défini une identité qui leur est propre, ont su s’approprier beaucoup d’éléments et les réemployer avec brio.Le seul véritable défaut de cet album est ce trop plein de « yeah » (on n’est pas loin de Metallica parfois et c’est un peu gênant). Certains verront aussi sa grande diversité comme une faiblesse, pour moi, c’est a contrario sa force. Véritable OVNI dans le monde assez fermé du Sludge, Sammy Duet, qui officie actuellement dans le groupe de Black/Thrash Goatwhore, qualifia la musique d’Acid Bath de « gothic hardcore ». Et au fond, peut être que c’est simplement cela, l’essence d’Acid Bath. Une alternance entre brutalité et mélancolie, entre colère contrôlée et violence passionnée. Merci pour ce moment.
Acid Bath, à la manière de The Devil’s Blood, est rentré dans la légende par sa carrière courte composée d’un sans faute discographique. En 2 albums, ils ont défini une identité qui leur est propre, ont su s’approprier beaucoup d’éléments et les réemployer avec brio.Le seul véritable défaut de cet album est ce trop plein de « yeah » (on n’est pas loin de Metallica parfois et c’est un peu gênant). Certains verront aussi sa grande diversité comme une faiblesse, pour moi, c’est a contrario sa force. Véritable OVNI dans le monde assez fermé du Sludge, Sammy Duet, qui officie actuellement dans le groupe de Black/Thrash Goatwhore, qualifia la musique d’Acid Bath de « gothic hardcore ». Et au fond, peut être que c’est simplement cela, l’essence d’Acid Bath. Une alternance entre brutalité et mélancolie, entre colère contrôlée et violence passionnée. Merci pour ce moment.
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Di Sab
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