Chronique | Sombres Forêts - "La mort du Soleil", 2013


 Sombres Forêts - "La mort du Soleil" (album, 2013)

Tracklist

1. Des Épaves   05:04
3. Brumes   08:51
4. Au Flambeau   06:39
5. L'Ether   09:09
6. La Disparition   09:23
7. Effondrement   04:41

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Dans les vastes étendues perdues, où l’Homme s’évade pour peut-être se retrouver sous de nouveaux jours, Sombres Forêts se veut le phare du marin ou le marin lui-même. Profondément lointain, les cierges illuminent la vie des hommes dans leurs chambres sombres pendant que le soleil se meurt de l’autre côté du hublot.

Annatar, front-man du One Man Band Sombres Forêts était très attendu pour son dernier album, tout comme Gris. Il s’avère que ces deux groupes ont opéré un tournant musical depuis leur collaboration sur Miserere Luminis en changeant le cap au niveau des compositions. Sombres Forêts s’est retrouvée dans ce dernier split avec ses amis canadiens et a gardé la recette. Porté sur la nature de la nature et la nature de l’homme, Sombres Forêts rassemble ces deux concepts afin d’en faire un seul et unique à travers « La Mort du Soleil ». Poète et philosophe dans ses textes, Annatar ouvre le champ des possibles et s’immisce au plus profond de l’Homme.

« La Mort du Soleil » est un album complet et très hétérogène musicalement. Là où précédemment le Black Metal atmosphérique de Sombres Forêts se retrouvait dans la tristesse du « Royaume de Glace » et de « Quintessence », il se retrouve maintenant dans une lutte contre le désespoir et dans le désespoir lui-même. De nouveaux sons, moins de basse et une voix plus variée, Annatar entreprend un voyage en mer, comme le souligne l’artwork (extraordinaire au passage) mais ne parvient pas à en voir le bout. Dématérialisant le corps, « La Mort du Soleil » est un récit de l’âme, celle qui vagabonde, qui erre et qui se cherche. Traversant la nostalgie, la tristesse et le désespoir, « La Mort du Soleil » est une mort lente dans une atmosphère où la guitare est un rayon de soleil mourant. C’est dans  cette transformation de la guitare en élément qu’Annatar change la conception de l’album. En effet, là ou Sombres Forêts aurait pu s’enfermer dans un Black Metal froid et triste, il réussit à retourner les éléments en sa faveur et à délivrer au monde un Black Metal Chaud, triste et refroidissant. C’est ainsi la quintessence de la musique l’atmosphérique qui se retrouve dans cette œuvre. La sensibilité de la composition se matérialise dans les textes et dans les sons. Il manque, pour ma part, de la basse, mais il ne faut pas s’arrêter à ce détail car la majeure partie de l’œuvre se trouve dans son cheminement, son raisonnement, c’est une œuvre monolithique qui s’écoute d’une traite.

Pour en venir aux textes, ceux-ci ont une utilité non négligeable pour entrer dans le monde de « La Mort du Soleil ». Entre l’alerte d’ « Etrangleurs de Soleils », la tentative de fuite et de survie dans « Brumes », la nostalgie avant la mort dans « L’Ether » et la dématérialisation dans une sorte de Near Death Experience (Spektr, placement de produit) dans « La Disparition », « La Mort du Soleil » se termine sur « L’Effondrement », morceau au piano. Lumière et vie sont intimement liées, c’est ainsi que « La Mort du Soleil » a raisonné dans mon cerveau. La vie s’éteint, la lumière aussi. La lumière s’éteint, la vie aussi. La vie est la lumière.

Tout cet album est ponctué d’instants à la guitare sèche (c’est une recette qui marche), ce qui ne rebutera pas les habitués, les riffs sont encore plus dissonants et la voix chantée derrière comme « des immenses chœurs éthérés » (« Des épaves ») emporte loin. La voix éraillée d’Annatar plaira aux fans car toujours présente et mieux produite. Arpèges, notes de piano, effets, violence, tristesse, mort. Sombres Forêts c’est tout cela et c’est de très bonnes factures.

Et c’est chanté en Français ! Ce qui a le chic de me plaire car l’anglais fait tomber le flow des artistes dans un formalisme du chant. On recherche vraiment d’autres horizons ici. Je vous conseille vivement de vous pencher sur Miserere Luminis si Sombres forêts vous a touchés.

Jetez-vous sur cet album. Please. Sepulchral Prods, c’est de la balle.


« Je m'échappe, tel un spectre
Entre l'horizon et le ciel
La lune et la nuit
Hors-la-loi
Dans les corridors interdits »


(« La Disparition »)

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Hugod

 

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