Chronique | Bad Tripes - "Splendeurs et viscères" (album, 2013)


Bad Tripes - "Splendeurs et viscères", (album, 2013)

Tracklist

01. Chair de canon   04:30
02. La mauvaise éducation   04:17
03. Dans le désert   04:14
04. Hana to hebi   03:04
05. Les noces de sang   05:23
06. Vivalavida   03:43
07. Tokyo Decadence   04:24
08. Le radeau ivre   05:16
09. Foutre tombe   05:30
10. Sire Queutard   03:43
11. La laideur du geste   03:02
12. Ami public numéro 1   03:40
13. Monsieur L'Artiste   04:36

Extrait à écouter



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        Splendeurs et viscères est le titre du dernier album des français de Bad Tripes, ceux-là même qui avaient fait parler d'eux lors de la sortie de leur « phase terminale » du fait de son indubitable singularité. Bad Tripes fût fondé en 2007 dans la ville de Marseille, ils sortent leur premier opus en 2010. La formation actuelle est emprunte de quelques remaniements post-chronique, notamment avec l'arrivée de CNX, leader de temple of nemesys, à la basse. Le groupe comprend donc la voluptueuse hikiko Mori au chant, seth alias maître hibou à la lead guitar, Styx à la batterie, Taenia à la basse, hael Tankred aux claviers et à l'accordéon et Schwanz à la guitare rythmique. Oscillant entre un genre de metal hybride et un punk complètement déluré, cette galette avait donc formé des membranes tympaniques à un style bien ancré. Bien des promesses pour ce groupe donc. et nous voilà donc face ce qui fait l'objet de cette chronique : Splendeurs et viscères.

        Nouvel arrivage frais de barbaque certifiée française, Les marseillais nous offrent ici du #goresexetrash en veux-tu en voilà, ne serait qu'au premier abord par la pochette évoquant une sorte de cannibalisme probant tout en arborant la couronne du christ ce qui ne va pas sans créer une forme d'oxymore. Un dieu qui mangerait sa création ? La galette est donc assortie de 13 titres et on assiste ici à un festival de textes crûs et d'une composition clairement plus carrée et harmonieuse que chez le prédécesseur. Première note de l'album et l'on rentre de prime abord dans un arrangement rythmique ultra propre, au travers notamment d'une guitare qui évoque fortement les teutons de Rammstein qu'on ne présente plus. Et cette omniprésence de sonorités industrielles durera tout le long de l'album ajoutant, d'un point de vue totalement subjectif, un impact encore plus considérable aux mots puissants clamés par la voix tantôt suave, tantôt nerveuse, tantôt carrément criée, de Hikiko. Les textes quant à eux arborent une certaine ingéniosité en polymérisant vulgarité et poésie, pour transmettre une forme de critique sociétale notamment, comme dans char de canon où la primauté du beau est décriée ou dans l'artiste qui traite de l'imposture pseudo-artistique qui est monnaie courante à notre époque. Ainsi chaque musique nous offre un déluge de réel quand l'heure est plutôt à l'abstraction « poétique ». Bien que l'on puisse remarquer une évolution certaine dans leur manière de composer ( cela dit le contraire serait étonnant), Bad Tripes reste fidèle aux sonorités de ses premières heures en faisant usage de mélodies et instrumentations quelquefois étonnantes au sein de l'ambiance générale du morceau, notamment dans la musique intitulée « dans le désert » ou a plus forte raison dans « les noces de sang » dont vous pouvez voir le clip représentatif sur internet à l'adresse indiquée en fin de chronique.Ainsi donc en ce qui concerne cette piste, force est d'admettre qu'elle est sûrement la plus exhaustive par rapport à l'ambiance générale de l'album, et par là même de l'orientation musicale du groupe.

        Alors même que l'écoute se poursuit l'on perçoit et appréhende de mieux en mieux le style à première vue singulier de splendeurs et viscères. On peut relever un véritable jeu de coordination magnifiquement orchestré entre Schwanz à la rythmique et Styx à la batterie, sur lequel vient se poser la basse martiale de Taenia et les nappes de claviers quelques fois exubérants de hael. L'ambiance est très travaillée et l'on pourrait être tenté de dire qu'elle repose beaucoup sur l'instrumentation du claviériste et sur les nombreux effets apportés à la musique, mais après plusieurs écoutes de la galette il semble que n'importe quel instrument ne pourrait être simplifié sans ruiner la musique ce qui est relativement difficile dans la composition d'un morceau et nous avons ainsi devant nous la preuve patente d'un travail qui semble avoir été colossal tant le rendu est unitaire malgré la diversification instrumentale. Du Début à la fin rien ne s'essouffle et c'est un véritable plaisir ( quoique quelque peu malsain ?) tout du long. Mention spéciale pour le chant de Mori qui parvient vraiment à capter l'attention en jouant sur l'intensité, et qui, bien entendu, est une véritable force du groupe. Le seul bémol étant qu'il est parfois difficile de discerner certains textes, mais c'est malheureusement un aléa du chant en français dans le milieu du metal. Et comme dit précédemment, on termine en feu d'artifesse par « monsieur l'artiste », au rythme cinglant et à la mélodie prenante. ( Et où la voix prend toute son ampleur tant elle montre une palette variée et maîtrisée)

        En conclusion, si peu de mots ne sauraient représenter cette pépite qu'est splendeurs et viscères sans en démystifier le fond. Un album à écouter sans concession, plus accessible que leur premier opus et étonnement plus riche. Un indispensable du metal français et sans nul doute un album qui plaira à ceux qui aiment divers styles tels que le punk «  classique », mais aussi l'expérimental ou des groupes comme pryapisme, la froideur de l'indus germanique ou l'intelligence textuelle métalisée.
En bref, on ne peut qu'espérer qu'ils se surpassent encore et soutenir la scène metal française, ça commence par jeter une oreille sur de tels groupes qui méritent FRANCHEMENT le détour.

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Jean-Ulrich




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