Chronique | Je - "Je", 2014


Je - "Je" (album, 2014)

Tracklist

1. Intro
2. Dys
3. La Ligne
4. Ether
5. Un Lac de Souffrance
6. Ascension
8. Non Existence

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En matière de Post-Black Metal, les français détiennent clairement la médaille. De mon propre avis, le créateur du post-black est français. Je parle évidemment de l’excellentissime formation AMESOEURS. Malgré un éphémère parcours dans le milieu, AMESOEURS aura marqué énormément de groupes qui appartiennent maintenant à cette mouvance si spéciale. Toujours parmi les français, on trouve JE, avec à son actif un EP nommé Un Royaume De Nuit, sorti en 2010. Cet EP, bien que montrant le style des français, nous laissait un peu sur notre faim. A moitié entre DSBM et  post-rock (Quand je dis post-rock, je pense surtout à « Chûte de l'être »), le groupe ne savait  pas encore trop vers où s’orienter. A la sortie de leur nouvel album nommé simplement Je, la principale question résidait dans l’orientation que la formation allait choisir.

Avant quoi que ce soit, examinons de plus près la pochette. La première chose qui me saute aux yeux, c’est cette ressemblance avec une esthétique que je connais très bien. LIFELOVER, ça vous parle ? Il est vrai que les français ne se cachent pas de leur dévotion à cette formation suédoise quasi-légendaire, il leur arrive d’ailleurs fréquemment de jouer des morceaux d’eux sur scène, constituant une sorte d’hommage ultime, dirons nous. Cette pochette très « urbaine » nous fait donc repenser à des disques comme Erotik, ou même Dekadens au niveau des couleurs. Pour ce qui est du logo, il n’a pas changé depuis l’EP, toujours aussi orienté Black Metal au niveau de la typographie, ça nous change des logos épurés à la AMESOEURS/LANTLÔS. Bref, une pochette qui colle bien avec le contexte. Mais également avec la musique.

Par rapport au travail fourni sur Un Royaume De Nuit, j’ai vraiment ressenti une recherche dans la composition, que ce soit au niveau des structures où des idées. Là où l’EP se voulait vraiment axé DSBM, voir parfois plus ambiant, Je va plutôt préférer te rentrer dedans à bon gros coups de rangers. J’exagère un peu, mais l’album me fait beaucoup  penser à du Black’N’Roll  : « Dystimia »  en est un bon exemple  : une batterie cadencée,  des riffs rentre dedans, une basse plutôt groovy (« La Ligne »), on a l’air plutôt loin du titre éponyme de l’EP qui se voulait bien plus crade. Il est vrai que malgré le côté très « Forgotten Tomb-iens » de l’album (par moments, je tiens à le souligner), le groupe a l’air de beaucoup tenir à ses influences. Sur plusieurs titres, on sera clairement dans du DSBM : prenez « Ether » avec ses riffs et son solo génial, « Un Lac De Souffrance » avec son atmosphère oppressante, ou même « Cendres De Rêve », qui est d’ailleurs devenu un clip. Sur ces titres on retrouvera d’ailleurs une ambiance du genre : des riffs assez mélancolique (il y a juste à voir l’intro de « Cendres De Rêve »), une voix plutôt typée elle aussi, et pour les paroles, suicide, souffrance et les sujets s’en rapprochant. Un point qui m’a directement « sauté aux oreilles » est  la production : d’une très bonne qualité sur cet album, on distingue sans soucis tous les instruments,  toutes les lignes de basse (c’est assez rare pour un groupe qui, par moment, se rapproche du Black Metal), on n’a pas non plus le droit à une bouillie sonore au niveau de la guitare, la batterie est précise et claire, tout va pour le mieux à ce niveau. 

Même si on a vu que JE a soigné son taf, y’a quelques bémols que je me dois de signaler, bien que dans l’ensemble ce soit assez bénin. Le principal, et c’est ce que je reprochai à l’EP, c’est que j’ai l’impression que le groupe n’arrive pas encore à se trouver lui-même. A moitié entre DSBM et post-black un peu plus bourrin, l’album est un mélange des deux, et quand ça change entre deux titres, bien que ce ne soit pas horrible, ça se fait clairement ressentir. Le deuxième point négatif est cependant purement subjectif. Il faut bien avouer que j’ai par moment du mal avec la voix, sur « Ascension » par exemple. Néanmoins, il faut accorder à E.z.k (Chanteur, créateur du groupe et également guitariste) que sa voix est d’une puissance par moment incroyable. Je pense par exemple sur « Cendres De Rêves », où il pousse des cris suraigus qui me rappel par moment un certain Nattramn, sans le côté malsain de la chose. 

Au final, Je est un album qui s’apprécie vraiment. Il m’aura néanmoins fallu plusieurs fois pour rentrer dans la musique du groupe. Bien produit, bien réfléchi, mis à part quelques points un peu négatifs, JE se cherche encore, même si le côté DSBM ressort énormément, surtout vocalement, avec une ambiance qui répond parfaitement à ce que j’attendais de ce skeud. Bref, en conclusion, c’est un album qui  se veut passionné, c’est pas quelque chose qu’on écoute comme ça entre le Collectif Métissé et du Danakil. C’est un CD qui a des couilles, et qui est là pour vous prouver qu’il a quelque chose à donner.  

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Auteur : Rémi




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