Chronique | Monarch! - "Sabracadaver", 2014

             
Monarch! - "Sabracadaver", 2014

Tracklist

1. Pentagrammes (17 min 16)
3. Mortes (18 min 33)
  
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La grande question est de savoir, pourquoi Monarch ?

Entité mouvante ayant commencé sa carrière en 2005 avec la fameuse galette éponyme du groupe, les Aquitains nous avaient lancés directement dans le grand bain sans nous laisser d’air avec un full-lenght aux allures de sludge-doom pourrissant qui ne pouvait plaire qu’aux initiés. Mais « plaire » est un bien grand mot, car il faut avoir le mental et les viscères bien attachés. Les albums de Monarch sont toujours un peu difficiles à digérer.

Quatre LP sortis et un CD plus loin, nous arrivons à notre sujet, « Sabbracadaver ». Aujourd’hui, Monarch a pris de l’assurance et de l’embonpoint sur la scène sludge-doom « dronifiant » en France, leur « musique » a évolué, elle est devenue plus mûre et le groupe s’est très largement trouvé, il s’est forgé un style qui ne ressemble à aucun autre. Plus ritualiste, aux airs de messe noire sacrificielle, Sabbracadaver représente une noirceur et un désespoir sans nom, à l’image de son artwork. La chanteuse, Emilie Bresson a.k.a « Eurogirl » nous met à genoux. Celle-ci doit surement utiliser quelques pédales pour déchirer le ciel et les enfers de sa voix. Car oui, Monarch est une machine à fabriquer de la noirceur. De la folie ambiante. On adore ça !

Venons-en à la musique de Monarch. Ce n’est pas Aghast (Dark Ambient norvégien), ce n’est pas Murkrat (Doom funéraire australien), ce n’est pas Ataraxie (Doom Death français), ce n’est pas Mhönos (doom/drone ritualiste français), c’est tout cela en même temps.

Trois compositions : la première, « Pentagrammes », une mise en bouche violente de l’atmosphère malsaine et sans fioritures de ce full-lenght, des cris déchirants, des murmures, du chant clair, un tempo ralenti qui ferait passer Black Sabbath pour du speed-metal. Ce n’est bien sûr pas Diagnose Lebensgefahr, mais Drone et Doom se chevauchent sans jamais laisser l’un prendre l’ascendant sur l’autre car quand la musique se fait plus Doom, il reste une atmosphère drone et ritualistique. Il faut savoir que le style musical de Monarch ne laisse pas place au format 5 minutes, car l’expression de cet art se dévoile dans une sorte de bourrage de crâne grinçant qui ferait pleurer les enfants à la première écoute. En trois titres, Sabbracadaver atteint les 45 minutes. Ce qui n’est pas pour nous déplaire.

La deuxième composition, « Louves », met face à un constat alarmant, le groupe ne nous laissera pas nous reposer moralement. En effet, le tempo encore plus lent que dans « Pentagrammes » présage une fin de Sabbracadaver apocalyptique. Les chants s’entremêlent entre chant ultra saturé comme dans l’album « Neurasthénie » de Niflheim, chant clair, chuchotement ou tout simplement des hurlements qui font du bien aux adeptes de doom crade et de musique expérimentale.

La fin avait été prédite dans « Louves », « Mortes » est un morceau beaucoup plus Drone, c’est à mon sens le plus réussi de ce Sabbracadaver, il est la fréquence sombre. Il est le cadavre. Il est la clôture d’un album de très bonne facture. Teinté d’une basse ambiante et de chuchotements prenants, il représente l’ombre des ombres. La Mort, les « Mortes ». Larcens de basse, larcens de guitare, batterie ralentie et hurlements, Monarch lâche tous ses atouts dans ce dernier album qui est, à ma grande surprise, plus mélodique.

A la question : « Pourquoi Monarch ? » je répondrais, « pourquoi pas, ça poutre. Et après tout, chacun mes goûts. » Peut-être mon album de chevet de 2014. Une pure folie et un pur plaisir.


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Auteur : Hugod



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