Chronique | Mare Cognitum - "Phobos Monolith", 2014


Mare Cognitum - "Phobos Monolith" (album, 2014)

Tracklist

1. Weaving The Thread Of Transcendence   13:04
2. Entropic Hallucinations   08:12
3. Noumenon   13:07
4. Ephemeral Eternities   15:16

Extrait en écoute



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Certains groupes explorent l'aspect le plus "cosmique" du Black Metal à travers le prisme du nihilisme et des ambiances oppressantes. C'est le cas de formations telles que Darkspace , auteurs cette année d'un quatrième album extrêmement complexe et captivant. Mais il y en a d'autres qui les envisagent d'une manière plus calme et mélodique, bien que n'étant pas dénuée d'intensité. Au premier rang de ces astronautes du Black Metal atmosphérique, c'est Jacob Buczarski, alias Mare Cognitum, que j'ai le plus envie de citer.

Cela ne veut certainement pas dire qu'il appartient à la sphère la plus originale du genre auquel nous nous intéressons ici, le Black Metal atmosphérique: une grande partie de sa façon de concevoir ses compositions a des points communs avec la manière mélodique d'envisager le genre, celle-ci étant devenue virale à la fin des années 1990… je ne vous  apprends rien. Mais comme ses compagnons de label Ayloss et Spectral Lore, il donne à voir les couleurs des champs de corps célestes qui brûlent dans leur inertie, les nébuleuses déchaînant le spectre de la beauté à travers le monde. La pochette de son troisième album, "Phobos Monolith"(2014), que nous allons nous empresser de découvrir, correspond très bien au spectacle cosmique auquel nous allons assister, avec un logo se perdant dans une galaxie lointaine, aux allures d'aurore boréale…

Nous voilà face à quatre plats de résistance bien costauds à avaler d'une seule traite, saturés de BM raffiné, et qui dépassent le plus souvent la barre des treize minutes. Peu de "nouveautés", au vu de la manière dont monsieur Buczarski fait progresser ces compositions, inondées de trémolos, de riffs sombres posés ensemble pour créer un intense sentiment de perdition, souvent empli d'une beauté désespérée. Du Black atmosphérique classique et mélodique, en somme. Mais ce qui m'a séduit, c'est la création d'un voyage artificiel à travers l'espace, rencontrant des périodes de turbulence et de danger; en particulier sur 'Entropic Hallucinations', un morceau plus court (huit minutes). Les râles et grognements de Buczarski nous rappellent l'hostilité imminente de la vacuité cosmique, la coquille fragile de notre petit monde, comparée à l'immensité de l'univers. Il y a aussi des passages plus solennels aux effets introspectifs, où la frénésie des rythmes s'estompe pour laisser place à des atmosphères plus calmes, dont la magnificence est à son apogée lorsqu'on prête oreille aux harmonies guitaristiques qui se fondent dans un décors plus lent. C'est le cas de la grandiose ouverture, 'Weaving The Thread Of Transcendance', ou encore de 'Noumenon', qui fait un peu office de ballade comparée aux autres morceaux, plus recherchés et plus variés. Cette piste a au moins l'avantage de préparer l'oreille au bouquet final, 'Ephemeral Eternities', d'une ambiance interstellaire luxuriante où un astronaute sans vie s'abandonne à contempler l'infini.

Cette atmosphère cosmique, en dehors de l'espace et de la temporalité, nous projette dans un paradis artificiel dont il est difficile de saisir la richesse dès la première écoute. Le one-man-band réitère, sans réel grand changement, le très bon résultat qu'avait donné "An Extraconscious Lucidity", son album précédent: cet album est un entonnoir de couleurs, un tunnel surréaliste, symbole de la beauté éternelle de l'espace. Psyché'.


Tom


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