Chronique | The Great Old Ones - "Tekeli-li", 2014


The Great Old Ones - "Tekeli-li" (album, 2014)

Tracklist

1. Je Ne Suis Pas Fou   01:18
2. Antarctica   09:39
3. The Elder Things   09:13
4. Awakening   07:49
5. The Ascend   07:27
6. Behind The Mountains   17:49

Extrait à écouter




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 Fascination, hallucination, montagnes hallucinées et mur du son. « Je ne suis pas fou », c’est bien ce que je me suis dit à l’écoute de ce monolithe.

Vous, qui croyez que la musique ne se ressent que par le biais de l’audition, vous vous trompez. Chaque jour, des formations musicales repoussent les limites de la composition jusqu’à nous faire voir un univers auquel l’auditeur s’attache et se retrouve. Aujourd’hui, The Great Old Ones, groupe bordelais propose une alternative au Black Metal. On ne voit plus de Satan, plus de pentagrammes, plus de pantalons en cuirs moulant. Aujourd’hui, le sang d’H.P Lovecraft coule dans les veines du bois des guitares et l’avant-garde de l’avant-garde ouvre les portes d’un autre monde.

« Tekeli-li ! Tekeli-li ! », cri un peu bizarre du Shoggoth, monstre légendaire sorti tout droit de l’esprit de H.P Lovecraft. Le nom de cet album n’est donc pas utilisé par hasard. La retranscription musicale de cet univers requiert une capacité d’adaptation pour chaque instrument afin de recréer un monde froid et légendaire. Il s’agit donc là de Post-Black Metal, ou d’Alter-Black Metal pour les politisés. Finalement, une étiquette n’a pas de grande importance face à la puissance de The Great Old Ones. Trois guitares, deux chanteurs (guitaristes également), un batteur, un bassiste pour une formation extra-terrestre. Alors qu’en est-il de ce full lenght vu d’un regard objectif subjectif ?

L’histoire commence avec des cordes frottées et se termine avec des cordes calcinées. Violence, atmosphère, ambiance, tout est au rendez-vous. Après avoir produit un premier « Al-Azif », les Bordelais devaient faire encore mieux et relever un challenge. Mais ces gars sont plein de ressources apparemment et ne mettent pas de genoux à terre quand il s’agit de composer. « Antartica » nous emmène « loin, très loin, trop loin » avec une puissance comparable à la tristesse de l’album « Il Était Une Forêt » de Gris (Black dépressif québecois), soit une puissance incroyable. Le mur de guitares gèle et écrase toute tentative de fuite, nous sommes obligés de rentrer dedans. La production en béton armé offre de nouvelles perspectives de sons, des sons plus profonds, plus tourbillonnants et des émotions à la pelle. Entre Désespoir, Espoir, Haine et Interrogation pour la suite de l’Histoire (les majuscules témoignent d’un idéalisme hégélien), The Great Old Ones performe sur tous les fronts. Promenade dans les montagnes hallucinées avec une double pédale magistrale, des rythmes et de la dissonance sur « Antartica », quelques notes de piano après la tempête puis… « The Elder Things » calme le jeu mais procure en échange un sentiment lunaire, spacial ou même spacialisant du monde dans lequel on atterit, mais se déchaine avec mélodie par la suite. 


« Sans le vouloir, nous avons précipité notre chute. Vers la folie. Et la Mort. »


 Sur ces paroles commence le chapitre qui pour moi pourrait se nommer, « La violente tristesse ». « The Awakening » creuse la profondeur du son avec ses deux chanteurs qui, à mon grand bonheur ne sont pas mis en avant dans la production, je ne veux pas dire que la production est plate, au contraire ! Tout se dissocie en formant un tout. L’album est très long, mais ne connait aucune longueur, même dans le dernier morceau qui dure le temps d’un album de Porno-Gore Grind, soit un peu plus de 17 minutes, « Behind The Mountains ». Introduction en arpèges, pas de ballade (ce n’est pas Hardcore Superstar non plus du calme), l’alliance des deux chanteurs, la basse présente, les guitares magiques dans un plan lointain sur un fond rythmique complexe donne une sensation de violence contrôlée dans une ambiance vivifiante et froide.

Le mot de la fin : je ne suis pas fou, mais ce full-lenght est une œuvre magistrale du metal et de la musique contemporaine. Entrez lentement et ressortez changés de l’expérience The Great Old Ones  avec « Tekeli-li ».

C’est à priori de la musique sur un support CD, mais à postériori il vaut mieux prendre une masse, des bottes et un gros K-Way pour se confronter aux Shoggoths.

Nous avançons encore et encore au sein de cette innommable cité cyclopéenne, les choses très anciennes avaient succombé au froid du désert blanc (…)

« Behind The Mountains »

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Hugod

 
 


 

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