Chronique | Epitimia - "(Un)reality", 2014


Epitimia - "(Un)reality" (album, 2014)

Tracklist:

« Delusion » :

01. Birth
02. Delusion I - Escapism
03. Delusion II - Ataraxia
04. Delusion III - Frustration
05. Delusion IV- Contemplation
06. Delusion V - Post scriptum
07. Delusion VI - Mors putativa
08. Delusion VII - Elysium
09. Metanoia

« Illusion » :

10. A Flash Before Death
11. Illusion I - Muse
12. Illusion II - Oath
13. Illusion III - Foretime
14. Illusion IV - Reflection
15. Illusion V - Far away
16. Illusion VI - Fracture
17. Illusion VII - Catharsis
18. Rebirth

Extrait à écouter


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            Epitimia continue son chemin de pénitence. Le groupe russe est de retour en cette année 2014 avec son nouvel album, « (Un)reality » sorti chez Hypnotic Dirge Records. Deux ans après l’excellent « Faces of Insanity », que nous réserve cet opus, enfin ce double opus, puisqu'il s’agit en fait d’un double CD partagé entre illusion et désillusion? Désillusion d’un groupe qui a vu trop grand en sortant un double album ou alors illusion d’un avenir nouveau pour le Black Metal?


            L’artwork pour commencer. Partagé en deux par une bande blanche où est inscrit le nom du groupe et le titre de l’album. Celle-ci marque la délimitation entre les deux parties du monde développées par Epitimia sur cet album. La partie haute plus claire avec la tête du personnage qui explose dans un blanc, vers l’illusion. La seconde plus sombre, qui tombe dans les méandres de la désillusion. Ou alors inversement la désillusion est libératrice et l’illusion non. Le tout dans un cercle, car les deux notions sont une et indivisible.

            Le premier CD, « Delusion » commence sur un solo de saxophone, de quoi perturber ceux qui s’attendaient à un album dans la veine de leur précédent album. Le groupe veut innover et ça se sent. On retrouve toujours les parties Black atmosphérique, mais le groupe a incorporé des sonorités plus Post-Black Metal. Les ambiances sont plus éthérées comme sur ‘Delusion VII – Elysium’, à la limite du psychédélique.   Au fur et à mesure de l’avancée de cette première partie la descente aux enfers se fait. Plus subtile et plus insidieuse. ‘Metanoia’ en est le parfait exemple avec ses parties dans le style Drone, languissantes et malsaines. La voix fait partie du décor musical, monocorde. Son rôle ? Plonger l’auditeur dans les méandres de sa vile condition. De façon passagère un chant féminin est présent sur ‘Delusion II – Ataraxia’, une note de lumière qui ne fait que renforcer le côté sombre. 
Cette première partie est une réelle chute. Un corps qui ploie sous la désillusion du monde. Il se heurte à la noire réalité de la nature humaine. C’est dans ce contexte émotionnel que l’on met la seconde partie, « Illusion ».
            L’illusion après la mort débute sur une guitare douce et mélodieuse, typée Shoegaze/Post-Black. Les riffs se font plus lourds pendant un instant avec le chant guttural, puis retour aux premières mélodies avec une voix narrée. Dualité entre les souffrances de la mort et la paix de celle-ci. S’ensuit un mélange entre le guttural et les ambiances Post-Black. Là où la première partie ne mettait que quelques éléments éparses, celle-ci s’engage totalement dans les nouvelles sonorités voulues par le groupe. Le Black atmosphérique d’Epitimia se mélange avec aisance avec un Post-Black assez classique mais efficace. « Illusion » n’est pas un autre album, c’est une continuité  de « Delusion ». On retrouve ainsi des éléments communs comme le chant féminin, mais cette fois moins lyrique et plus mélancolique. Cette partie représente la mort à n’en pas douter, l’atmosphère éthérée symbolise musicalement l’élévation de l’âme.
            On retrouvera même quelque éléments électros comme sur ‘Illusion II – Oath’ qui permettent de créer une certaine surprise pour l’auditeur qui s’est lancé dans les deux heures d’écoutes de « (Un)reality ». D’autres ponctuent cette seconde partie, les dévoiler serait gâcher  votre future écoute.

            Epitimia sort un album complet et réussit son pari de créer un double album qui n’est pas redondant, ni lassant. Même si on notera le manque de réelle originalité dans les parties Post-Black, l’innovation que recherche le groupe est là. On pardonne aisément cela puisque c’est la première fois qu’ils se lancent dans ce style musical et au vu de la qualité ce serait cracher dans la soupe.  
            Les deux parties se complètent parfaitement avec des éléments récurrents et d’autres novateurs, ce qui permet une évolution sans avoir l’impression d’avoir deux albums. « Delusion » amorce l’évolution musicale du groupe et fait la transition entre « Faces of Insanity » (2012) et « Illusion » où les partis pris sont plus important. Le groupe expérimente et cherche à travailler les même émotions qu’à leurs débuts mais avec une arpention nouvelle.

            Au final, « (Un)reality » est un pavé dans ton esprit, tant au niveau de la recherche, que de la composition et de l’audace. Si tu pensais avoir tout entendu, Epitimia te prouvera que non, tu n’as pas tout entendu.  

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Auteur : Morgan




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