Northern Oak - "Of Roots and Flesh", 2014
Tracklist
01. The Dark of Midsummer - 08:48
02. Marston Moor - 04:22
03. Gaia - 05:11
04. Nerthus - 05:12
05. Isle of Mists - 03:54
06. Taken - 07:00
07. Requiescant In Pace - 00:25
08. The Gallows Tree - 04:35
09. Bloom - 05:03
10. Of Roots and Flesh - 04:56
11. Only Our Names Will Remain - 06:49
12. Outro - 01:35
Extrait à écouter
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Au début de ce mois, parmi les feuilles rousses des arbres d'automne se sont glissés les reflets d'un chêne arborant fièrement le fruit de l'admirable fécondité dont il a fait preuve ces derniers temps : les Anglais de Northern Oak élargissent leur discographie déjà bien embellie par l'envoûtant Monuments, paru en 2010. Moins mélancolique et probablement plus assuré que son prédécesseur, Of Roots and Flesh témoigne d'une réelle maturation de ce groupe talentueux et méticuleux dans la construction de son metal folk progressif, dans lequel leur identité sonore est désormais bien ancrée.
Celle-ci s'est en effet véritablement enrichie sur de nombreux points. L'un de ceux qui attirera le plus notre attention est sans aucun doute le traitement du chant, clairement instrumental. L'incorporation des vocaux se fait toujours dans une perspective atmosphérique, globale : dans ses souples variations de texture allant du chant black au clair en passant par le growl, jamais la voix ne monopolise le son. Découle de ce bon dosage une valorisation et une aération du travail de musiciens sachant mettre en place des compositions riches tout en conservant un son d'une grande clarté, où aucune sensation de trop-plein ne se fait ressentir.
On doit principalement cette propreté à des individualités instrumentales réfléchies et modestes dans le sens où aucune d'entre elles ne cherche à s'élancer dans d'infinies démonstrations techniques, là où le vif élan des morceaux aurait pu être une grande tentation. Les soli de guitares restent ainsi plutôt courts et savent s'en tenir à des mélodies souvent prenantes, leur conférant toute l'efficacité dont ils ont besoin. La même remarque pourrait s'appliquer à la flûte, véritable fil rouge de la construction d'Of Roots and Flesh, et actrice principale de l'habillage folk de cette musique ; son souffle guettant toujours l'auditeur, elle semble figurer l'âme de ce chêne nordique ("Northern Oak"), la voix d'un esprit de la forêt, veillant lui-même paisiblement sur l'artwork de l'album. S'y incarnent des mélodies entêtées, tantôt cadrées dans un accompagnement à motifs parfois virtuoses, tantôt élancées avec agilité dans de brèves envolées. On remarquera l'aisance de l'instrument à s'installer dans des lignes mélodiques, quoique parfois très concises et vives, qui viendront hanter nos mémoires en prenant des accents mystiques plutôt que de teinter les thèmes d'un enjouement facile. Le morceau d'ouverture, The Dark Of Midsummer, est éclairant dans cette optique : l'autoritaire stabilité (à laquelle il serait même possible de reprocher une trop grande rigidité) de l'accompagnement du thème de la flûte dès sa première apparition permet d'imposer une ambiance menaçante, où l'absence d'exploitation harmonique de la mélodie prive tout de même cette dernière de bien des couleurs. L'effet atmosphérique, qui reste saisissant, fera cependant oublier ce regret.
Le soin de l'atmosphère, voilà bien le principal souci de Northern Oak ; il justifie par exemple l'incorporation de choeurs, d'un violon, ou encore la présence de morceaux comme Taken. En effet, l'ambiance polyvalente de cet opus s'accommode aisément de ce type de titre, plus lent et surtout très étiré par sa guitare fluide et résonnante, soulignant davantage les influences black du groupe. On rencontre également des ballades plus affirmées, à l'image d'Isle Of Mists, accueillante mais n'offrant que peu de surprises en dehors de quelques subtilités harmoniques assurant le caractère inquiétant du titre. Néanmoins, le folk fondamentalement sérieux d'Of Roots and Flesh sait aussi prendre des élans plus furieusement animés, comme sur The Gallows Tree et son insistant thème arpégé à la flûte. Mais là où le groupe se fait le plus charmeur, c'est sans aucun doute dans les titres de clôture de l'album, au lyrisme incroyablement engageant mais conservant sa compacité. Northern Oak nous quitte ainsi en beauté avec le morceau-titre rempli d'espoir, Of Roots and Flesh, et enfin le souffle épique final d'Only Our Names Will Remain.
"And yet the poet said time will not stop until we join a bitter union of roots and flesh" ("Et pourtant le poète a dit que le temps ne s'arrêterait pas tant que nous n'aurions pas assemblé une amère union de racines et de chair"), entend-on une voix déclamer lors de l'outro. Les racines de ce chêne nordique, du folk, du metal mélodique, de la richesse compositionnelle, peu importe, elles se sont toutes recouvertes de la chair si particulière et savoureuse propre à ce fascinant groupe, qui a bien suspendu le temps presque une heure durant, juste assez pour nous égarer dans les méandres des forêts nordiques, dont les secrets semblent sans fin.
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Auteur : Marion
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