En cette fin de week-end du 23 mars, le Klub laisse l’embarras du
choix aux metalleux franciliens. Concoctée par See You In The Pit et Black
Cloud Picture, la première salle hébergera une soirée plutôt typée Thrash avec
Dead Cowboy’s Sluts en tête d’affiche. Pour ma part, j’ai choisi de faire
honneur au live organisé par Extrême Factory ayant lieu au sous-sol. C’est ici
que les Deathsters belges de Pestifer se représenteront pour une date unique à
Paris, accompagnés pour l'occasion de Savage Annihilation, Abyssal Ascendant et Aksaya.
Aksaya introduit la soirée avec un Black/Death assez
mélodique dans une salle au public parsemé. La formation n’ayant sorti qu’un EP en 2013, "Troisième
Guerre", la prestation sera de courte durée mais suffisamment longue pour
saisir leur univers un peu "guerrier". Le trio opère dans un style froid,
plutôt accrocheur, se voulant même martial par moments. Malheureusement,
l’ensemble ne décolle jamais vraiment. Chris
(guitare/chant) et Allan (basse) restent trop statiques et timides pour
être convaincants. Je n’ai pas saisi le côté Death de leurs compositions que
j’ai trouvées plus proches du Black Metal, particulièrement au niveau de la
voix. Les riffs mid-tempi et les passages ambiancés sont maîtrisés mais sans grande
prise de risque. La prestation manque cruellement de mordant et de brutalité
pour une affiche comme celle-ci et ce type de public... Sans doute auraient-ils
eu plus de succès en première partie de Lutece ou de Moonreich ?
Néanmoins, nos metalleux savent rester polis et ont su saluer la prestation honorable des
Loirétains comme il se doit.
Autre
ambiance avec Abyssal Ascendant, jeune trio formé en 2012, flirtant avec le
Death Metal old-school. Nos compatriotes francs-comtois ont sorti leur premier EP "Unleashing The Outer Plagues" en octobre dernier, rendant hommage au Death des années 90. Dès les
premières notes, le groupe impose un son lourd et terriblement incisif
rappelant Nile. Habituellement assez peu représentées dans la
scène extrême, les femmes sont pourtant à l’honneur ce soir. Précédemment
Aksaya était accompagné d’une demoiselle derrière les fûts, ici c’est Fanny (basse/chant) qui déverse sa férocité avec un growl profond, n’ayant
rien à envier aux plus dotés d’entre vous. Flo (chant/guitare) alterne avec la
belle avec une voix plus caverneuse typée John Tardy d’Obituary. De manière
générale, le groupe œuvre dans un style rapide et destructeur mais varie les
plaisirs en proposant des passages plus lents accompagnés de samples. Une
formation prometteuse plus en adéquation avec l’affiche ayant réussi à déclencher les
premiers pogos de la soirée.
C’est au tour de Savage Annihilation de fouler les planches
du Klub avec un Death Metal bien plus musclé. Vingt minutes d’installation rien
que pour la batterie beaucoup plus fournie que les groupes précédents, ça vous
donne un indice pour vous préparer au show qui va suivre. Ce soir, le premier
album de la formation "Cannibalisme, Hérésies et Autres Sauvageries" sorti en 2012 sera à
l’honneur. Le concert débute avec un flash info nous annonçant que "des
hordes de cannibales ont envahi notre ville !" (et le pauvre journaliste de
se faire dévorer en direct, cela va de soit). Dès lors, pas besoin de chercher
très loin pour comprendre que ce qui va suivre sera sale, brutal et
terriblement accrocheur. Le trio dévoile un énorme potentiel avec les riffs
fulgurants de Dave (chant/guitare), et une présence scénique idéale. Le public
se montre sensible à ses charmes en pogotant joyeusement dès le troisième morceau.
Savage Annihilation fait l’effet d’un véritable rouleau compresseur et aura sans
doute ravi les fans de Death Brutal féroce et bien agencé. Seul petit reproche
au niveau du son : j’ai trouvé la guitare complètement happée par la
batterie et la basse. A part cela, je vous conseille vivement d’aller tâter de
leurs compositions si vous aimez les breaks percutants et les groupes tels que
Krisiun, Angel Corpse ou même Incantation.
Place à nos
voisins belges de Pestifer pour clôturer cette soirée en beauté. La salle, bien que
s’étant quelque peu remplie, est loin d’afficher complet. Pourtant, la
formation fait en ce moment même l’actualité des webzines metal avec la sortie
de son deuxième album "Reaching The Void" le 15 avril prochain. Ils
ont également partagé l’affiche de Nile avec Ex Deo et Svart Crown lors de la
tournée en septembre dernier.
Il est alors décevant de constater un public
assez dispersé pour un groupe proposant pour une fois un Death technique
original et efficace. Les Liégeois prennent place rapidement sur le devant de
la scène et embrayent sans ménagement avec un set ultra carré. L’auditoire
accueille chaleureusement les morceaux du nouvel album à coups de pogos et de
headbangs furieux. Antoine et Emerson aux guitares assènent des riffs cinglants avec une précision
impeccable. A noter une excellente ambiance dans le public. Une certaine
complicité s’installe même entre Jérôme (chant) et les personnes du premier
rang, visiblement conquises par ce Death technique se rapprochant d’Atheist ou
Cynic. Le combo offre aux spectateurs un show captivant. Sans tomber dans le
démonstratif à outrance, Pestifer arrive à instaurer des changements de rythme
et des passages accrocheurs afin de proposer des compositions inspirées, loin
d’être ennuyeuses.
Pour
conclure, une soirée Death Metal franco-belge maitrisée de bout en bout. Pestifer
méritait amplement son rôle de tête d’affiche et l’a rempli à merveille. Les
premières parties ont su exploiter leur potentiel avec chacune un style
personnel apportant une variété appréciable aux différentes prestations. Merci
à Extrême Factory pour cette date riche en testostérone !
Report et photos : Camille L
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