Live Report | Moonreich, Vital Remains & Gorgoroth le 1er avril au Divan du Monde, Paris



Nouvelle programmation Black Metal au Divan du Monde. Après l’accueil des Teutons d’Endstille le 29 mars dernier par Dream Factory, les organisateurs de Garmonbozia remettent le couvert ce soir avec une affiche très séduisante. Au menu, du Black bien évidemment avec nos compatriotes de Moonreich en guise d’entrée, mais aussi du Death à la sauce américaine avec les déchaînés de Vital Remains. Gorgoroth clôturera le spectacle accompagné d’Hoest (Taake) en invité d’honneur en charge d’assurer le chant. Bien loin des facéties du 1er avril, la soirée promet d’être démoniaque.


Timing parfait : il est pile 19h quand les blackeux de Moonreich entrent en scène et commencent à chauffer la salle déjà relativement pleine. J’ouvre grandes mes esgourdes car ce n’est pas la première fois que j’ai le plaisir d’assister à leurs performances lives. Mon compte-rendu à propos de la release party de leur dernier album (« Terribilis Est Locus Iste ») en septembre dernier avait fait l’effet d’un gros pavé dans la mare, bénéficiant de moult controverses. Leur prestation ne m’avait alors pas convaincue pour un groupe de leur acabit avec une telle réputation (la faute à un bassiste fortement alcoolisé à la limite de l’incorrection). Etant néanmoins plutôt bonne joueuse, je reconnais que ce soir les Parisiens auront eu raison de mes réticences en livrant un show carré et bien plus convaincant. Trente minutes de pur Black Metal froid, incisif et maîtrisé. Macabre, d’ordinaire à la basse, a tronqué son instrument de prédilection pour passer du côté guitaristique et assène des riffs redoutables. Jouissant d’un son plus que correct, le quatuor livre une performance véritablement professionnelle. Au chant, Weddir assure à merveille son rôle de leader avec un certain charisme. Hélas, et c’est bien là la malédiction de passer en premier, le public restera attentif mais assez statique, se contentant de hochements de tête de ci de là. Moonreich fut tout de même une excellente mise en appétit avec une prestation agressive et rondement menée, quoi qu’encore un peu timide pour une scène comme celle-ci.
 







Vital Remains, au contraire, aura su occuper tout l’espace et capter l’attention de l’auditoire du début à la fin.  Faisant partie des grands noms de la scène Death américaine, les survoltés de Rhode Island fêtent cette année leurs 25 ans d’existence. 

Le Divan du Monde affiche déjà presque complet lorsque Tony Lazaro, seul membre d’origine, et ses compères embrayent méchamment avec leur style brutal et terriblement efficace. Affublé d’un t-shirt « Fuck Allah » (inscrit dans le dos), Brian Werner (chant) donne le ton dès son arrivée. Ultra charismatique, il impose le respect et instaure rapidement une relation de proximité avec le public. Son growl profond et caverneux résonne aussi bien dans les compositions que celui de son légendaire prédécesseur, Glen Benton. L’ambiance est bon enfant et les riffs de Tony font headbanger nos metalleux au point de s’en décrocher la nuque. Les fans ont réservé un accueil des plus chaleureux à la formation en se déchaînant furieusement sur les morceaux à coups de pogos et de circle pit. Adepte ou non de ce style de musique, difficile de rester insensible à une telle présence scénique, les membres n’ont de cesse d'haranguer le public pour le plus grand plaisir des spectateurs. Fidèle à la rigueur américaine : le show est propre, carré, et monstrueux de professionnalisme. Loin de faire dans le Death technique long et ennuyeux, la formation alterne les passages musclés avec des envolées guitaristiques plus subtiles. Et c’est bien là tout le charme de Vital Remains qui opère ce soir, on arrive à la fin du set sans avoir vu le temps passer, trempé de bière et de sueur.






Le public reprend son souffle après la fessée américaine. Passons à la suite des opérations en compagnie des endiablés de Gorgoroth. Les Nordiques rafraîchissent l’ambiance dès les premières secondes : brume épaisse, attitude glaciale, aucune communication avec le public, attirail de « trve nowergian metalhead » ... Pas de doute, nous sommes bien à un concert de Black scandinave, rien à voir avec le show précédent. Dommage qu’un certain slammeur ne l’ait pas compris plus tôt et se soit pris une bonne correction de la part d’Hoest, armé de son micro. 

Par ailleurs, le frontman de Taake effectue admirablement bien le travail qui lui a été demandé. Son charisme et son timbre de voix si spécial siéent parfaitement aux compositions de ses compatriotes. Il monopolise presque toute l’attention et se rapproche parfois des spectateurs du premier rang en les fixant de ses yeux révulsés. Au niveau du son, c’est plus sale, plus brouillon, plus « raw » que précédemment et toujours parfaitement exécuté. L’ambiance se veut littéralement infernale : les éclairages rouge sang, la fumée, la chaleur presque suffocante... Infernus adopte une posture sobre mais imposante tandis que le reste des membres (hormis Hoest) restera relativement inexistant, notamment Vyl (Vegard batteur de Keep of Kalessin) complètement happé par les nuages de fumée ; bien trop présente à mon sens. Gorgoroth ne laisse aucun répit à l’auditoire et enchaîne les morceaux instantanément à grand renfort de riffs destructeurs.  « Revelation of Doom », « The Rite of Infernal Invocation », « Ødeleggelse og Undergang », « Blood Stains the Circle »...  La setlist a principalement été élaborée autour de l’album culte «Under The Signs Of Hell», faisant la joie des passionnés de la formation. Une déferlante de riffs tranchants inonde le public fasciné et c’est sur le célèbre « Unchain My Heart!!! » que les Norvégiens concluent leur intense prestation.






 

Pas de blague ce soir, aucun des groupes ne sera venu pour plaisanter. Gorgoroth a enflammé le Divan du Monde avec un show brutal et efficace, comme un concert de Black devrait toujours l’être : sombre, malsain, impeccablement exécuté, un vrai spectacle à tous les niveaux. Vital Remains fut pour ma part une excellente découverte en live, le genre de groupe qui maîtrise totalement son sujet et laisse complètement pantois. Quant à Moonreich, nos frenchies ont prouvé qu’ils sont dignes de partager l’affiche de grands noms de la scène metal et n’ont pas démérité face aux légendaires scandinaves. Au final une soirée réussie que Garmonbozia pourra fièrement revendiquer !


Photos et report : Camille L


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