Nouvelle programmation Black Metal au Divan du Monde. Après l’accueil
des Teutons d’Endstille le 29 mars dernier par Dream Factory, les organisateurs
de Garmonbozia remettent le couvert ce soir avec une affiche très séduisante. Au
menu, du Black bien évidemment avec nos compatriotes de Moonreich en guise
d’entrée, mais aussi du Death à la sauce américaine avec les déchaînés de Vital
Remains. Gorgoroth clôturera le spectacle accompagné d’Hoest (Taake) en invité
d’honneur en charge d’assurer le chant. Bien loin des facéties du 1er
avril, la soirée promet d’être démoniaque.
Timing parfait : il est pile 19h quand les blackeux de Moonreich
entrent en scène et commencent à chauffer la salle déjà relativement pleine. J’ouvre
grandes mes esgourdes car ce n’est pas la première fois que j’ai le plaisir
d’assister à leurs performances lives. Mon compte-rendu à propos de la release
party de leur dernier album (« Terribilis Est Locus Iste ») en septembre
dernier avait fait l’effet d’un gros pavé dans la mare, bénéficiant de moult
controverses. Leur prestation ne m’avait alors pas convaincue pour un groupe de
leur acabit avec une telle réputation (la faute à un bassiste fortement alcoolisé
à la limite de l’incorrection). Etant néanmoins plutôt bonne joueuse, je
reconnais que ce soir les Parisiens auront eu raison de mes réticences en
livrant un show carré et bien plus convaincant. Trente minutes de pur Black
Metal froid, incisif et maîtrisé. Macabre, d’ordinaire à la basse, a tronqué
son instrument de prédilection pour passer du côté guitaristique et assène des
riffs redoutables. Jouissant d’un son plus que correct, le quatuor livre une
performance véritablement professionnelle. Au chant, Weddir assure à merveille
son rôle de leader avec un certain charisme. Hélas, et c’est bien là la
malédiction de passer en premier, le public restera attentif mais assez
statique, se contentant de hochements de tête de ci de là. Moonreich fut tout
de même une excellente mise en appétit avec une prestation agressive et
rondement menée, quoi qu’encore un peu timide pour une scène comme celle-ci.
Vital Remains, au contraire, aura su occuper tout l’espace
et capter l’attention de l’auditoire du début à la fin. Faisant partie des grands noms de la scène
Death américaine, les survoltés de Rhode Island fêtent cette année leurs 25 ans
d’existence.
Le Divan du Monde affiche déjà presque complet lorsque Tony Lazaro,
seul membre d’origine, et ses compères embrayent méchamment avec leur style
brutal et terriblement efficace. Affublé d’un t-shirt « Fuck Allah » (inscrit dans le dos),
Brian Werner (chant) donne le ton dès son arrivée. Ultra charismatique, il
impose le respect et instaure rapidement une relation de proximité avec le
public. Son growl profond et caverneux résonne aussi bien dans les compositions
que celui de son légendaire prédécesseur, Glen Benton. L’ambiance est bon
enfant et les riffs de Tony font headbanger nos metalleux au point de s’en
décrocher la nuque. Les fans ont réservé un accueil des plus chaleureux à la
formation en se déchaînant furieusement sur les morceaux à coups de pogos et de
circle pit. Adepte ou non de ce style de musique, difficile de rester
insensible à une telle présence scénique, les membres n’ont de cesse d'haranguer le public pour le plus grand plaisir des spectateurs. Fidèle à la
rigueur américaine : le show est propre, carré, et monstrueux de
professionnalisme. Loin de faire dans le Death technique long et ennuyeux, la
formation alterne les passages musclés avec des envolées guitaristiques plus
subtiles. Et c’est bien là tout le charme de Vital Remains qui opère ce soir,
on arrive à la fin du set sans avoir vu le temps passer, trempé de bière et de
sueur.
Le public reprend son souffle après la fessée américaine. Passons
à la suite des opérations en compagnie des endiablés de Gorgoroth. Les
Nordiques rafraîchissent l’ambiance dès les premières secondes : brume
épaisse, attitude glaciale, aucune communication avec le public, attirail de
« trve nowergian metalhead » ... Pas de doute, nous sommes bien
à un concert de Black scandinave, rien à voir avec le show précédent. Dommage
qu’un certain slammeur ne l’ait pas compris plus tôt et se soit pris une bonne
correction de la part d’Hoest, armé de son micro.
Par ailleurs, le frontman de Taake effectue admirablement bien le travail qui lui a été demandé. Son charisme et son
timbre de voix si spécial siéent parfaitement aux compositions de ses
compatriotes. Il monopolise presque toute
l’attention et se rapproche parfois des spectateurs du premier rang en les
fixant de ses yeux révulsés. Au niveau du son, c’est plus sale, plus brouillon,
plus « raw » que précédemment et toujours parfaitement exécuté. L’ambiance
se veut littéralement infernale : les éclairages rouge sang, la fumée, la
chaleur presque suffocante... Infernus adopte une posture sobre mais imposante
tandis que le reste des membres (hormis Hoest) restera relativement inexistant,
notamment Vyl (Vegard batteur de Keep of Kalessin) complètement happé par les nuages de fumée ; bien trop
présente à mon sens. Gorgoroth ne laisse
aucun répit à l’auditoire et enchaîne les morceaux instantanément à grand
renfort de riffs destructeurs. « Revelation
of Doom », « The Rite of Infernal Invocation », « Ødeleggelse
og Undergang », « Blood Stains the Circle »... La setlist a principalement été élaborée autour
de l’album culte «Under The Signs Of Hell», faisant la joie des
passionnés de la formation. Une déferlante de riffs tranchants inonde le public
fasciné et c’est sur le célèbre « Unchain My Heart!!! » que les
Norvégiens concluent leur intense prestation.
Pas de blague ce soir, aucun des groupes ne sera venu pour
plaisanter. Gorgoroth a enflammé le Divan du Monde avec un show brutal et
efficace, comme un concert de Black devrait toujours l’être : sombre, malsain,
impeccablement exécuté, un vrai spectacle à tous les niveaux. Vital Remains fut
pour ma part une excellente découverte en live, le genre de groupe qui maîtrise
totalement son sujet et laisse complètement pantois. Quant à Moonreich, nos
frenchies ont prouvé qu’ils sont dignes de partager l’affiche de grands noms de
la scène metal et n’ont pas démérité face aux légendaires scandinaves. Au final
une soirée réussie que Garmonbozia pourra fièrement revendiquer !
Photos et report : Camille L
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