Crimson Glory - "Crimson Glory", 1986
Tracklist
01. Valhalla
02. Dragon Lady
03. Heart of Steel
04. Azrael
05. Mayday
07. Angels of War
08. Lost Reflection
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Schématisons aujourd'hui ma conception du Heavy par un grand et robuste appareil génital masculin. Si je devais nommer les deux testicules qui pendent à ma collection de CDs - la discographie de la Vierge de Fer en constituant le long phallus et le "Painkiller" de Judas Priest le gland éjaculatoire -, il y aurait à droite, sur la plus poilue, l'immense "Battle Hymns" de Manowar; et, sur votre gauche, un album qui me rendit l'année de mes dix-sept ans encore plus profondément amoureux du Heavy Metal : l'album éponyme de Crimson Glory.
Les plus âgés parmi ce fidèle lectorat l'auront sans doute compris : aujourd'hui, nous allons parler d'un groupe mythique qui marqua son époque, et je ne pense pas exagérer en allant jusqu'à affirmer que cet opus, encore crépitant d'énergie, s'avère l'un des débuts de carrière les plus tonitruants de la grande histoire du Hard Rock.
Il est vrai que les musiciens de Floride ont bien pris leur temps avant de nous fournir leur premier effort studio. Formé en 1979, d'abord sous le nom de Pierced Arrow, le combo changea de multiples fois de line-up, surtout en 1983, année durant laquelle le bassiste, le chanteur et le guitariste furent tour à remplacés. Mais ce n'est que lorsque les artistes eurent dégoté le chanteur idéal, en la personne de 'Midnight' - ce dernier, pour l'anecdote, avait l'habitude d'astiquer ses cordes vocales sur les plages de sable fin -, que l'aventure put bel et bien commencer.
Nous sommes en 1986, et la grande éjaculation d'albums mythiques de Heavy Metal touche bientôt à sa fin, surtout aux Etats-Unis où le Thrash fait fureur. Mais il reste encore de la place pour un nouvel orgasme et il est encore temps pour les retardataires d'exprimer leur talent : sept ans après la formation de Crimson Glory, nous avons là une délicieuse pépite qu'il convient de savourer au maximum pour les amateurs de musique à la fois bourrée de testostérone et riche en développements mélodiques s'inscrivant dans une mouvance progressive.
Mesdames et messieurs, il est maintenant temps d'attacher vos ceintures. On commence avec 'Valhalla', au paradis belliqueux des guerriers vikings morts héroiquement au combat. Il s'agit du morceau idéal pour nous introduire dans l'univers des musiciens : d'entrée, le riffing installe l'auditoire dans une ambiance dynamique, faisant la part belle à la voix de 'Midnight' qui surprend déjà par son énergie débordante. Les cris de guerre surpuissants sortant de son organe vocal atteignent des sommets qui pourraient sans aucun doute égaler les notes atteintes en studio par Rob Halford ou encore Geoff Tate, pour ne citer qu'eux. Nous avons affaire à un Heavy Metal certes assez classique, mais diaboliquement efficace.
'Dragon Lady' s'inscrit dans la même lignée que le titre précédent. Cette deuxième composition est construite autour d'un motif mélodique qui a le mérite de nous trotter dans la tête dès les premières écoutes, ne laissant personne indifférent. Le solo de guitare, d'une complexité affolante, témoigne quant à lui d'un talent aussi bien technique que musical. Les musiciens, sans négliger la section rythmique, semblent vouloir mettre àl'honneur la mélodie plus que la puissance sonore : même si nous restons dans le courant classique des cadors de la NWOBHM, on sent malgré tout que le Heavy Metal progressif n'est déjà plus très loin, ce qui rapproche dans un certaine mesure les nouveaux venus des précurseurs de ce genre : Quennsrÿche.
S'ensuit une semi-ballade, baptisée 'Heart of Steel'. Celle-ci a le pouvoir de conquérir les coeurs les plus durs par l'émotion qui s'en dégage dès l'introduction. Il est assez rare de retrouver un titre de cette qualité et de cette finesse dans un premier album, ce qui donne la preuve d'une indéniable maturité de la part des artistes.
Après 'Azrael', caractérisé par l'ajout de parties orchestrales en arrière-fond sonore, 'Mayday' est à mon sens le morceau le moins abouti de cet opus, peut-être à cause de sa durée brève. C'est le seul titre qui ne parvient pas à arriver à la hauteur dun reste du brulôt, et cela malgré quelques prouesses instrumentales et vocales, exploits dont on commence seulement à avoir l'habitude à l'écoutre de cet album.
Aucun geek digne de ce nom ne peut prétendre méconnaître 'Queen of the Masquerade', une chanson qui fait partie de la B.O. de Brütal Legend (oui, le jeu où l'on voit le protagoniste se faire baiser par Ozzy, Lemmy et consorts). Il s'agit là d'un hymne indétrônable, et quel duel vocal 'Midnight' s'impose-t-il à lui même lorsqu'on le surprend à reproduire à lui tout seul un véritable dialogue entre deux personnages ! Le chanteur a décidément plus d'un tour dans son sac pour nous surprendre durant la totalité de cet album. La line de basse qui surgit au milieu de la chanson est simple mais bien ficelée et efficace : elle fait office de pont dans la fin de la chanson et fait progresser le développement.
A la suite d' 'Angels of War', 'Lost Reflections' est le bouquet final de cet opus. Les musiciens montrent qu'ils savent parfaitement adapter leur jeu en fonction des atmosphères créées : le jeu acoustique permet ici de mieux suggérer un sentiment de mélancolie. De même, la gradation de la tension ressentie fait évoluer l'intrigue narrée par le chanteur. Mais ce long crescendo ne suffit pas et seule l'explosion soudaine créée par la distorsion du son des instruments expose le drame au grand jour. Le cri magistral du chanteur, ce point culminant, s'estompe, nous faisant retomber dans l'atmosphère initialement créée.
"Crimson Glory" révèle donc la maturité surprenante du groupe. C'est un album très complet et abouti, plein de surprises, aux compositions recherchées, qui contribuera à ouvrir la voie au Heavy Metal progressif. Entre des riffs qui n'auraient rien à envier à un Iced Earth, des soli époustouflants, une voix qui atteint des sommets et des ballades inoubliables, le premier album de Crimson Glory a vraiment tout d'un chef-d'oeuvre. L'éloge sans limite que je fais de cet opus ne peut se comprendre que par une écoute attntive de cet album légendaire, moins connu qu'un "Powerslave" mais qui aurait mérité un succès aussi retentissant. Si cela n'a pas déjà été fait, foncez à votre disquaire le plus proche pour compléter votre collection !
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Auteur : Eru Ilúvatar
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