Chronique | Woods Of Desolation - "As The Stars" : un contraste entre désespoir et espoir


Woods Of Desolation - "As The Stars", 2014

Tracklist

01. Like Falling Leaves
03. And If All The Stars Faded Away...
04. This Autumn Light
05. Anamnesis
06. Withering Field

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Woods of Desolation a été formé par son unique membre officiel D. en 2005 en Australie. Le groupe est à la base un projet solo, mais D. a souvent choisi d'intégrer d'autres musiciens à l'enregistrement de ses albums. Prenons pour exemple P.Knight (chant) pour l'album « Toward The Depths » , premier album de Woods Of Desolation, et Tim (Austere) pour le chant et la batterie sur le deuxième album de D. intitulé « Torn Beyond Reason » qui se classe comme un album référence du Black Metal Dépressif. Nous allons maintenant parler du 3ème effort de Woods Of Desolation, intitulé « As The Stars » qui sort après 3 ans d'attente. Pour cet album, D. a encore fait appel à des guests session, et non des moindres : Vlad (Drudkh) à la batterie, Luke Mills (Pestilential Shadows, Nazxul) à la basse et un ami proche de D, Old de Drohtnung, qui a aussi officié sur une ancienne démo éponyme de Woods Of Desolation. Un album qu'on attend évidemment comme une conformation, en raison du succès de « Torn Beyond Reason », mais qui soulève quelques questions. L'artwork paraît toujours aussi sombre et bien coller au thème des chansons de Woods Of Desolation, tout en ayant l'air d'avoir une signification plus profonde, une rédemption. Cette rédemption pourrait se représenter par ce qui semble être le départ d'une âme, sur une terre désolée, vers les étoiles (comme l'indiquerait le titre), les astres qui semblent contraster sur cet artwork, ayant une représentation semblant plus attirante, plus joyeuse. Un très beau travail de l'artiste Lucas Ruggieri, un artwork original et très travaillé.


Une définition de l'artwork qui semble convenir, car cet album, selon les dires de D, a été réalisé d'une façon particulière, il a en effet choisi de ne jamais révéler les paroles de « As The Stars », de laisser chacun faire sa propre interprétation des titres et du concept de l'album à travers la musique. Il a toutefois précisé que les paroles faisaient référence à la séparation du corps et de l'âme, et que son inspiration pour les paroles étaient la possibilité de l'immortalité ou de la renaissance de cette âme séparée. Avant même d'écouter l'album, on sent donc un concept et une envie très symbolique derrière cette galette, on s'attend à une musique personnelle de la part de l'artiste.

Dans une première écoute, sans même avoir besoin de creuser, on retrouve déjà ce qui fait la force de Woods Of Desolation, des parties guitares lead qui sont la signature de D, des riffs ambigus, car célestes, qui offrent un élan de beauté, de joie presque, mais à la fois de contemplation de soi et de douce mélancolie. La production est à la hauteur de « Torn Beyond Reason » une production léchée, mettant parfaitement en avant les guitares, un son très rond et très chaud qui colle très bien au genre, la basse est un peu en retrait, le son de la batterie plutôt discret, et le chant, quand il est présent ne prend pas le dessus et s'intègre harmonieusement à l'ensemble. Cette impression dégagée par l'album en lui-même s'accentue sur les parties clean, dont le son est très chaud et rassurant, et offre un beau contraste avec les guitares saturées dont les mélodies sont très souvent basées sur les aigus, le titre « Unfold » en offre un exemple frappant, ponctué également de chuchotements ainsi que de voix plus torturées. Plus l'album avance, plus cette sensation d'ambiguïté persiste, le ressenti est un mélange de contemplation de tristesse et de désolation avec à la fois une note d'espoir transcendentale offerts par la lead. Vous l'aurez compris, cet album est un album qui a pour but de faire ressentir des émotions, et d'offrir un voyage à son auditeur et non un album, même si il reste Black Metal, ponctué de blasts beats (même si il y en a quelques-uns) et de riffs impitoyables qui vous briseront la nuque. Les voix sont parfois torturées, parfois plus communes au Black Metal, mais contrairement à beaucoup de groupes du genre Black Metal Dépressif, ce ne sont pas des cris plaintifs ou des mélodies destinées à faire partager de la souffrance, « As The Stars » comporte des touches Post-Black Metal qui font la différence. La batterie accompagne bien la musique, polyvalente, des passages rapides, mais elle est très souvent plus lente et organique, à l'image de groupes influencés par le Doom, on grognera un peu sur le manque d'originalité de cette batterie. En effet le jeu de toms est trop rarement présent, ce qui pourrait être un plus non-négligeable, surtout sur certaines parties clean ou plus calmes, à l'image de ce que réalise un groupe comme Sombres Forêts.

L'album s'écoute très vite, du fait de sa courte durée (un peu moins de 35 minutes), la qualité est indéniable, mais les chansons aussi belles soient-elles, finissent au final après plusieurs écoutes à trouver la même essence, on a pas non plus l'impression de tourner autour du pot, mais les sentiments dégagés sont similaires. Est-ce une volonté de l'artiste ? Peut-être, un peu plus de diversité, aurait permis d'offrir plus de facettes aux sentiments que Woods Of Desolation a voulu nous faire partager avec « As The Stars ». Il n'empêche que la galette s'écoute avec plaisir un grand nombre de fois, elle contient comme tout album ses temps forts, en particulier le titre « This Autumn Light », doté à mes yeux d'une plus grande polyvalence, peu de répétitions, une batterie excellente et très profonde, des riffs stellaires... Musicalement certains morceaux se démarquent heureusement comme le début de « Anamnsesis » qui possède à la fois un côté Post-Black et Sludge entraînant rythmiquement et à la fois chargé en émotion. Ou à mes yeux le morceau le plus abouti « Ad Infinitum » dont le début n'est pas sans nous rappeler des sonorités présentes dans « Ecailles de Lune » d'Alcest, mêlées à des envolées de guitare dignes de « Torn Beyond Reason » ce dernier titre par ce qu'il nous évoque, est en osmose avec le titre, il nous transporte vers les étoiles, et le riff concluant cette chanson sonne vraiment comme une conclusion. La conclusion de quoi ? Celle d'un voyage, celle de l'âme représentée sur l'artwork quittant enfin son enveloppe charnelle, celle de la contemplation de notre propre existence à laquelle l'album nous a amené ? On ne saurait répondre à cette question, chacun y trouvera sa propre interprétation.


Pour conclure, un album qui s'est révélé à la hauteur de ce qu'on attendait de Woods Of Desolation, différent de leur dernier opus en date, mais conservant sa signature, c'est à dire des riffs et mélodies profondément inspirées des émotions, et destinées à faire voyager et ne pas laisser son auditeur de marbre. On pourra émettre une pointe de regret sur ses sentiments évoqués trop similaires, une batterie qui aurait pu être améliorée et plus originale, mais les points forts de Woods Of Desolation sont toujours présents, les guitares commencent à prendre une autre dimension, et cela confirme la consécration de D comme un des artistes majeurs du Black Metal Dépressif. « As The Stars » était très attendu, et sera à coup sûr comme l'attendaient les amateurs du genre, un album à ne manquer sous aucun prétexte.

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Auteur : Kevin


Commentaires

  1. Seth Aphelion16:10

    excellente critique qui d' ailleurs correspond a mon ressenti également ; il est vrai que l' album véhicule bien son lot d' émotions mais se répète parfois , ce qui dans un sens se soutient puisque le but du DSBM est bien de faire ressentir la mélancholie comme l' opression , cela étant bien mené évite de s" ennuyer , et comme tu l' as bien signalé des morceaux s écartent un peu du leitmotiv et donne justement une impulsion en plus a l écoute de cet album .

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