En ce samedi 30 Novembre 2013, la
communauté Metal est divisée par deux concerts se faisant
directement concurrence : les partisans du Black Metal Is
Rising d’un côté et les amateurs des Suédois dépressifs de
l’autre. Pour ma part, je me suis plus laissée tenter par la
programmation de Garmonbozia au Nouveau Casino
rassemblant Shining qu’on ne présente plus, Sterbhaus
formation de Thrash/Death Suédoise et les Norvégiens de Crest Of
Darkness dans le cadre de la tournée « Razors Across
Europe 2013 »
C’est dans une salle à moitié
remplie que Crest Of Darkness entre en scène. 20 ans
d’activité et 6 albums à leur actif, dont le dernier sorti en
Février 2013, ils démarrent avec un Black/Death incisif mais qui
s’essouffle rapidement. Les morceaux s’enchaînent sans
ménagement, alternant violence et mélodie avec une franche réussite
mais Ingar
Amlien (chant/basse) ne
fait pas l’unanimité. Musicalement, les Norvégiens nous servent
des passages brutaux et plutôt intenses mais le chant quelque peu
« original » reste déstabilisant. Il communique peu avec
le public et les rares interactions restent sans grands retours de la
part de l’auditoire. Il faut toutefois reconnaître qu’il est le
seul membre à vraiment assurer le show de par son charisme :
mimiques, maquillage outrancier, costume de circonstance... Les deux
guitaristes, quant à eux, semblent vouloir se faire oublier,
spécialement Rebo
qui ne bouge pas de son mètre carré, baissant les yeux,
encapuchonné dans son sweat. Kjetil Hektoen
martèle sa batterie puissamment mais sans grande originalité. Le
tout donne un ensemble assez déséquilibré qui n’aura pas su
convaincre l’audience, en témoigne les applaudissements
relativement timides durant la prestation. Certains fans du groupe
étaient peut-être présents mais je n’ai pas vu de manifestation
flagrante de leur part. Un résultat qui manque donc encore de force
pour un groupe avec un tel bagage artistique...
Sterbhaus aura su se montrer
bien plus convaincant malgré leurs cinq ans d’existence. La
formation a mit leur premier album sorti en 2012 (« Angels
For Breakfast…And God For Lunch ») à l’honneur.
Alliant à merveille le côté accrocheur du Thrash avec la puissance
du Death Metal, les Suédois ne tardent pas à réveiller
l’assemblée par leur énergie. La salle est désormais plus
remplie et le public bien plus réceptif. Marcus Hammarström
(chant/basse) fait preuve d’une présence scénique non négligeable
et son coffre est nettement plus impressionnant. Les compositions
sont efficaces et les acclamations de la foule iront crescendo au fur
et à mesure du set (peut-être aussi dû aux nouveaux arrivants).
Jimmy Ahovalli et Simon Olovsson aux guitares assènent
des riffs acérés tandis que le batteur se déchaîne férocement.
Lourd, cinglant et agressif, le quatuor aura eu son effet auprès des
amateurs de Metal extrême et entrainant. Ajoutez à cela le capital
sympathie des membres : souriants, enjoués et rieurs, vous
obtenez un show agréable et une excellente découverte pour ma part.
Ils se sont donnés à fond et leur joie était communicative. Un
groupe avec un énorme potentiel donc, qui aura su être à la
hauteur des exigences du public présent ce soir.
Changement d’ambiance : c’est
au tour de Shining d’arriver sur scène avec la lourde tâche
de clore la soirée. Une heure et demie de concert devant une salle
totalement pleine malgré le Black Metal Is Rising se
déroulant au Glazart au même moment. Les fidèles se sont
déplacés nombreux pour vivre une expérience sinistre en compagnie
du pessimiste Niklas Kvarforth et de son Black Metal
Dépressif... Et ils seront servis.
Les musiciens prennent place sur une
introduction musicale de plusieurs minutes, et pas de trace du
chanteur pour l’instant. Le sieur Kvarforth veut avant tout
soigner son entrée et se faire désirer de son public venu presque
exclusivement pour lui. Il finit par faire son apparition à la fin
de l’intro et le concert commence avec « Människa
o'avskyvärda människa ». Le ton est donné d’entrée de
jeu : violence, noirceur et mélancolie. Bouteille de Jack
Daniel’s à la main, bandana de rigueur et attitude intimidante, le
frontman impose le respect dès la première seconde. Ses compères
nous servent un show monstrueux de qualité musicale, les soli sont
exécutés à la perfection et les passages plus accrocheurs sont
destructeurs. On retrouve un Peter Huss (guitare) en grande
forme, absorbé par ses riffs. Christian Larsson (basse) ne se
laisse pas abusé par son jeune âge (24 ans) et s’impose sur
scène, échauffant le public en compagnie de Niklas avec une
expérience déjà bien palpable. La foule quant à elle en redemande
et se déchaîne par des pogos et des slams. Vers la moitié du set,
chaque musicien gratifiera le public d’un solo tandis que le
chanteur fumera une cigarette en toute tranquillité. Euge
Valovirta (guitare) ira même jusqu’à faire une petite
démonstration de ses talents personnels, à savoir : jouer avec
la guitare derrière la tête ou encore avec les dents. Il reste
néanmoins relativement humble puisqu’il remercia le public
plusieurs fois durant le concert, avec une réelle sincérité. Après
avoir écrasé sa clope sur son torse nu, Niklas reprend du
service et continue à chanter avec ses cris torturés bien
distinctifs, s’accroupissant, fermant les yeux et se servant du
câble de son micro comme d’une corde pour se pendre. Famine
de Peste Noire (dans le public depuis le début) interprétera
« Fields of Faceless » (rebaptisé « La
Terre des Anonymes » sur « 8
½ – Feberdrömmar I Vaket Tillstånd ») avec une
voix saisissante mais hélas une présence scénique faisant pâle
figure par rapport à ce que nous avons eu droit auparavant. C’est
avec tristesse que nous arrivons finalement à la fin du set :
les Suédois terminent par « Låt oss ta allt från
varandra » qui prend une ampleur magistralement sombre en
live et « For the God Below » clôture ce show
intensément avec le solo de fin poignant et spectaculaire, ainsi que
le public chantant à l’unisson les passages au chant clair. Niklas
jugera même bon d’adapter les paroles en circonstance avec un « My
devotion to Paris » (à la place de « My devotion
to Evil ») qui achèvera la foule.
Pour conclure, je dirai simplement que
ce fût la troisième fois que je les voyais en live (mais la première fois dans une salle) et qu’ils nous ont servi un show de qualité
comme toujours. Shining est décidément une valeur sûre. On
regrettera cependant que la setlist soit toujours la même à chaque
concert, on apprécierait peut-être un peu plus de prise de risques
mais ne boudons pas notre plaisir : c’était à la hauteur de
nos espérances ! Légère déception également après avoir eu
vent des autres dates Françaises : le Nouveau Casino n’a
pas mit en place le célèbre drapeau du groupe sur scène.
C’est néanmoins avec une grande
satisfaction que je quitte la salle pour retrouver la fraîcheur de
la nuit. Vers 23h30 j’ai le plaisir de discuter avec Niklas
qui fût d’une agréable compagnie même si bien alcoolisé (mais
bon, venant de lui on dira que c’est normal !). Pour un homme
que j’ai souvent entendu qualifié de « haineux »,
« prétentieux » et « désagréable », il ne
m’a pas du tout fait cette impression, se prêtant sans rechigner
au jeu des photos d’autres fans ou de dédicaces. Afin de nuancer
mon propos, je reconnais tout de même qu’il était sans doute de
« bonne humeur » ce jour là et qu’il ne se montre
peut-être pas toujours aussi abordable.
Une soirée diversifiée donc, avec
Crest Of Darkness qui ne m’aura pas convaincue mais qui aura
malgré tout fait de son mieux, Sterbhaus et leur Thrashned
Black/Death Metal accrocheur, et bien entendu Shining qui aura
mit presque tout le monde d’accord. Si vous venez au Hellfest 2014,
vous savez ce qu’il vous reste à faire.
Auteur & Photographe : Camille L.
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