Chronique | Amon Amarth - "Deceiver Of The Gods", un album qui porte bien son nom


Amon Amarth - "Deceiver of the Gods", 2013

Tracklist

01. Deceiver Of The Gods
02. As Loke Falls
03. Father Of The Wolf
04. Shape Shifter
05. Under Siege
06. Blood Eagle
07. We Shall Destroy
08. Hel
09. Coming of The Tide
10. Warriors of The North (extrait en écoute)

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Amon Amarth est un groupe de Death Metal Mélodique formé à Tumba en Suède, initialement sous le nom de Scum, dans un style plus grindcore. Le nom du groupe est une référence à l’œuvre de J.R.R Tolkien, Amon Amarth signifie « Montagne du Destin »  en sindarin, langue construite par le célèbre artiste, qui a inspiré plus d’un groupe de Metal par ses écrits. C’est avec l’arrivée de Johan Hegg que le groupe s’orientera vers le style qu’on lui connaît avec leur première démo « Thor Arise » en 1993. Le groupe sortira ensuite un premier album après quelques EP sous Metal Blade Records en 1998 qui porte le nom de « Once Sent From The Golden Hall ». Le combo sortira 7 autres albums, The Avenger en 1999, The Crusher en 2001, des albums soutenus et sans concession. En 2002, ils sortent « Versus The World » où le son du groupe tel qu’on le connaît commencera à prendre forme. Les derniers albums du groupe, plus matures et maîtrisés seront Fate Of The Norns, With Oden On Our Side, Twilight Of the Thunder God, et Surtur Rising respectivement en 2004,2006, 2008 et 2011. En 2013, les « vikings » suédois nous apportent donc ce « Deceiver Of The Gods » qui à en juger par l’artwork et le premier extrait éponyme, semble ne pas s’éloigner d’un iota de la musique, des thématiques et des imageries développées dans les deux albums précédents. Cet album est donc d’ores et déjà attendu au tournant, les regardants sur la qualité espérant voir un peu d’évolution et non le groupe se reposer sur ses lauriers et appliquer tout simplement une formule qui marche.

Pas de doute possible, une voix puissante reconnaissable entre mille, celle de Johan, une batterie très bien exécutée qui ne monopolise pas l’oreille mais accompagne bien la musique sans en faire trop, des riffs à la fois brutaux et mélodiques typiques du Death Mélodique avec une légère ambiance viking, une basse claquante, nous sommes bien en présence d’Amon Amarth. La qualité musicale est présente, c’est indéniable, le son du groupe est maîtrisé, très travaillé, le combo sait parfaitement quoi faire pour plaire au public, et à son public. Et c’est justement tout le problème de Deceiver Of The Gods. Car cet album dès les premières chansons, ne semble rien apporter à la discographie du groupe si ce n’est une ligne de plus et un huitième album. Les Suédois ne se renouvellent pas, appliquent sensiblement la même structure que sur « Twilight Of The Thunder God » et « Surtur Rising ». Ce côté très redondant et répétitif de l’album peut s’accepter à l’écoute de « Deceiver Of The Gods » si on n’a pas écouté d’autre album, mais pour trois albums de suite, cela devient lassant au plus haut point, et à la limite de l’inadmissible. La chanson éponyme rappelle dangereusement  des chansons comme War Of The Gods, ou Twilight of The Thunder God, sans parler de la présence du mot « God » dans chacune des trois compositions sorties d’albums différents.

Les chansons majeures de l’album sont « Father of The Wolf » qui a des riffs plutôt intéressants, même si elle reste plutôt prévisible, et « Warriors of the North », dernière chanson de la galette, qui semble échapper à la répétition de la structure, de par sa durée de plus de 8 minutes, à l’image d’Embrace of The Endless Ocean dans l’album Twilight of The Thunder God. En revanche, les autres manquent cruellement d’intêret, en particulier « Shape Shifter » qui est puissante et lourde, mais plate mélodiquement. Il y a surtout des choix douteux de la part d’Amon Amarth, la courte intro de « Blood Eagle » et des bruitages difficiles à définir (une crotte de pigeon qui tombe et des corps déchiquetés sur fonds de cris ?) et surtout « Hel » qui accueille un guest en la personne de Messiah Marcolin, ancien chanteur de Candlemass, Messiah qui nous gratifiera d’un chant haut perché sonnant plutôt faux, mais surtout en complet désaccord avec la musique d'Amon Amarth. Le groupe qui n’était pas à son coup d’essai pour les guests (Apocalyptica dans Live For The KIll par exemple), a certes choisi un guest de prestige, mais a-t-il basé son choix uniquement sur ce critère, ou est-ce qu’il a aussi pris en compte l’aspect musical ? Le résultat déçoit énormément. La production de l’album est très propre, un artwork très travaillé, mais rappelant un peu celui de Twilight Of The Thunder God.

Cet album d’Amon Amarth se révèle au final pas singulièrement mauvais,mais plat pour un groupe de cette dimension et de ce professionalisme, ce n’est pas tant la musique qui énerve, mais la démarche artistique du combo qui prouve qu’on peut sortir trois albums de suite, avec des structures de chansons très similaires, et des chansons comportant rarement plus de 4 riffs différents. La musique est toujours intéressante et maîtrisée, mais gâchée par le manque d’inventivité et le sentiment déjà vu. Ceux qui connaissent le groupe seulement depuis Surtur Rising et qui n’ont jamais prêté attention aux anciens albums d’Amon Amarth se réjouiront de Deceiver of The Gods, tandis que ceux qui connaissent vraiment le groupe et attentifs aux structures pourront juger que cet album se révèle bien porter son nom, c’est-à-dire en étant trompeur.

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Auteur : Kévin


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