Chronique | Mirrorthrone - "Gangrene" : Quand le Black Metal Symphonique devient orchestral


Mirrorthrone - "Gangrene", 2008

Tracklist

01. Dismay
02. No One By My Side
03. The Fecal Rebellion
04. Ganglion
05. Une Existence Dont Plus Personne Ne Jouit

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Mirrorthrone, c’est un seul homme. Chant, violon, piano, guitare, enregistrement, artwork, production... Rien n’échappe au génie de Vladimir Cochet. Alors qu’il est en préparation de son prochain album, penchons nous sur celui qui a achevé de le placer au sommet du Black Metal symphonique et avant-gardiste. Je veux bien entendu parler de « Gangrene ». Deux ans après l’excellent « Carriers of Dust », le Suisse nous revient en force en 2008 avec un album alliant à merveille violence, brutalité mais aussi désespoir, mélancolie et haine.

Les amateurs se souviennent certainement du premier album « Of wind and weeping » sorti en 2003 qui posait déjà les bases d’un style de Black Metal Symphonique très mélancolique emprunt de romantisme. Même si la production n’était pas d’un niveau extraordinaire, on sentait néanmoins poindre les débuts d'un style original et extrêmement recherché. La suite, « Carriers of dust » en 2006, nous amène dans un univers plus sombre et bien plus agressif (rehaussé par une production plus lourde). Les textes à caractère misanthropiques et haineux alimentent les 46 minutes de cette pépite.

Arrive alors « Gangrene »... Je vais m’efforcer de faire une chronique objective sans tomber dans une salve d’adjectifs élogieux et indigestes.

L’album commence avec "Dismay" et l’entrée en matière au piano nous met la puce à l’oreille quant au reste de l’œuvre. En effet, Vladimir pousse encore plus loin le stratagème mis en place dans le précédent opus. Le clavier très théâtral offre une dimension majestueuse à chacun des morceaux. Je pense notamment au monumental (tant par sa longueur de 15 minutes que par son intensité) "The Fecal Rebellion" qui démarre sur une orchestration en proie à un pessimisme non dissimulé puis évolue vers un morceau plus épique. L'auditeur n'aura aucun mal à imaginer une grande bataille se dérouler sur ces notes de clavier et de violons soutenues par une batterie d’une puissance et d’une rapidité considérables. On a par ailleurs du mal à croire qu’il s’agisse simplement d’une BAR et d’une auto production tant le son est impeccable et fait vibrer délicieusement nos tympans. La fin du morceau est d’une efficacité bouleversante. Le compositeur s’amuse de nous et cherche à nous montrer qu’il est à l’aise dans tous les styles : de la musique classique complexe, à des riffs orientés plus Death en passant par des breaks monstrueux. Pour tout dire, ce morceau est tout bonnement à couper le souffle.

Du souffle en revanche, il en a, et pas qu’un peu. Opposant ingénieusement growl profond, voix Black et chant clair avec une facilité déconcertante. Il ne cesse de nous émerveiller et réitère l’idée pratiquement dans chaque morceau, apportant toujours quelque chose de nouveau, et force est de constater que le résultat est des plus admirables : paroles toujours compréhensibles, diction irréprochable, chant clair juste et terriblement expressif... On n’a pas fini de louer les qualités de son organe dont le meilleur exemple se trouve sur "No one by my side" où le chant clair y est prédominant. La partie opposant le chant doux et limpide de Vladimir sur une batterie furieuse, le tout agrémenté de gros riffs et d’orchestrations magistrales régalera l'auditeur. Ou encore la voix délicate et presque enfantine au début de "So frail" laissant place à un cri puissant à n’en plus finir qui nous prend aux tripes.

"Ganglion" et "Une existence dont plus personne ne jouit", deux titres écrits dans la langue de Molière, montrent que le Suisse est également à l’aise aussi bien en Français qu’en Anglais, offrant toujours des textes très approfondis et poétiques.

« Gangrene », bien que plus mélodique que « Carriers  of dust » n’a rien à lui envier en termes de violence et de férocité. Malgré la longueur des morceaux, Vladimir veille à garder des passages plus efficaces et n’hésite pas à nous en mettre plein les oreilles de riffs puissants et de blasts enragés. Les morceaux sont longs mais toujours très fluides. Le musicien prend soin d'incorper des ruptures qui ne brisent en rien la progression de la musique mais qui permettent bien au contraire de diversifier l’ensemble et ne cessent de surprendre l’auditeur.

Une chronique me semble bien courte pour définir toute la richesse et l’originalité de cet album. On ne cesse de l’écouter et de le redécouvrir et on ne tarira pas d’éloges quant à ses qualités : une production épatante, une voix intense, des orchestrations harmonieuses, des mélodies envoûtantes et raffinées... Néanmoins, il est important de souligner que Mirrorthrone ne ravira peut être pas tous les fans de Black Metal traditionnel de par sa complexité. Ses albums s'apprécient pleinement après plusieurs écoutes attentives et patientes et les amateurs de Metal moins contemplatif et plus rentre dedans seront même déroutés, n’y trouvant pas toujours leur compte.

Il y a eu beaucoup de chemin entre « Of wind and Weeping » et « Gangrene », que nous réserve alors le grand Vladimir pour le prochain qui ne devrait plus tarder ?

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Commentaires

  1. Anonyme14:20

    Belle chronique ! très agréable à lire !
    Même si je préfère "Carriers of dust" et que Mirrorthrone n'entre pas vraiment dans mes goûts, tu montres très bien les indéniables qualités de cet album !

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