Interview de Marc Varez, batteur de Vulcain


C'est au Hard Rock Café de Paris que Vulcain nous a donné rendez vous. Pour les lecteurs les plus jeunes, le groupe de Hard Rock français formé en 1981 par les frères Puzio et qui mérite à juste titre le surnom de "Motörhead français" a sorti son nouvel album "V8" le 22 avril dernier. Nous avons eu la chance d'interviewer Marc Varez (au centre de la photo ci-dessus), le batteur de la formation.



- Pour commencer, parlons du nouvel album "V8" qui sort le 22 avril. Pouvez-vous le présenter à nos lecteurs ?

"V8", c'est l'album de la reformation de Vulcain, quinze ans après notre séparation. Je crois que nous avons fait du Vulcain plus que jamais, parce qu'on y a mis de l'énergie. Les thèmes sont traditionnels pour nous, ce sont ceux du Rock'N'Roll: gonzesses, picole, mécaniques, des sujets qui traitent un peu de la vie de tous les jours mais aussi du constat un peu noir de la société dans laquelle on vit, donc il y a forcément un peu de politique, mais sans engagement particulier.

- A propos de politique, vous aviez il y a quelques temps durant un concert critiqué Nicolas Sarkozy en lui dédiant l'une de vos chansons, pourriez-vous en dire quelques mots ?

Oui en effet, mais c'est de bonne guerre, ça fait partie du jeu, il s'agit juste quelque soit le gouvernement au pouvoir de critiquer l'état actuel des choses. Je pense que tu as vu notre clip de 'Lachez-nous', nous voulions qu'on nous foute la paix avec les élections -c'est notre côté rockeurs anarchistes-, depuis qu'on est nés on assiste à ce perpétuel combat gauche-droite alors que rien ne change.

- En même temps que vous abordez des thèmes Rock'n'Roll et politiques, vous avez fait une reprise d'Alain Bashung, 'L'Arrivée du Tour' dans ce nouvel opus. Pourquoi ce choix, assez original pour un groupe de Hard Rock ?

Nous avions déjà repris un titre de Dutronc sur notre troisième album en 1986. Nous sommes attachés à la langue française et aux artistes francophones, nous voulions par ailleurs rendre hommage à Alain Bashung qui de notre point de vue a fait une carrière remarquable. C'était un mec qu'on aimait beaucoup et qui était un vrai rockeur, bien plus que d'autres. Pour la petite anecdote, Daniel (guitare et chant) voulait déjà reprendre 'L'Arrivée du Tour' il y a déjà plus de vingt ans. On l'a toujours esquivé jusqu'à ce qu'on joue le titre en studio pour l'enregistrement de "V8", et on s'est rendus compte que ça sonnait comme un morceau de Vulcain, donc on l'a gardé. C'est bien tombé et je trouve que c'est un bel hommage que nous avons fait à Bashung.

- Qui a produit "V8" et qui en fait la promotion ?

Comme tu peux le constater, c'est Replica qui s'occupe de la promotion de l'album que nous avons enregistré en autoproduction. C'est un choix de notre part: on en avait marre des labels, on a tout voulu gérer nous-mêmes. Comme des grands, nous nous sommes payés une promo indépendante, la meilleure possible. On sait qu'avec Replica on est bien servis puisque c'est leur domaine. Ce sont des gens qu'on connait depuis des années. Il nous a juste fallu trouver le distributeur en ce qui concerne la France, pour l'étranger ça viendra plus tard mais c'est encore un peu trop tôt. Nous allons prendre le temps de le faire comme pour la composition de l'album.

- Donnez-vous un sens particulier à la pochette de cet album ?

Nous sommes partie du fait qu'il s'agissait du huitième album de Vulcain, on a utilisé l'image du moteur car les mécaniques ont toujours fait partie de notre univers et le V8 correspondait parfaitement à l'image qu'on voulait donner. Les instruments à l'intérieur du moteur montrent la fusion qui existe entre notre musique et le bruit de celui-ci. Après "Stop La Machine", nom de notre dernier album avant notre séparation, on a remis le V8 en marche, c'est ça notre message.

- Comment s'est déroulée la réalisation de cet album (composition, enregistrement...) ?

Eh bien, le plus simplement du monde, comme nous l'avons toujours fait tout au long de notre carrière: en se retrouvant dans un local de répèt', en faisant tourner les riffs, en faisant des jams qui ont abouti sur des titres. Par ailleurs, dès qu'on pensait tenir une idée, on la testait sur scène -c'est le cas de 'Lâchez-nous'- pour voir la réaction du public. Comme nous avons vu que ça fonctionnait, nous sommes passés par la case studio et nous avons tout enregistré chez moi. De cette manière nous étions totalement indépendants, nous avons pu nous organiser comme nous le voulions.

- Mis à part Motörhead, avez-vous eu d'autres influences ?

Je pense que de toute manière l'étiquette du Motörhead nous restera collée à la peau. Comme je le dis toujours, nous nous n'en défendons pas car nous en sommes plutôt flattés du moment que cela n'est pas dit dans un registre péjoratif. De notre côté, nous n'avons pas du tout l'impression que nous faisons une pâle copie de Motörhead car nous avons vraiment notre identité. Cependant l'histoire a fait que nous nous sommes retrouvés très proches de ce groupe d'une part parce qu'on aimait ça, mais Vulcain a aussi eu d'autres influences comme AC/DC ou The Stooges. Tout cela a mené à un mélange, avec un gros côté Punk puisqu'on adorait le Punk.
Evidemment, je ne peux pas nier qu'on ne connaissait pas Motörhead, on adorait ça et il se trouve qu'en plus nous avons eu plusieurs fois l'occasion de rencontrer ce groupe - en assurant ses premières parties -  durant notre carrière et que Motörhead nous aime bien, ce qui ne gâte rien.

- Vous avez aussi assuré les premières partie de groupes comme Saxon, Iron Maiden...

Oui, bien sûr, et nous avons eu la chance d'être toujours très bien accueillis par ces groupes internationaux sans avoir honte d'être des petits Français! Ce sont même des gens qui nous ont poussés à nous élever, ce qui est pas mal.

- Après quinze ans d'absence, comment avez-vous vécu ce retour à la composition et au contact avec le public ?

Tout cela a été très bénéfique pour nous tous, nous avions très envie de nous reformer et de rejouer. Il y avait aussi une forte demande du public, sinon nous ne l'aurions pas fait et nous nous serions arrêtés là. Le retour sur scène a été une très bonne surprise car nous avons vu que le public répondait présent. la cerise sur le gâteau a été le Hellfest 2010 où nous avons été très impressionnés par l'accueil qu'on nous a réservé.

- Avez-vous eu de nouveaux fans après ces prestations ?

Sur toutes les dates, nous avons constaté que des fans plus jeunes nous soutiennent et ça nous motive d'autant plus: si on arrive à capter un public jeune, c'est que notre musique est intéressante! Ce n'est que du bonheur c'est d'ailleurs pour cela que nous avons voulu rendre hommage au public en composant le titre 'Avec vous'.

- Que pensez vous de l'état actuel de l'industrie du disque ?

On sait qu'il y a eu une crise, que le téléchargement Internet n'a pas fait du bien. On ne va pas refaire tout un débat là-dessus. Tout ce que j'ai à dire c'est que les gens ont attendu d'être face au problème au lieu de le régler avant. Maintenant c'est trop tard, il faut vivre avec son temps et essayer de profiter de ces nouveaux moyens de diffusion au lieu de les combattre. On a aujourd'hui la chance d'utiliser Internet pour diffuser autant qu'on veut et de faire la promotion de notre musique. C'est une bonne leçon de marketing: maintenant il faut vendre autrement.

- Quel(s) conseil(s) donneriez vous à un groupe de Metal qui débuterait dans le monde de la musique?

Déjà, de vraiment avoir la foi, il faut vraiment y croire. Au début tu as beaucoup de déceptions mais aussi de très bons moments, il ne faut pas s'envoler dès qu'il y a un truc positif car tu sais que le lendemain il peut y avoir un retour de médaille. La chance peut intervenir, mais il n'existe pas de tour de magie. Il faut donc rester fort, persister, y croire  et surtout ne pas se prendre la tête: je trouve que ce qui a desservi beaucoup d'artistes français, c'est de trop s'occuper de son voisin et pas assez de sa propre musique. Jalouser d'autres groupes avant de s'occuper de sa carrière, c'est une erreur de jeunesse à éviter. Il faut suivre son chemin sans s'occuper des autres, sauf s'ils sont là pour t'apporter des ondes positives.

- Avez-vous d'autres projets en dehors du monde de la musique?

Eh bien écoute, pas vraiment puisque nous avons tous les trois nos métiers respectifs en plus de Vulcain: Vincent Puzio, le bassiste, a son magasin d'instruments de musique, Daniel - son frère - travaille dans des prestations de sonorisation. Quant à moi j'essaye également de vivre de ça en enregistrant dans mon studio et en donnant des cours. Cependant nous avons voué notre vie à la musique, nous restons ainsi dans ce milieu.
Musicalement, pendant les dix ans où nous ne jouions plus ensemble, Daniel avait monté Mr Jack qui est un projet avec les anciens membres d' H Bomb (Philty Garcia à la basse et Gérard Michel à la batterie). De mon côté fondé Blackstone.

- A propos de Blackstone, continuez-vous à travailler avec le groupe? 

J'ai mis ce projet entre parenthèse car j'ai du mal à faire percer ce groupe, mais avec les mêmes musiciens nous avons fait le projet du chanteur, Ian Kent & The Immigrants qui est à situer dans une mouvance Rock/Folk/Country.

- Des ambitions nouvelles pour Vulcain?

Nous ne savons pas encore: on attend déjà de voir ce que donne ce nouvel album, les ambitions les plus  pressantes sont de faire un maximum de concerts et de sortir un peu de nos frontières. Nous avons en effet vu qu'on avait le potentiel d'exporter notre musique à l'étranger et de développer ce qu'on a commencé à faire au Canada, en Allemagne...

- Si vous aviez un album de Vulcain à choisir, quel serait-il?

Je ne peux pas, le choix est trop difficile: chaque album a son histoire, son symbole. Je peux seulement dire que le premier album de Vulcain avant que je rentre dans le groupe, Rock 'n' Roll Secours est incroyable. Quand je l'ai écouté, je me suis dit que mon rêve serait un jour de jouer dans un groupe comme celui-ci. J'ai eu la chance que cela m'arrive, après le premier album que j'ai fait avec eux, Desperados, est extraordinaire également. Mais je pourrais dire que le plus abouti est très probablement le dernier en date car on y a mis toute notre maturité sans pression extérieure, il n'y a que l'envie de jouer, la pêche malgré notre âge, ce que certains n'hésitent pas à nous faire remarquer.


- Vous avez joué avec Satan Jokers, quelle est votre expérience avec ce groupe?

J'ai joué sur le premier album de la reformation et h'ai fait le Hellfest avec eux, mais je ne préfère plus en parler car le personnage qui gère le groupe est trop problématique à mon goût. 


- Qui est votre premier héros musical?

Sans aucun doute, pour moi ce sera Alice Cooper et le premier disque que j'ai acheté a été un album des Beatles. La révélation de Daniel a été Alvin Lee de Ten Years After - qui nous a quittés il n'y a pas longtemps malheureusement - et un peu comme son frère, Vincent a tout de suite accroché à MC5.



Sites Web:

http://www.vulcain-officiel.com/
https://www.facebook.com/pages/Groupe-Vulcain/142692999118467?v=app_2373072738


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