Interview du groupe de Heavy Metal français Messaline


Eric Martelat (à droite sur la photo) et John Bailly (à gauche) du groupe de Heavy Metal français Messaline nous donnait rendez vous au Hard Rock Café de Paris afin de promouvoir leur nouvel album "Éviscérer Les Dieux" sortit le 9 février dernier chez Brennus, l'occasion pour nous de poser nos questions au chanteur du groupe Eric Martelat.



Webzine Scholomance : Peux tu présenter Messaline à nos lecteurs ?



Eric "Chattos" Martelat : Messaline s'est formé en 2003 sur les cendres d'un groupe de Prog Metal appelé Absurd, à l'époque nous avions partagé l'affiche avec des groupes tels que Ange ou encore Porcupine Tree à la sortie de "In Abstencia" en 2003, puis le groupe a explosé. D'Absurd est resté le guitariste et le bassiste, sous cette formation là nous avons fait deux albums, "Guerres Pudiques" en 2005 et "In Cauda Venenum" en 2009. Fin 2010, le bassiste qui était déjà avec nous à l'époque d'Absurd a décidé de quitter le groupe, il était intermittent dans les lights et travaillait avec Sinsemilia, Peps et Cie... il n'avait donc plus de temps à consacrer au groupe et le batteur que nous avions recruté est également partit. Nous avons donc changé 50% des effectifs et sommes repartit à l'aventure avec un nouveau batteur et un nouveau bassiste et dès 2011 nous avons commencé la composition d'un nouvel album. Avec le nouveau line up nous nous sommes un peu chauffé sur scène et avons fait quelques belles dates avec Vulcain et Blasphème et puis nous avons passé 2012 à finaliser l'album.



Le nom du groupe fait directement référence à Valérie Messaline, épouse de l'empereur romain Claude, pourquoi ce choix ?



Quand on cherche un nom de groupe c'est toujours un peu compliqué tout simplement parce que beaucoup sont déjà prit. En plus de ça je trouvais intéressant le nom « Messaline » parce que c'était une impératrice romaine qui était débauchée, son histoire était donc sulfureuse et en même temps très Rock N' Roll et c'est ce qui m'a attiré. Le nom est en même temps très doux, très sensuel et agréable à l'oreille ce qui contraste avec le coté saturé de notre musique. Je trouvait intéressant d'avoir ce contraste avec d'un coté un nom très doux, très féminin et de l'autre une musique Heavy joué par quatre mecs poilus. C'est un nom qui se retient bien et qui sonne bien.



Comme tu l'a dit le groupe à connu un changement de line up entre 2011 et 2012, est ce que tu peux nous expliquer comment s'est déroulé le recrutement ?



En faite ça a été assez simple puisque Jaimé, le bassiste qu'on a actuellement, nous avait dépanné sur plein de concerts en 2010 parce que celui que nous avions à l'époque a commencé à être intermittent et il lui arrivait de nous annoncer la veille pour le lendemain qu'il ne pourrait pas jouer ce qui nous a poussé à annuler pas mal de concerts. Jaimé jouait dans un autre groupe locale et nous voyait annuler des dates du coup il nous a demandé de lui faire une setlist pour qu'il nous dépanne sur scène. En concert j'ai vu qu'il avait du charisme, qu'il dégageait un truc et que ça lui faisait vraiment plaisir de jouer avec nous, et puis ça sonnait. J'ai gardé ça dans un coin de ma tête et d'un autre coté le batteur vivait très mal le fait que notre bassiste ne soit jamais présent aux répétitions, pour lui un groupe est une famille et donc fin 2010 il nous a expliqué que cette situation le rendait triste et qu'il préférait arrêter les frais. Notre bassiste voyant que Jaimé faisait bien son boulot a décidé de quitter le groupe et l'a en quelque sorte de adoubé. Quand à notre nouveau batteur, John, il répétait dans les mêmes locaux que nous, il vient plus du hardcore mais au final il s'est très bien fait au style du groupe.



« Éviscérer Les Dieux », le nouvel album du groupe est sortit le 9 février dernier, peux tu le présenter à nos lecteurs qui ne l'aurait pas encore écouté ?



Pour faire court c'est un album de Hard Rock, Heavy Metal à l'ancienne, Melodic, avec des textes français entre guillemets « haut de gamme » (rire), il y a des jeux de mots, un recul par rapport à pas mal de choses. Je pense que la force du groupe réside dans ses textes, et puis si on aime le Heavy Metal traditionnel il y a aussi des solos de guitare que l'on peut apprécier si l'on est fan de Iron Maiden ou ces choses là. Je ne pense pas que ce soit un album passéiste pour autant, John apporte un son de batterie relativement moderne qui lorgne plus sur In Flames et cie... C'est un peu un mix de toutes ces influences, une sorte de Hard Rock à texte français sans les envolées haut perchées que l'on avait dans les années 80 mélangé à une batterie et un mixage assez actuel.



Si tu devais classer cet album par rapport au reste de la discographie du groupe, quelle place occuperait-il ?



Sur les trois albums je dirait que c'est le meilleure, c'est sans aucun doute le plus mélodique et en même temps le plus Heavy. Je trouve qu'il y a assez peu de groupe en France qui nous ressemblent et qu'on aime ou pas je pense qu'il faut défendre ça, il me semble qu'on a notre propre style. Ça va plaire aux vieux fans de Maiden avec des guitares à la tierce parfois, ça va plaire aux gens qui aiment les textes français un peu ciselé comme fait Ange ou Thiéfaine, ça va plaire à ceux qui écoutent Blasphème ou Manigance justement à cause des refrains qui te rentres dans la tête et puis on vend pas mal de disques de main à la mains après les concerts à des jeunes qui écoutent du Black Metal d'habitude. C'est assez marrant d'ailleurs parce qu'on arrive à vendre nos disques aux parents qui écoutent du Iron Maiden mais aussi aux jeunes qui sont plus porté sur Dimmu Borgir ou ces choses la.



Peux tu nous parler un peu de l'artwork de l'album ?



C'est une peinture d'un peintre romantique allemand de la fin du XIXème qui s'appelle Von Stuck. On la choisit parce que d'une part il était libre de droit et d'un autre coté je trouve qu'il reflète bien la musique de l'album, on a beaucoup de textes sur les femmes en général, les femmes guerrières, fortes, abandonnées, désespérées,etc... Tu vois j'ai 40 ans et j'ai fait un espèce de premier bilan et dans mon écriture il y a un coté un peu tragi-comique, un coté un peu ironique, drôle, et puis en même temps une sorte de réflexion sur la vie.



Justement tu disais précédemment qu'il n'était pas rare de voire de jeunes Black Metalleux acheter des albums de Messaline, d'un autre coté l'imagerie du groupe et notamment l'artwork peuvent faire penser à des artistes tel que Burzum qui reprend aussi d'ancienne peinture .



Oui c'est vrai, d'ailleurs entre la pochette qui peut effectivement rappeler des artistes comme Burzum, le titre de l'album qui est assez Black ou Death Metal et notre musique qui est quand à elle beaucoup plus typé Hard Rock , Heavy Metal, il y a au final un réel contraste. On voulait jouer un peu sur les clichés, avoir une pochette de Black avec un titre gore tout en faisant du Hard Rock Melodic j'ai trouvé ça marrant (rire).



Est ce que le groupe a été influencé par d'autres artistes lors de la composition de l'album ?



Oui, toujours un peu, il y a quelques clins d’œil, par exemple dans certains riffs on va retrouver du Uriah Heep ou du Maiden, le jeu de batterie est lui est plus orienté In Flames. Pour ce qui est de l'amplitude on a beaucoup écouté Spiritual Beggars, j'aime bien le travail de Michael Amott. D'un coté il fait du Metal extrême dans Arch Enemy avec de belles guitares, et de l'autre il arrive à faire du Stoner à la sauce Deep Purple des années 80. J'aime bien sa manière d'appréhender la musique, ça ne se ressent peut être pas forcément dans notre musique mais c'est vrai que Michael Amott est un musicien que j'aime bien.



Pour ce qui est de la composition en elle même, comment s'est elle déroulée ?



Je pense que l'on compose différemment que d'autres groupes, d'habitude on fait la partie instrumentale sur lequel on place les textes ensuite. Pour nous c'est l'inverse, j'arrive avec des textes finis comme ça le guitariste voit tout de suite si le texte va parler d'histoire et être tragique, ou encore des textes humoristique sur lequel il faudra donc utiliser des gammes un peu plus majeur, etc... On essaye de mettre la musique par rapport à l'orientation du texte.


Le processus de composition de Messaline est en faite assez proche de celui de Satan Jokers à l'heure actuelle avec la participation du Dr. Laurent Karila en tant que parolier du groupe



Oui, je pense qu'il y a un peu la même démarche, je trouve ça très intéressant le projet qu'a Renaud (Nb : Renaud Hantson chanteur de Satan Jokers) avec Laurent Karila. Quand on écrit des paroles, il y a une musicalité des mots et je pense que c'est plus à la musique de s'adapter aux textes.



Pourquoi chanter en français ?



Je trouve qu'il y a beaucoup de groupes français qui essayent de chanter en anglais avec un très mauvais accent et pour moi c'est ridicule, et deuxièmement quand ils réussissent à avoir un accent potable les textes sont souvent assez pauvres. On va me dire que dans le Rock il n'y a pas besoin d'avoir des textes très poussés, et bien oui et non, en tout cas si c'est pour mettre des textes à deux balles j'en vois pas l'intérêt et puis même je n'ai pas une assez grosse culture de l'anglais pour ça. Du coup quand tu retires ces deux éléments il ne nous reste que le français et le challenge est d'écrire des textes qui tiennent la route, si c'est pour faire des traduction de mimique anglaise du style « Come On Baby » etc... il n'y a pas d'intérêt non plus. On a pas choisit la voie de facilité en chantant en français parce qu'il faut d'abord faire sonner le français et surtout écrire des textes qui tiennent la route.



« Eviscérer Les Dieux », tout comme les précédents albums de Messaline, contient de nombreux jeux de mots, d'où te viens cette envie de jouer avec le langage ?



Je ne veux pas que l'on me prenne pour quelqu’un que je ne suis pas, c'est à dire qu'on me prenne pour un professeur de faculté qui assène ses cours d'histoire et donne ses bons conseils sur la vie. C'est pour ça que quand j'écris un texte historique même dedans je vais essayer de mettre un ou deux jeux de mots pour montrer que je ne me prend pas au sérieux. C'est toujours pour que l'on me prenne pour ce que je suis et montrer que quoi qu'il en soit il y a du fun dans tout ça. Certaines personnes n'ont d'ailleurs pas compris ça, d'après eux je la jouerait intellos, j 'aurai la grosse tête etc... mais pas du tout, d'où l'utilité de placer des jeux de mots. Si j'avais la grosse tête j'écrirais en anglais comme tout le monde, je prend des risques en écrivant en français, j'essaye de faire un truc bien mais attention, c'est QUE du Rock (rire). C'est aussi une manière de dégonfler toute l'entité qu'il y a autour. Ce qui tue le Hard en France c'est aussi ceux qui devraient se prendre la tête parce qu'ils ont du talent et qui au finale ne le font pas et puis ceux qui se prennent la tête mais qui au finale n'ont pas le talent pour. En faite le bon compromis c'est Satan Jokers, Renaud dans ses interviews il assume des trucs et je trouve qu'il a raison, ses albums sont bien foutus et il chante super bien. Je crois que c'est l'un des seuls mec en France dans le Hard Rock a être légitime pour dire ce qu'il dit, il y en a plein d'autres qui me prennent la tête (rire).



Comment définirais tu la musique de Messaline ?



Je dirai qu'il s'agit d'un Heavy Metal Melodic à texte français, je pense qu'il faut vraiment être ouvert pour écouter Messaline, mais normalement quand on est Haros on doit l'être. Le problème en France c'est que les gens ne sont plus trop curieux, je pense que notre disque a sa place dans le paysage Hard-Rock français.



Est-ce que tu as eu des retours du publique ou des médias par rapport à l'album ?



Des médias pas vraiment mais dès sa sortie nous avons fait un concert Sold-Out avec Ange, le soir même nous en avons vendu des cargaisons entières. Le lendemain nous avions reçut des mails dans lesquels ceux qui avaient acheté l'album nous disaient que nous avions notre propre style et que c'était assez rare en France, Messaline fait du Messaline. Me dire que l'on a notre propre style est le plus beau compliment que l'on puisse me faire. Osez l'écoute de Messaline ! Ce n'est pas forcément l'album sur lequel on va se précipiter vu le nombre de CD qui sortent chaque mois mais si avec curiosité on prend un peu de temps pour écouter le disque on peut être surpris.



As-tu des influences extra-musicale ?



Des influences de lectures surtout, j'aime bien l'écriture et l'humour de Pierre Desproges, sinon les Monty Python, Les Nuls, la grande époque Canal avec DeCaunes, le dessin de presse, Charlie Hebdo et tout ça... Coté cinéma ça va aller du Polar au « Seigneur Des Anneaux » parce que j'adore Peter Jackson, je l'avait découvert en 1988 en VHS chez un ami avec son premier film « Bad Taste », rien qu'à l'époque je le trouvait géniale, et le voire réussir comme il l'a fait sur le « Seigneur Des Anneaux » ça me fait vraiment plaisir. D'autant plus qu'à l'époque hormis un magazine de série Z qui s'appelait Mad Movies aucun médias ne l'avait soutenu. C'est un peu la même choses dans l'industrie du disque, les médias passent à coté de trucs mais dès que le groupe devient un peu connu et que tout le monde aime, ils en parlent. Des fois j'aimerai que ça bouge un peu plus.



D'autres projets à venir ?



On va continuer à écrire, là on a les deux premiers titres du prochain album, on ne veut pas sortir un disque tout les quatre ans donc on va s'y atteler. Peut être que l'année prochaine on va sortir un live, le concert du 9 février a été enregistré et les bandes sont bonnes. Comme il y a plein de titres du nouvel album mais aussi des titres plus anciens joués avec la nouvelle formation, il y a un beau live à faire donc on fera sûrement patienter l'année prochaine avec un live et on ressortira un album dans les deux ans à venir. Au mois de mai on va jouer au Hard Rock Rendez Vous à Fismes, on a 5 dates de prévu en juin dans notre coin.



Un petit mot pour donner envie à nos lecteurs de suivre le groupe ?



Il faut être curieux, on vit dans un petit microcosme, il ne faut pas ranger les groupes dans des cases. Si celui qui écoute du Black ne va pas écouter du Heavy ou vice versa on s'en sortira pas, c'est ce qui s'appelle être éclectique.



Merci d'avoir répondu à nos questions et bonne continuation




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