Chronique | Eternal Tears Of Sorrow - "Saivon Lapsi" : Entre conte fantastique et musique au cœur sauvage
Eternal Tears Of Sorrow - "Saivon Lapsi", 2013
Tracklist
1. Saivo
2.Dark Alliance
3. Legion Of Beast
4. Kuura
5. Dance Of December
6. The Day
7. Sound Of Silence
8. Beneath The Frozen Leaves
10. Blood Stained Sea
11. Angelheart Ravenheart (Act III : Saivon
Lapsi)
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Eternal Tears Of Sorrow est un groupe finlandais créé en 1994. Le combo officie dans un style qui lui est propre, à savoir un death mélodique et symphonique avec des passages de chant black metal , avec présence de chœurs et de chants clairs. Une autre particularité de ce groupe, est d’avoir fait très peu de concerts depuis sa création. Le groupe a sorti plusieurs albums studio, « Sinner’s Serenade » en 1997, puis « Vilda Mannu » dans la foulée l’année suivante. Sortira ensuite l’album « Chaotic Beauty » en 2000, un tournant dans l’histoire du groupe, les compositions auront un côté symphonique et mélodique beaucoup plus assumé, un son plus travaillé et très propre. L’année suivante le groupe pond encore un album, intitulé « A Virgin And A Whore », son album référence où les claviers et les solos de guitare déferlent, révélant des influences nordiques pleines de poésie et de mélancolie. Eternal Tears Of Sorrow restera ensuite muet 5 ans, pour enfin révéler « Before The Bleeding Sun », qui s’inscrit dans la lignée de son prédécesseur, un album mélodique avec beaucoup de solos, d’orchestrations, ponctuée d’un chant black metal, la galette mêlant claviers et rythmes plus ou moins soutenus. En 2009, sortira Children Of The Dark Waters, qui confirme le style d’Eternal Tears Of Sorrow, un parfait équilibre entre voix écorchées, voix claires et chœurs, lignes mélodiques et atmosphériques omniprésentes. Ainsi nous voilà en 2013, Saivon Lapsi se présente avec la lourde tâche de confirmer, et de garder la discographie d’Eternal Tears Of Sorrow immaculée et sans faute. Pour cet album, le line-up est le même que pour Children Of The Dark Waters à savoir : Altti Veteläinen au chant et à la basse, Jarmo Puolakanaho à la guitare, Mika Lammassaari à la guitare, Janne Tolsa aux claviers et Petri Sankala à la batterie. Saivon Lapsi est donc attendu comme un album de très grande qualité, qui devra innover tout en conservant ce qui fait l’essence du groupe. Tout un programme.
On peut noter tout d’abord que le titre de cet album « Saivon Lapsi » est en finnois, il se traduit par « L’enfant de Saivo », le Saivo étant le monde des morts dans la mythologie Saami, où les esprits des défunts vivent en parfaite harmonie avec la nature et leur mode de vie passé. La pochette de l’album représentant le lac, accès menant au monde du Saivo, le thème de l’album est d’ores et déjà clair. Dès la première écoute on constate tout de suite une continuité avec « Children Of The Dark Waters », la musique d’Eternal Tears Of Sorrow évolue, les passages à rythmes soutenus sont présents mais ne sont pas principaux, les voix claires sont plus mis en avant, tout en gardant cette grande présence mélodique et atmosphérique par le biais des guitares et du travail de Janne aux claviers. On remarque également encore une voix féminine, très similaire à celle utilisée dans d’autres chansons d’albums précédents telles que « Sinister Rain ». Cependant, ces choix musicaux ne dénaturent pas la musique du groupe, au contraire, on a une sensation d’épuration des compositions, une sensation de maturité artistique également, les morceaux s’enchaînent sans aucun artifice, avec une déconcertante impression de naturel, rien n’est exagéré ni forcé, ce qui encourage à écouter l’album entier plutôt que de naviguer entre les chansons. Impossible donc de ne pas évoquer tous ces morceaux dans l’ordre.
Plonger dans le lac et rejoindre le Saivo, c’est tout le but de cette intro, et déjà les premières notes de « Dark Alliance » viennent rompre cette ambiance trop paisible, la magie elle, est préservée, Janne y est pour beaucoup, le synthé et les chœurs nous emmènent déjà dans une forêt sauvage que nous ne quitterons pas de tout l’album, nous sommes seulement à la deuxième chanson et l’album n’aura pas attendu pour révéler toute sa qualité, un retour à l’intro en fin de morceau pour conclure une parfaite entrée en matière. La forêt prend vie au fur et à mesure que « Legion Of Beast » progresse, des chœurs lancinants comme des cris d’animaux sauvages au loin, des claviers offrant une dimension irréelle et fantastique, des passages solos à la guitare d’une beauté saisissante, ce troisième morceau, comme un hymne à la vie sauvage qui vient s’enraciner dans notre esprit. Un hymne qui aura attiré la faune de la forêt à nous rejoindre, ce sont les oiseaux qui accompagnent la guitare acoustique au début de l’interlude « Kuura », le calme s’installe provisoirement. Puis la symphonie reprend, la forêt se couvre de blanc pour « Dance Of December », claviers et guitares se répondant mutuellement tout au long de la chanson, pour le plaisir de nos oreilles, Janne nous offre ses meilleurs atouts au clavier de l’album, on en redemande. « The Day » où le jour qui s’achève sur la forêt, les chants clairs sortent de leur tanière, chant semblable au chant de Jari Mäenpäa de Wintersun, qui nous transporte toujours plus loin et annonce le crépuscule. Puis la nuit tombe, un calme glacial envahit la forêt, une douce poudreuse a recouvert le sol, douce comme cette voix féminine dans « Sound Of Silence » et douce comme cette mélodie au piano, qui peut aux alentours des 3 minutes rappeler le début de « La Dryade » de Gris, c’est dire de la beauté de ce morceau. La forêt à l’aurore reste de glace, la très aboutie «Beneath The Frozen Leaves » nous amène à contempler la beauté de cette nature d’une incroyable pureté, préservée. Un morceau nettement plus soutenu, la batterie et la double pédale prennent brièvement le dessus, avant que « Swan Saivo » et ses mélodies féeriques ne reprennent les commandes, les chants clairs et saturés répondront aux solos de guitare, le tout dans une harmonie presque surnaturelle. Au bord du lac, nous voilà déjà bientôt à la fin de notre voyage au sein du Saivo, « Blood Stained Sea », vient légèrement assombrir ce tableau en effet l’atmosphère tout en restant fantastique, devient un peu plus menaçante. Ce morceau, le moins réussi de l’album du fait de son léger manque de mélodies, reste tout de même dans l’optique de la galette. « Angelheart Ravenheart (Act III : Saivon Lapsi) conclut à la perfection ce voyage, une composition très riche et inspirée, la chanson la plus réussie sans aucun doute, à l’image des Act I et II, qui vient donc terminer l’album de la meilleure des manières.
« Saivon Lapsi » est un album qui s’écoute comme on lit une histoire, le groupe s’est montré à la hauteur comme à son habitude et nous a délivré un album d’une très bonne qualité, qui tutoie la perfection sans pour autant l’atteindre. Un opus qui n’est pas parfait certes, mais d’une qualité largement au-dessus de la moyenne, notamment grâce au travail exceptionnel de Janne, Eternal Tears Of Sorrow nous habitue à cultiver notre exigence tant leurs précédents albums ont placé la barre haut, en effet la qualité est au rendez-vous, mais les finlandais n’ont toujours pas fait mieux que « A Virgin And A Whore ». « Saivon Lapsi » aura donc tenu ses promesses et la discographie du groupe reste encore sans faute, un album qui se présente comme une des meilleures sorties de l’année.
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