Chronique | Contre Jour - "Passion and Fall" : Open minded Cold Wave

Contre Jour - "Passion and Fall", 2013

Tracklist

01.  The Fall

02.  Nonsense

03.  A Step Forward (extrait à écouter)

04.  85

05.  Enfance

06.  Understanding

07.  Les Appelés

08.  Mirage

09.  Diseased

10.  Rosalia

11.  Old Age

12.  Our Medicine
13.  Wild

14.  Bittersweet

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Contre Jour est un trio Cold Wave de la région niçoise. Si un style musical demeure encore plus méconnu du grand public que le Metal c’est bien celui-ci et c’est donc sans surprises que les musiciens que l’on rencontre dans ce milieu sont, en plus d’être passionnés par leur job, bien souvent des artistes pluridisciplinaires. Depuis la sortie de son premier album One Night at the Station début 2011 le groupe a connu certains mouvements de line-up : l’arrivée d’Emmanuel D’Auzon (guitare, claviers, Photoshop), frère d’arme de Christof Méoni (basse, claviers, prog.) au sein de Garçons Coiffeurs, mais aussi le départ de Greguy Leodocard, claviériste du groupe depuis sa création sous le patronyme de Neptüne.

Tout d’abord, il faut bien admettre que le CD de Passion and Fall donne envie : l’objet en lui-même est sympa, le booklet est bien fichu, les paroles de chaque chanson sont accompagnées d’une photo d’ambiance, l’ensemble devrait donner le ton de ce qui nous attend. Ah oui… 14 chansons au total !

L’album débute avec « The Fall » : les accords de guitare se mêlent aux sons de clavier, la voix cristalline de Roxane se pose parfaitement sur ce morceau sombre et froid à souhait qui me rappelle le premier album du groupe anglais Switchblade Symphony ; le titre est une parfaite entrée en matière. « Nonsense » poursuit dans la même veine avec son refrain consolidé par des chœurs masculins savamment placés et ses accords de guitare qui apportent une ambiance Post Punk parfaitement travaillée.

« A step forward » dont le clip autoproduit tournait déjà sur Internet depuis un certain moment serait certainement le titre que je ferais écouter à quelqu’un a qui je voudrais faire découvrir Contre Jour, ne serait ce que pour son refrain pêchu et entrainant. Il est clair que les membres du groupe ont cherché à jouer avec l’énergie intrinsèque du morceau, la contenant par moments et la libérant au moment le plus opportun. Un morceau d’une telle qualité devrait selon moi permettre au groupe de passer à la vitesse supérieure par le biais de samplers dans la presse spécialisée… nous verrons bien.

« 85 » commence de manière étonnamment atmosphérique avant de basculer dans la Synthpop. Le type de sonorités employé m’a même fait penser au duo japonais Capsule. Même si la guitare est toujours présente, les sons électroniques ont ici la part belle ; l’ambiance propre à Contre Jour reste néanmoins intacte, la voix de Roxane apportant comme à l’accoutumée son lot d’émotion. L’album se poursuit sur un titre ambient, « Enfance », peut être le premier de l’album à s’éloigner du côté dark du registre Cold Wave classique pour se diriger vers une Electro qui pourrait rappeler les débuts de M83. « Understanding » explore lui aussi un registre plus soft, plus ambient, et probablement plus accessible à un public mainstream.

Retour dans le vif du sujet avec « Les appelés » et ses synthés aux sonorités 80 (très) affirmées. Ici les paroles sont en français et dans ce nouveau registre la voix de Roxane prend peut être encore plus d’ampleur. Un peu à la façon de « A step forward » on a ici affaire à un titre tellement entraînant qu’on ne peut faire autrement que de le laisser nous imprégner pour mieux l’apprécier et ce jusqu'à la dernière note.

Le court instrumental « Mirage » et ses arpèges de guitare arabisants teintés d’un chorus du plus bel effet servira de transition jusqu'à un « Diseased » aux sonorités Folk qui plaira certainement beaucoup aux fans de Mike Oldfield. Le titre suivant, « Rosalia », doit son originalité au fait qu’il s’agit d’un poème mis en musique. Le morceau, accentué par un beat à la limite du Dubstep, prouve une fois de plus que Contre Jour est capable de s’approprier les éléments de styles musicaux divers et de les intégrer à sa propre musique sans y perdre en cohérence. Pour ceux qui s’interrogeraient sur l’origine du titre de la chanson, Rosalia Lombardo (1918-1920) était la fille d’un général italien morte d’une leucémie à l’âge de 2 ans et dont la momie particulièrement bien conservée est toujours visible dans les catacombes du monastère des capucins de Palerme.

« Old Age » opère le retour de la face Electro/Rock sombre de Contre Jour avec son intro au piano et ses sons qui font penser à des hurlements de loups. Le son de guitare typique Post Punk voire Batcave de Manu et la voix éthérée de Roxane nous replongent dans les grandes heures de la scène Dark Wave des années 90. « Our Medecine » est, un peu à l’instar de « Understanding », un titre accessible aux non initiés bien que plus orienté guitares que ce dernier.

« Wild » confirme que l’album se conclura comme il a débuté, sous le signe d’une noirceur certaine. Les guitares en son clair comme saturé appuyées par les nappes de clavier pesantes fournissent l’assise nécessaire à la voix pour que cette dernière puisse prendre son envolée. L’album se conclut avec « Bittersweet » un titre rapide et pêchu aux claviers totalement débridés... et si vous pensiez que ça s’arrêterait là, c’était sans compter sur l’outro Electro/Dark/Ambient qui surgit après un blanc de 6 minutes 30.

Soyons honnête : ce Passion and Fall justifie très largement le délai écoulé depuis One night at the Station en termes de travail fourni : 14 titres (15 en fait) qui proposent tous un travail de composition particulièrement riche et intéressant. Les morceaux sont étonnamment variés, et si certains peuvent être classés dans un même registre musical, chacun a sa propre identité et reste unique. A propos d’identité, je pense néanmoins que Contre Jour continue de se chercher. En effet, même si tous les éléments sont déjà là en termes de capacité de travail, de talent et d’inspiration ; même si une patte est déjà présente, en grande partie grâce au timbre de voix de Roxane, le groupe va à mon sens devoir faire converger tous ses atouts s’il souhaite se forger une personnalité unique.

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Auteur : Joel