Si
le dimanche est le soit disant jour de repos du Seigneur, quel
meilleur jour pour organiser un concert peuplé d'hérétiques et de
pourfendeurs de vertus ? En ce 27 janvier 2012, c'est
Maleficentia qui se propose de « déchaîner les enfers »
(comme le dit si bien leur manager). La bataille aura lieu dans un
bar de Belleville, qui pourrait passer inaperçu si ce n'était par
la présence de chevelus et de barbus aux aspirations païennes
confirmées, dont certains grands noms de la scène Black Metal
française venus soutenir leurs confrères. Le temps de passer
prendre le dernier Ave Tenebrae au Merch' de Battle's Beer et de se
siroter une bière, on loupe le début du concert. Nous qui voulions
faire un live report sérieux, on est bien partis. Bienheureusement,
une âme charitable avait eu la présence d'esprit de filmer avec son
portable. Je pense qu'en tant que chroniqueur, je débute très bien
ma carrière, pas vous ?
NEPTRECUS
C’est
ce soir Neptrecus qui ouvre le bal, avec « Prélude »,
une introduction qui aurait pu être plus percutante, si le quatuor
s’était retourné pendant la sample de manière plus expressive,
et enchaînant peut-être plus rapidement sur la partie instrumentale
du morceau. Toutefois le groupe à réussit à imposer son style, un
Black Metal puissant, aux touches parfois nébuleuses et au son
froid, que l’on retrouve dans des titres comme « L’aube du
Déclin », un morceau quelque peu répétitif mais assez
efficace. On remarque rapidement que la source d’inspiration de
leur parolier «Claiomh » est l’Antiquité, à l’annonce de
titres tels que « Fiers Gaulois » et « Magna
Grecia ». En ce qui concerne la disposition scénique, j’ai
été surpris de voir 3 micros, qui furent bel et bien utilisés, et
qui n’ont pas fait que soutenir le chant de « Svarga »
(guitariste, chanteur et compositeur du groupe), puisque l’on a vu
« Morne », leur bassiste (et chanteur de Septentrion) se
démarquer grâce à ses cris. Quant au jeu de scène, même si cela
n’avait rien d’extraordinaire, on remarquait que « Svarga »,
dès qu’il n’était pas pris par son micro, essayait de bouger
dans la petite scène, tout comme « Morne » à sa gauche.
On peut reprocher à « Arawn » le guitariste d’être
resté assez statique durant le set, bien que son jeu soit très
propre et qu’il ait assuré ses Backing Vocals. C’est donc une
bonne première partie qui nous a été proposée ce soir-là, même
si j’ai trouvé que le groupe n’a pas établi assez de contact
avec le public. La première et réelle intervention se fait après
dix minutes de set, où le public va suivre les cris du chanteur. S’y
prendre plus tôt aurait peut-être réveillé un peu plus le public,
qui a néanmoins été assez satisfait de ce set. Leur album « L'aube
du déclin » est sortit le 31 janvier.
Setlist :
- Prélude
- L’Eternel Sablier
- Fiers Gaulois
- Magna Grecia
- Au royaume de Neustrie
- 406 : les Grandes Invasions
- Auld Alliance
- L’aube du Déclin
De
gauche à droite : Arawn, Swarga et Morne. Photo prise par Metallic live.
CREEPING
FEAR
C’est alors que les franciliens de Creeping Fear envahissent la salle désormais bondée du Paris Poppins. Le quatuor est le seul groupe de Death Metal de la soirée. Alors que la mélodie saturée d’ « Unleashed » se mélange peu à peu à des riffs de plus en plus agressif, le chanteur s’avance et présente le groupe avec énergie : Creeping Fear ne sont pas venus pour faire dans la dentelle. La formation enchaine directement sur « Carved by Hate ». Si le riff d’introduction de cette chanson peut sembler « déjà vu », le son n’en reste pas moins efficace et la présence scénique des membres rends le show très agréable. Le sous-sol est donc très vite investi par tous les membres, qui n’hésitent pas une seconde à bouger et à headbanguer. Après une petite pause due quelques problèmes de batterie, j’ai apprécié l’humilité du chanteur, qui remerciait le public pour la deuxième fois. Et il y avait de quoi se réjouir, le Paris Poppins était bien rempli (86 places vendues). Ils enchaînent ensuite avec « Flag Still Burning », toujours aussi énergique que la précédente, et sur laquelle ils n’ont pas manqué d’inciter le public à gueuler avec eux, ce qu’ils auraient pu faire plus d’une fois, vu le caractère entraînant des riffs. La formation francilienne déclenchera tout de même le premier pogo de la soirée, même s’il est dommage que ce dernier ai eu lieu sur une reprise de Sepultura (Troop of Doom), et non pas sur une de leur compositions. Creeping Fear est un groupe présent scéniquement, avec un leader charismatique et humble, un son propre, et des morceaux carrés. Avec un public plus tourné vers le Thrash et le Death, l’ambiance aurait été sans doutes plus musclée. La démo de Creeping Fear « Unleashed » est téléchargeable gratuitement depuis leur page Facebook.
Setlist :
- Unleashed
- Carved by hate
- Flag still Burnin
- Pull the Plug (reprise de DEATH)
- Sons of destruction
- Sentence of Death
- Troup of Doom (reprise de Sepultura)
Clément,
chanteur et guitariste de Creeping Fear. Photo prise par Metalliclive.
NORMANNORUM
Débarquent
maintenant les normands (vous m’excuserez le jeu de mot) de
Normannorum. Ce groupe de Black pagan qui s’inspire de la culture
et de la mythologie Normande, se détache des autres, puisque son
chanteur sera le seul de la soirée à ne pas avoir une guitare dans
les mains. On se demande alors si sa présence scénique sera
conséquente. Contrairement aux autres formations, la présentation
se fera de manière un peu brusque, pas de sample (comme pour
Neptrecus), pas d’introduction instrumentale (comme pour Creeping
Fear). Le chanteur s’avance et introduit le groupe ainsi que leur
première chanson. « Lune Sauvage Hivernale » démarre
donc sur une mélodie jouée à la basse plutôt appréciée, sur
laquelle le chanteur aurait très bien pu faire les présentations.
S’ouvrent alors les hostilités sur des power chords puissantes à
souhait. On découvre peu à peu un bassiste qui investit le peu
d’espace qu’il a et un chanteur assez expressif, ayant une
palette de mouvements plutôt soignés et réfléchis. Et si on ne
peut dire qu’il a fait le tour de la scène, on ne peut pas non
plus dire qu’il en avait la possibilité : Normannorum est le
seul Quintet de la soirée. Malgré quelques problèmes de micro, on
est très vite captivés par le son des normands, qui nous rappelle
aussi bien nos français de Himingbjorg, que les norvégiens de
Kampfar. Je dois avouer avoir été très surpris par la prestation
du chanteur, qui en plus d’alterner sans problème chant Black
Metal et chant Lyrique, chantait juste ! On peut affirmer sans
conteste que le Quintet Normand a su charmer le public français, qui
accompagna le chanteur dans ses refrains lyriques. Il ne fallut pas
attendre la fin du set pour que l’envie de se cogner les uns les
autres au son d’hymnes païens ne se fasse ressentir.
Setlist :
- Lune Sauvage Hivernale
- Berserkgang
- Jumièges... et nous vînmes
- Sacrifier les faibles
- Corbeaux sur oscellus
Erik,
chanteur de Normannorumn. Photo prise par Metallic live.
MALEFICENTIA
La
mort enveloppe soudainement la salle d’une aura de Respect. C’est
sous les cris des corbeaux de « Under the banner of the
Suffering » que les doyens s’installent. A leur râle se
mêlent le choc des épées, et la complainte des écorchés. Il y a
quelque chose de spécial dans le son de Maleficentia. Le Black metal
Symphonique dans toute sa splendeur : des samples majestueuses,
des riffs puissants et frénétiques… Le groupe nous offrira deux
titres en exclusivité : « Let the Vultures sing my
empire » et « Toward the Crimson Ruins ». Bien
qu'il soit dur de juger ce quatrième album (dont le groupe vient de
finaliser la composition) en n'ayant écouté ces titres qu'une fois
et en live, on peut affirmer qu'il s'inscrit dans la lignée de ses
prédécesseurs, au moins aussi brutal et lugubre que le troisième
(Revelation from the Ancestral Whisper). En ce qui concerne
l'ambiance de la salle, il y en a eu pour tous les goûts. Si le
début s'est annoncé plutôt calme, une fosse s'est rapidement
formé, et je dois avouer avoir été plutôt content de voir le
bassiste d'Ave Tenebrae bouger frénétiquement avec nous. Alors oui,
cela a du en gêner plus d'un, vu la taille de salle, mais ce sont là
des risques évidents quand on va à un concert de Black... non ?
Côté scénique, Maleficentia reste assez classique, comme ses
confrères Blackeux de la soirée. On regrettera tout de même
qu'Aragoth, le guitariste, soit resté assez statique, contrairement
à Daevhorn (le frontman) qui a un jeu de scène bien plus expressif.
C'est sur « Toward the Crimson Ruins » que le groupe nous
fini son set, alors que le public en redemande.
Setlist :
- Under the Banner of the Suffering
- Through the mirror of Flesh
- Let the Vultures sing my empire
- Forgottent Sanctuary
- In the shadow of the labarum
- Maleficentia
- Revelation of the ancestral whisper
- Toward the Crimson Ruins.
Daevhorn,
chanteur et guitariste de Maleficentia. Photo prise par Vassi Asjac.
Bien
que l'on puisse reprocher aux groupes de ne pas avoir tenté de
repousser les limites de cette salle du Paris Poppins, on ne peut pas
affirmer que ce fut une soirée ennuyante et bercée par
l'indifférence. Nous avons eu affaire à des prestations honorables
de la part de chaque groupe, et bien que certains sets furent
entachés de certaines imperfections, cette salle transpirait de
potentiel. Si l'éclairage laissait à désirer (projeter des petits
points de lumière rouge, verte et bleu en même temps sur un
musicien n'est pas artistiquement intéressant de mon humble point de
vue), cela n'a apparemment pas empêché certains photographes de
capturer des moments pleins d'action. Nous n'avons plus qu'à
attendre et observer l'évolution de ces groupes, semblant avoir tous
les moyens nécessaires pour gagner en renommée.
Remerciements :
- Metallic live
- Vassil Asjac
- Lenny Kaziou
- Morgan Von Feuster
- Jules
Teyant
Groupes:
Commentaires
Enregistrer un commentaire