Chronique | Voight Kampff - "More Human Than Human" : les androïdes rêvent-ils de moutons électriques ?


Voight Kampff - "More Human Than Human", 2012

Tracklist

01. Strange Obsessions
03. Unicorn
04. Emotional Response
05. Dangerous Days
06. I Am the Business
07. In the Name of God
08. Tannhäuser Gate
09. Fatalist
10. You're so perfect
11. World War Terminus
12. Prodigal Son 

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« More human than human » : c’est la devise de Tyrell Corp, la société qui fabrique les réplicants dans l’excellent Blade Runner de Ridley Scott sorti en 1982, lui-même adapté de la nouvelle "Les androïdes rêvent-ils de moutons électriques ?" de Philip K. Dick publiée une quinzaine d’année plus tôt. Voight-Kampff est le nom du test mis au point pour démasquer les réplicants qui essaieraient de se fondre dans la masse des êtres humains. Tout ça pour dire qu’on a clairement affaire à des fans de (bonne) science-fiction et accessoirement à un concept-album autour de ce film mythique.

Comme on pouvait presque s’y attendre, l’intro est faite pour nous plonger dans l’ambiance : mélange de chœurs et de sons électroniques, bruits d’ordinateurs, de machines futuristes… Bienvenue en 2019 (enfin 2019 tel qu’on l’imaginait dans les années 60). « Cityscape horizon » donne le ton : on a affaire à un Thrash/Death hyper carré et maitrisé : des riffs nerveux, un tempo soutenu, une voix qui ne manque pas de personnalité. Une chose est certaine : ces mecs-là n’en sont pas à leur coup d’essai. Du côté des influences, on citera principalement Coroner mais aussi Death : le solo à la fin du morceau semble tout droit sorti de Indivudual thoughts patterns. Chose également appréciable : pas de samples qui, sous prétexte de donner un côté futuriste, viendraient enlaidir le morceau.

« Unicorn » est une courte transition (il y en a plusieurs qui parsèment l’album) qui nous mène à « Emotional response », un morceau taillé pour la scène. Les harmonies s’imbriquent parfaitement dans les riffs, le solo à deux grattes est juste génial : c’est speed, c’est mélodique, forcément technique, mais ça reste au service du morceau, ça ne cherche pas à le phagocyter. Idem pour « Dangerous days » qui ne laisse pas de répit à l’auditeur : des riffs Thrash hyper rentre-dedans sur lesquels volent des mélodies tranchantes comme des lames de rasoir.
« In the name of God » est une tuerie de plus (décidément !) avec son passage au clavier et son refrain incontournable. Sur « Tannhaüser gate » Ramon s’essaie à la voix claire et ça fonctionne plutôt pas trop mal même si… ce n’était à mon sens pas quelque chose d’indispensable. Riffs bien Thrash, harmonies maîtrisées et solos “ni trop ni trop peu” le tout emmené par une batterie irréprochablement carrée, c’est semble-t-il le crédo que s’est fixé Voight Kampff et on ne peut que s'en féliciter.

Le dernier morceau, « World war terminus », est lui aussi un petit bijou où l’esprit créatif du guitariste s’en donne à cœur joie jusqu’à un climax néo-classique aussi inattendu qu’efficace avant de se terminer en une apothéose combinant mélodie et agressivité. « Prodigal Son », l’outro de l’album, reprend la même formule que l’intro et nous servira de sas de décompression pour sortir de l’écoute de ce More human than human.

Pour son premier album, on peut dire que Voight Kampff transforme l’essai. Le groupe a réussi le tour de force de composer des morceaux autour de riffs dans un registre clairement Speed/Thrash tout en sonnant résolument moderne. La production est parfaitement à la hauteur, un peu froide si on la compare à celle des grosses pointures américaines mais c’était vraisemblablement l’effet recherché. Un point qu’il est important de ne pas occulter est que l’album est disponible en digipack auprès du groupe pour seulement six euros à un tel prix n’hésitez pas à vous jeter dessus.

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Auteur : Joël

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