Chronique | XCIII - "Majestic Grief" : une ode au spleen et au romantisme


XCIII - "Majestic Grief", 2010 (Démo)

Tracklist

02. Léthé
03. Hibernal Sadness
04. Revocation

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XCIII est un groupe français qui pourrait s'apparenter au Black Doom Metal Atmosphérique originaire de Nice, fondé en 2009 sur les cendres de Forlon Hope dont il veut être la continuité.
Le nom du groupe, XCIII est le numéro du poème ''A une passante'' de Charles Baudelaire, dés lors que l'on connait la signification du nom nous nous attendons à replonger dans un romantisme du XIXème siècle, ce qui pourtant pourrait plutôt coller avec une image gothique plus que Black Doom Athmo.''Majestic Grief'' est le nom de leur Démo sortit en 2010 celle ci est la première production du groupe, depuis ils ont sorti cette année un Split, ''Nocturnal Promenade'' avec Abyss Cerebrum ( Black Metal Niçois ).


L'atmosphère ancienne est perceptible dès les premiers moments de l'album avec ''Ode'.' Le morceau ne possède pas un début musicale qui introduirait l'album, mais avec le grincement d'une porte ancienne puis le bruit de pas marchant sur du bois. Peu après le piano commence à jouer comme Si l'homme était entré en son manoir et S'était installé pour jouer. Le piano se fait rapidement accompagner par un violon, le duo de Ces deux instruments déjà bien connu de nombreux groupes dégage pourtant une atmosphère unique.
Cela est dû à leur maitrise et à la qualité musicale mais surtout par l'impression qui se dégage à l'écoute de ceux-ci. Bien qu'ils jouent ensemble et s'accordent à merveille, le sentiment qui nous envahi est celui de deux âmes liées qui jouent loin l'une de l'autre, et que, par magie, leur musique s'élève pour se rejoindre et n'en faire qu'une.
Par la suite une voix claire rentre. Alors que le piano joue inlassablement les mêmes notes, créant une atmosphère oppressante, la batterie vient alourdir celle ci. Elle ne tarde pas à être rejointe par la guitare électrique avec des riffs lents pour augmenter cette oppression qui laisse par la suite place à une guitare sèche aux notes claires. Cet enchainement musical continue avec un hurlement typique du chant Black Metal qui fait juste un passage sans rester, symbole de cette souffrance extériorisée.


''Léthé'', second morceau de cet opus nous sort de cette douce mélancolie. Bien que ce titre soit plus violent que le précédant, celui ci commence avec la douceur d'une guitare sèche qui va contraster avec l'entrée de la guitare électrique. On assiste alors à un duo de guitares qui mélange sonorité Métal et acoustique. Ce mélange est la marque de fabrique du groupe et on assiste à toute son étendue dans ce morceau. On retrouve ce contraste également dans la voix où le chanteur alterne chant clair, calme et un chant guttural puissant. Les rythmes, lors de ces alternances sont à l'image de la voix. Lorsque c'est le chant Black Metal la guitare électrique est présente et enchaine les riffs, simples mais efficaces, la batterie quant à elle passe aisément entre les parties lentes ou vives, ce qui rend la transition moins brute.
Les instants plus calmes sont accompagnés de la guitare sèche mais également de la batterie. Les deux styles possèdent la même mécanique, comme le positif et le négatif de cette âme en peine. Chaque partie possède une touche de son opposé. Dés lors on retrouve une touche douce lors des passages violents avec un chant féminin ou le piano, et dans les douces la batterie qui est présente avec son calme pesant. La voix contraste avec le concept de Metal car elle correspond plutôt à une voix Darkwave languissante empreinte de Spleen. Dans ce morceau la souffrance est extériorisée de façon violente et mélancolique,dans un subtile mélange qui correspond à chaque humain.


Après les quelque mots qui clôturent le morceau précèdent nous laissant sur notre faim, ''Hibernal Sadness'' débute avec une atmosphère lugubre procurée par le bruit du vent, ce rappel à la nature que l'on avait également sur 'Léthé'' avec le grondement du tonnerre. Ses touches naturelles ne sont pas sans rappeler le Romantisme du XIXème siècle où la nature tient une place importante tout comme dans le déroulement de ce morceau. En effet le vent clôture ce morceau comme il le débute, l'homme est encerclé par cette nature incontrôlée.
Le tempo est calme et pesant durant toute la durée de ce titre, on retrouve ici toutes les caractéristique du Doom. On retrouve également le duo des deux guitares sèches et électriques souvent utilisé par le groupe au travers de sa musique. Celles ci se trouvent être plus présentes avec quelques passages, ou chacune d'elle prend la place principale sans être gênée par l'autre, qui se trouve relayée au second planD. Nous retrouvons également ce concept avec la voix. Le chant gutTural est quant à lui profond et calme et s'accorde avec merveille à cette ambiance pesante soutenue par un violon languissant et un piano insistant. On se retrouve au milieu d'un duel entre un esprit sain et un autre en proie à la folie. Nous nous retrouvons plongés dans le monde Mélancolique et tourmenté où XCIII désire nous mener.


Le contraste est frappant entre le reste de l'album et le dernier morceau “Révocation”. La voix claire masculine a disparu et laisse place à une voix féminine qui fredonne. Cette voix devient un instrument à part entière.
A l'écoute de ce morceau une certain impression d’abandon nous envahit. L'introduction avec un bruit de foule puis la musique qui prend la place de ce murmure de vie humaine, laisse place au violon et aux restes des instruments accompagné de ce clair fredonnement. Le chant masculin se trouve accompagné d'un écho qui produit cette sensation d'isolement, comme si seule la solitude était apte à répondre. Les instruments ne détonnent pas par rapport aux morceaux précédents, en revanche le violon tient une place plus importante durant l’interprétation de celui ci. Les autres instruments ne font qu'accompagnement, surtout la batterie qui a encore pour but d'alourdir l'ambiance.
La fin du morceau et donc de l'album tient un place importante au sein de cet opus. Après ce que l'on pourrait penser être une fin calme est douce, un blanc de quelques secondes s'écoule... Puis un rire éclate. Celui ci met fin au périple de cette âme, qui semble céder à la folie.


Dans cette Démo, XCIII nous livre un travail original qui mélange de nombreux styles allant de la Darkwave au Black Metal. Ce mélange dénote des nombreux groupes qui évoluent dans le style Atmosphérique. Cela aurait pu porter préjudice a ce groupe car le mélange est un exercice périlleux, mais cela ne fait que sublimer cette atmosphère tourmentée car les styles mélangés sont connus pour cette ambiance.

''Majestic Grief'' nous transporte à travers les limbes d'une âme qui nous vient tout droit du XIXème siècle, tout le long de cet album nous suivons le plongeons de celle ci vers la folie au travers de la musique, celle ci symbolisée par le chant guttural qui prend de plus en plus de place au fil des morceaux.  Le groupe porte haut l'idéologie de son nom, et retranscrit en musique ce Spleen baudelairien notamment grâce à la musique jouée par les instruments anciens.

La conclusion du dernier morceau ne nous laisse rien présager de bon pour cet homme torturé dont nous attendons la suite du voyage. 

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