Chronique | Council Of Nine - "Dakhma" (album, 2015)


Council Of Nine - Dakhma (album, 2015)

Tracklist :

01. The Magi
02. Tower Of Silence
03. Sacrifice
04. Nasu
05. The Ossuary
06. Circle Of The Sun 

Extrait :




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Une âme jetée dans le vide


Le premier album de Council Of Nine est l'instrument de l'introspection par excellence. Ce projet Dark Ambient de Maximilian Olivier demeure assez confidentiel, bien que l'artiste ait fait parler de lui il y a quelques temps, lors de la sortie d'un split avec Foundation Hope, Alphaxone et Coph'antae Tryr. Dakhma se révèle le point de départ d'une envolée créative, aux confins de l'ésotérisme et des cinématiques horrifiques. Au moyen de ces six pièces insidieuses et cosmiques, Council Of Nine compte perdre son âme et emporter la nôtre dans son univers de noire philosophie. 


Projetés dans le vide, nous tâtonnons dans la structure compacte et désolée de 'The Magi', qui incorpore tous les éléments caractérisant l'album. Les sons électroniques jalonnant cet opus donnent à l'oeuvre ses lettres de noblesse. Perdu dans un espace vide et oppressant, l'auditeur n'y sera entouré que de ses pensées qui, au fur et à mesure de son introspection, paraitront de plus en plus éloignées, floues et méconnaissables. Un bourdonnement dronesque sert de fondement aux six morceaux, progressivement agrémentés de couches de synthés et d'échos aux sonorités variées. La plus grosse difficulté de cet album consiste à savoir pénétrer sans peur dans ces corridors d'acouphènes.

Si sombre cet album soit-il, la lumière finit toujours par percer, les paradoxes toujours prêts à surgir, et nous en avons un aperçu à l'écoute du titre 'Sacrifice', enluminé de synthés éloignant l'omniprésent bourdonnement dans ses dernières minutes. Ces courts instants de délivrance, noyés dans des gouffres soniques, ne servent qu'à mettre en évidence l'importance du néant dans le monde décrit en musique par Council Of Nine. Au fur et à mesure que le volume croît, tout devient brumeux autour de notre boîte crânienne et les contours suintent l'indécision et l'imaginaire. La connaissance n'a que peu de poids face à notre imaginaire. Toute interprétation demeure crédible, quand bien même on aurait la prétention d'interpréter cette oeuvre avec précision et conviction. Quelles que soient nos convictions…

Même si ces caractéristiques importantes restent de mise durant la plus grande partie de Dakhma, chaque morceau porte en lui les germes d'un manque particulier, ou plutôt d'une présence inédite générée par une absence particulière. Tout cela se fait de manière originale, grâce à un paysage sonore extrêmement riche, complexe et étonnamment varié. Difficilement perceptibles pour une oreille néophyte, les ondulations de la vitesse et du mouvement sont bel et bien là, masquées par une volonté d'enlever à cette oeuvre toute signification ancrée dans la temporalité.

S'imprégner de cet album, c'est faire de l'introspection sans les mots, c'est se plonger dans le drame de l'incertitude. L'âme jetée dans le vide, nous nous enfermons dans cette tour du silence et contemplons l'éternelle lévitation des astres.


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Tom







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