Chronique | Toter Fisch - "Blood, Rum & Piracy" [EP], 2015

        

Toter Fisch - "Blood, Rum & Piracy" (EP, 2015)
Tracklist:
1. Tortuga
2. Kings of Sea
3. Sunset with Rum
4. A Night over the Ocean
5. La Buse
Extrait en écoute:



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     Tous à bord ! Avec ce premier EP, les français de Toter Fisch nous content les déboires de l'équipage du bateau du même nom dans une danse fougueuse au-dessus des flots déchaînés et du vomi fraîchement dégueulé du marin malhabile. La pochette, dans les tons rouges sombres du plus bel effet, est pleine de sobriété. Les attributs du pirate, simplement exposés, n'attendent que d'être saisis par une main décidée à mettre un pied ferme sur le vieux rafiot qui sert de bateau.
La première chose que l'on remarque chez Toter Fisch, c'est cette justesse du dosage qui rend la musique plutôt agréable dans son ensemble. Non-content d'éviter de tomber dans un débordement de guitares saturées à l'extrême sans raison valable, le groupe entreprend avec réussite une combinaison à la fois joyeuse, entrainante et planante à sa façon entre guitares éventées, chant rugueux tout à fait ajusté à la nature moins raboteuse de sa musique, accordéon bien amené et flûte bienvenue. "A Night Over Ocean" est un exemple probant d'une réelle harmonie entre les instruments. Tandis que les guitares tissent la toile de fond, la batterie et l'accordéon suivent l'ensemble dans un mouvement uniforme, qui résulte d'une immersion assez soignée pour être notifiable.
Le groupe s'autorise même une ballade tout ce qu'il y a de plus folk. Dans un mouvement musical où endiablé est le maître-mot pour définir le rythme dans une optique de surenchère auditive malaisante, "Sunset With Rum" offre un instant de fraicheur, une brise bienfaisante.

Cependant, il n'est pas question d'étaler une quelconque coercition quant à la nature qui pourrait passer pour presque trop simpliste de ce type de Folk. Là où Alestorm prône une certaine énergie allègre qui en devient quasi mollassonne à force d'être rabotée, Toter Fisch parvient, avec son chant plus bestial et sa batterie plus insistante, à durcir le ton de la thématique flibustière et à proposer un traitement plus pesé de celle-ci. Là où "Tortuga" commence par un accordéon très enjoué, le titre poursuit dans une toute autre direction lorsque le chant en vient à en découdre et à l'inscrire dans une introduction un tantinet plus musclée que ce qu'elle avait voulu nous faire croire. On sent l'affection que les membres portent à leur création, ce qui en fait un effort tout à fait satisfaisant pour un premier jet, en espérant voir déboucher un projet de plus grande envergure pour renouveler un sous-genre mort-né du Folk, lui-même en phase de transition malheureusement fatale.


Kalhan


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