Cowards - "Hoarder" (EP, 2013)
Tracklist
1. The Old City
2. Smell of an Addict
3. Fork Out
4. Where Lies the Anchor
5. Blessed Persistence (16 Horsepower cover)
Extrait à écouter :
Extrait à écouter :
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Comment dire… HOLY SHIT. Où est passée la bonté ? Où est la gentillesse ? Où sont les papillons dans les champs et l’odeur de tarte aux pommes de ma grand-mère ? Bon, oubliez tout ça, ici, on en a rien à foutre. Ici on te casse les dents avec des tessons de bouteille. Ici on se tire des balles dans la tête. Ici on crève avec lourdeur et sans aucune dignité. On aime le crade, le parquet, les télés, les miroirs, les têtes et les esprits fracturés. Autant dire, on ne fait pas dans la dentelle. De l’alcool, on en a jusque sous les ongles. Mais c’est de toute beauté !
Tu ouvres la pochette du CD et BAM ! Gros coup de chaise cassée dans la tronche.
L’expérience de Cowards, groupe à style indéfini parisien, commence directement à l’artwork. Du noir, du blanc, du « too much »… Jean-Luc Navette, illustrateur lyonnais renommé dans le dessin en noir et blanc décrit parfaitement l’univers de Cowards sur cette pochette. Les « lâches » (« Cowards » in french yes yes), Side-project des musiciens d’Eibon portent haut l’étendard d’une veine hardcore encore mal connue. « Old City » commence fort : une introduction lourde avec une batterie qui se suffit à elle-même et qui plairait à tout headbanger de plus de 72 ans souffrant d’une hernie discale. Après cette introduction… Ça ne s’arrête plus.
Que me dis-je à l’écoute ? Ce serait un truc du style : « Mais c’est quoi ce bordel ?! » Les gars pètent le feu et lâchent tout. C’est un énorme exutoire. Mais ce n’est pas seulement de la violence, il y a dans ce brouhaha de la mélodie, une certaine tristesse, et un énervement constant qui ne nous lâche pas tout le long de « Hoarder ». Il est vrai que cet EP porte bien son nom, les gars sont cupides niveau violence, ils gardent tout pour eux et nous relâchent tout entre nos dents du bonheur. Mais ce qui m’a choqué durant ces longues écoutes, c’est d’avoir l’impression de retrouver un bon vieux KICKBACK (et oui !), ce qui m’avait manqué. En effet, les parisiens de Cowards ont produit leur méfait chez Francis Caste (Kickback, Eibon, Arkhon Infaustus ou Revok), un gars qui pèse sur la scène extrême et qui arrive à faire que les instruments soient discernables dans une atmosphère aussi riche en pourriture. Pour Cowards, le chant est similaire et aussi énervé que Kickback, mais la musique est bien plus lourde et bien plus crade (quand on veut faire crade, on fait crade, malgré une bonne production), ce qui a le chic de me plaire. Si je suis là, c’est bien pour chroniquer ce qui vous laissera un goût amer dans la gorge et les oreilles.
La basse ronfle, les guitares tranchent, et le chanteur s’égosille. Les larcens font partie intégrante de la musique. Le morceau « Where Lies An Anchor » est le plus représentatif de l’EP, ultra violent, puis plus mélancolique et tout se termine sur un couple basse/batterie. Une lente descente aux enfers. On sent que les ziko’s veulent lâcher les pitbulls, mais ceux-ci meurent après avoir perdu leurs pattes une par une. Toute cette énergie produit un halo de poussière. La lourdeur de Cowards leur fait toucher le Sludge Negative Hardcore (ils l’ont fait !). Et la folie bien sûr. Autant dire que Cowards relève la tête et arrive à se recentrer sur leur ambiance si particulière. Froide et humide. En effet, ayant fait un premier album, « Shooting Blanks and Pills », qui partait dans tous les sens, très dispersé et un peu trop hétérogène qualitativement, Cowards apprend de ses erreurs. Il faut aussi assumer d’être l’égérie de Throatruiner Records… C’est un franc succès.
C’est comme si Primitive man (Doom Sludge états-unien) rencontrait Kickback (Negative Hardcore français) et « Tous les Cochons Doivent Mourir » (All Pigs Must Die, Chaotic Hardcore états-uniens).
Ici, il n’est pas question de marcher pieds nus, si vous ne voulez pas marcher sur les cafards et le sol jonché de whisky. Il faut donc aller dans l’expérience Cowards avec un bagage mental et une oreille avertie pour ce genre de musique. Ils vous mettront le cœur à nu.
On reste pantois devant une pareille pépite qui vous promet une non-pudeur pour les passionnés de passages vers les pires profondeurs de la papoté du pur plaisir pictural et de la perniciosité.
Un EP de qualité qui vous foutra un bon coup de pied retourné et qui ne vous laissera pas de marbre, qu’on le trouve bon ou mauvais.
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Auteur : Hugod
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