Ça y est, nous voici à
l'heure tant attendue du bilan. Alors que dire de cette année 2017 ?
Et bien ce fut une des meilleures années de ma vie, sur les plans
socio-affectifs et musicaux. Premièrement une année riche en
découvertes, avec une percée des scènes post-punk russe et
italienne. Une année pleine de concerts fameux, (Marquis de Sade,
Lebanon Hanover, Egoprisme, Frustration, Clan
Of Xymox, Follow Me Not, Poison Point, Plomb,
Prince Harry, Fotocrime et j'en oublie et des
meilleurs). La remontée des vieux groupes phares de la sous-culture
comme Depeche Mode, Trisomie 21 ou Jesus And Mary
Chain. Et enfin, mon entrée dans la danse avec ma participation
derrière les platines à la soirée Shadowplay, avec mon ami
PatientZero et la première pierre de mon projet musical chez Cyanur
Prod.
Comme à toutes les fins
d'années depuis trois ans déjà, il me faut faire le top de mes
sorties préférées. D'habitude le trac provient de la peur du
manque... Cette année c'est le problème inverse. C'est avec d'une
centaine d'album studios, de lives, d'EP, de démos, de singles et de
compilations avec lesquelles je dois jongler. Faire un top avec cela
c'est comme vouloir trier ses épisodes de Doctor Who favoris. Il y a
tellement de Docteurs, de compagnons, de showrunners, de scénaristes,
d'épisodes différents et ayant chacun eut leurs fulgurances, que la
tache est improbablement dure. Autant dire qu'il m'a fallu une bonne
dose de courage et surtout faire le choix de ne pas me concentrer
uniquement sur les albums studio, n'en déplaise à mon fort
intérieur et aux lecteurs en quête de bizarreries.
Commençons donc par le
bas avec les albums de la déception. Il s'agit d'une part de Spirit
de Depeche Mode qui, au moment d'écrire ces lignes, ne m'a
tellement pas parlé que je suis absolument incapable d'en faire la
description, même en quelques lignes. Banal, sans saveur
particulière, malheureusement oubliable. D'autre part, Moby &
The Void Pacific Choir et leur More Songs About Apocalyspe,
que j'ai trouvé beaucoup moins inspiré que leur premier album, qui
était mon numéro un de l'année précédente. Acceptable, mais
moins énervé. Punk désenchanté. Hormis ces fausses notes,
je n'ai aucune écoute qui ne m'a déplu. Je suis plutôt bon
publique certes.
Poursuivons ensuite par
les mentions honorables, les albums qui ne sont pas dans ce top mais
qui auraient mérité d'y avoir une place. Jusqu'à la dernière
seconde mon classement a fluctué. Coldwave, shoegaze, minimal, goth
rock, ambient, il y a de tout. Voici la liste :
Chelsea Wolfe -
Hiss Spun
Stockhaussen -
Signos
Police Des Mœurs
- Dédales
Hante - Between
Hope & Danger
Dark Door -
Inferno
The Devil & The
Universe - : WALPERN - R E D U X :
Double Echo -
Period Rooms
Silent Runners -
The Directory
Autobahn - The
Moral Crossing
Trisomie 21 -
Elegance never dies
The Raudive -
Future Transmissions
Babel 17 - Process
Then Comes Silence
- Blood
Paradox Obscur -
Artifact
Antipole -
Northern Flux
The Postmodernism
Forms - Urge
Commis Voyageur -
Le Passé Du Commis Voyageur
Sadness Isolation
- Tragic
The Spiritual Bat
- Your Own World - And The Vision Of Sound
The B.H.D
- Black Devotion
Sidewalks And
Skeletons - The Void
The Witch Will Die
Tomorrow - Man Who Never Cares
Dancing In My Dreams
- A letter, never sent
Knight of Swords -
Indelible
Cruz De Navajas -
Dominación
Zola Jesus - Okovi
Supernova 1006 -
Unique World
M!R!M - Iuvenis
Drab Majesty - The
Demonstration
None - Poison
Virgin in Veil -
Twisted Thrills
Selfishadows -
Recalling
Mala Herba - S/T
Velvet Kills -
Mischievous Urges
The Shyness of
Stranger - Time
Ouverture -
Screaming Silence
Mark of the Sphinx
- Buried
Ghost Twin -
Plastic Heart
Inkubus Sukkubus -
Belas Knap
Mephisto Walz -
Scoundrel
Slowdive – S/T
Chrome –
Techromancy
Désolé
pour ceux que j'ai oubliés ou que je n'ai pas écouté. Entrons
maintenant dans le vif du sujet avec V de
The Horrors
à la dixième place. Un cinquième album attendu au vu de la
déception du précédent. Le groupe de shoegaze goth rock anglais
nous propose là un disque teinté de sonorités électroniques
angoissantes, nous enfermant dans une ambiance glacée, lugubre et
dansante.
En
parlant shoegaze, c'est avec celui de Jessica93
et son Guilty Species
que nous continuons ce top. Neuvième place pour un album moins brut
de décoffrage que ses prédécesseurs, dans ses sons, mais pas dans
son ambiance qui reste définitivement enragée. En quelques années
Jessica93
c'est fait une place au sein du post-punk français, en y mettant son
petit grain de sel grunge.
On
retourne en Angleterre avec la formation goth rock Terminal
Gods. Le groupe nous
propose un premier album, Meridian,
peut-être moins percutant que ses EP et autres singles, mais qui a
le mérite d'être mâtiné d'une coldwave travaillée, sans mettre
au placard son rock gothique dansant caractéristique.
Poursuivons
avec de la coldwave bien de chez nous, avec d'une part la formation
du sud Finistère Follow
Me Not,
qui nous a dévoilé cette année un If The Sky
Remains qui sonne comme l'album
de la maturité. Son plus travaillé, ambiance bien mieux posée, et
une basse sur le titre « Deny It », qui vous fera
sautiller sur place. Une très bonne surprise. De l'autre bord on
retrouve la célèbre formation parisienne de Soror
Dolorosa avec son album
Apollo, riche, là
encore, d'une coldwave enivrante et d'un goth rock en toute
sensibilité. Un album bien plus abordable que ses prédécesseurs,
plus pop diront les mauvaises langues.
La
petite touche synthpop de mon classement. Si j'ai fait mes adieux à
Depeche Mode
cette année, autant dire par contre que j'ai accueilli The
Punishment of Luxury
d'Orchestral Manoeuvres In
The Dark à bras ouverts.
Rien à voir avec certains penchants BDSM, c'est le son de cet album,
résolument tourné vers les racines du groupe, qui m'a enchanté. On
y retrouve une ambiance kraftwerkienne assumée (ce qui est
totalement logique, la bande n'ayant jamais caché son admiration
pour la formation allemande ainsi que pour Doctor Who... Tiens
donc!). Écoutez le titre « Isotype » et vous comprendrez ce que je
veux dire.
Ratant
d'une marche le podium, ce qui ne veut plus rien dire à un stade où
je change continuellement d'idée sur mon classement, voici un de mes
plus gros coup de cœur de cette année : Hexagram
de Lapis Exilis.
Un projet obscur de post-punk, coldwave, dark ambient de toute
beauté. Un artwork, qui attrape tout de suite le regard et une
musique en finesse. Un album qui s'ouvre sur une piste ambient qui
pose le premier jalon d'une coldwave mesurée, choquée de temps en
temps par des sonorités électroniques venues d'une autre dimension.
Je ne saurais dire combien de fois j'ai écouté ce disque, mais à
chaque fois c'était un voyage vers un ailleurs froid, sombre,
reposant, magique.
En
troisième position Relatives In Descent
de Protomartyr.
La formation de Detroit nous propose là un album de post-punk old
school sentant bon le Television,
le Magazine,
le Talking Heads,
le The Raincoats.
Post-punk, coldwave et expérimentations dansantes sont au programme.
Mais pas de chansons fleuves d'une dizaine de minutes. Non, ici on
table sur du trois, quatre maximum en moyenne. Efficace. Juste «douze
variations sur le thème de l'impénétrabilité de la nature
intrinsèque de la Vérité et l'effroi existentiel qu'il en résulte,
à une époque où le parti-pris des médias et la désinformation
sont devenus une réalité quotidienne ». Rien que ça.
Comment
aurai-je pu passer sous silence Spleen
XXX ? Mais qu'est-ce
que Spleen XXX
me demandez vous ? Il s'agit d'un supergroupe (dans tous les
sens du terme), regroupant des membres, entre autres, de Rosa+Crvx,
Love In Cage,
Morphoex
et de NKRT.
Une formation totalement rouennaise pour un album, Poems Of
Charles Baudelaire, d'une beauté
rare. Dès les premiers accords le ton est donné : lugubre,
froid, angoissé, en transe, bizarre. « Le beau est toujours
bizarre » disait Baudelaire. Il avait raison. Impossible de
passer à côté. Pour le coup le projet mérite sa deuxième place.
Il méritait la première même. Mais cette année c'est un autre
artiste qui m'a projeté dans l'espace. Ou plutôt dans les abysses.
Tango
Mangalore. Le seul nom
est évocateur. Une espèce de danse macabre et endiablée. Tango
Mangalore est le projet
d'un seul homme. Un marin grec qui retranscrit en musique et en vidéo
ses angoisses et ses peurs lors de ses traversés du grand large.
Dear Shore célèbre
les profondeurs de l'océan, les vagues, les rivages, les ports,
leurs rades cradingues et les filles de joie qui les occupent, les
marins ivres d'alcool et d'aventures. Sa musique, entre ritournelles
de boîte à musique morbide, synth-punk percutante, dark minimal
angoissante, nous transporte dans un univers fait de monstres et de
cauchemars, dans un jeu d'attirance/répulsion cynique entre la mer
et ses sujets, fait de haine et d'amour. Un malaise constant de
bizarreries et de légendes maritimes. Et c'est tout ce délire là,
en tant que brestois peut-être, qui m'a non seulement séduit, mais
qui m'a pris aux tripes dès la première écoute. Mention spéciale
pour les titres « Cry Madame », « Mort Marin »
et « Mementum ».
Voilà.
L'année s'achève là et s'en va se renouveler une fois encore. Ce
n'est pas le changement mais bien le renouvellement la clef de tout.
Dans Doctor Who, le Docteur change de peau mais reste
fondamentalement le même, et bien le post-punk c'est ça. On refait
encore et encore, on déconstruit et on reconstruit sur les cadavres
du passé. Cela donne une cohérence aux scènes qui la compose tout
en permettant à tout un chacun de s'y exprimer totalement, de
manière originale ou non, expérimentalement ou non. Ce qui explique
sa longévité. 2017 fut l'année de ce renouvellement, pour moi, mes
projets, mon entourage, mes écoutes, mes goûts. J'ai fait peau
neuve. Et je nous souhaite encore à toutes et à tous des années
aussi belles et riches que celle-ci.
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