Le 2 juillet, on serait bien allé se rafraichir le gosier dans la paillote d'une plage bretonne plutôt que de s'enfermer dans une salle de concert transformée en hammam. Mais le devoir d'un bon chroniqueur qui plus est fan de Black Metal a gagné le premier round, restait à savoir si les quatre groupes présents ce soir-là allaient nous faire regretter ou non le déplacement. Et on peut vous dire que malgré un thermomètre grimpant à quarante degrés Celsius, les musiciens ont assuré leurs sets malgré des conditions extrêmes!
Ce sont donc Uluun, Seide, Griffon et The Negation qui ont foulé les planches du Cirque Électrique pour glacer notre sang en ébullition.
Les festivités commencent avec un petit retard, et Uluun ne tarde pas à pointer le bout de son nez sur la petite scène du Cirque Électrique.
Formé en 2009 à Paris, Uluun accueille en son sein le chanteur/bassiste de P.H.T.O Alrinack, qui ne s'occupe que du chant dans ce projet et qui est d'ailleurs présent dans de nombreuses autres formations françaises telles que Sombre Croisade ou encore le groupe de DSBM, Suicidal Madness.
Nous avons eu le plaisir de découvrir en live des morceaux de l'unique album des parisiens, Danke Dreiser!!!, paru en octobre 2014 de manière indépendante. La longueur relative des compositions supposait de la part des musiciens une énergie constante pour nous faire adhérer et rester intéressés par la prestation, la chaleur n'aidant ni le public ni les artistes. De plus, le son de cette petite salle qui tient davantage d'un bunker ne jouait vraiment pas en la faveur de ces derniers, tout comme les éclairages, peu commodes pour les photographes.
Malgré ces désavantages, Uluun a su se faire apprécier grâce à une prestation honnête qui mettait en valeur les méandres de son Black Metal fin et délicat, aux atmosphères lancinantes, nous faisant percevoir les quelques subtilités de leur musique. Les avalanches de riffs se succèdent sans faiblir pendant que la graisse et l'eau sortent des pores de chaque protagoniste. La scénique réduite est encore une fois à imputer aux conditions climatiques et techniques réduites de cette soirée, et le public sort assoiffé mais satisfait du show.
Seide succède Uluun avec son Black Metal nettement plus agressif extrait de son seul et unique album, Here Is No Truth, sorti en 2011. La scénique se révèle plus développée, et les musiciens bougent davantage: malgré la petitesse de la scène, ils font ce qu'ils peuvent.
Le frontman, en la personne de Count Delictii, se montre très communicatif et tente de faire bouger un public réceptif à ses harangues, même s'il fait un mini-bide en voulant nous faire chanter en coeur 'La Vie en Rose' d'Edith Piaf. Les morceaux sont variés, chantés en différentes langues (français, anglais, allemand). Le quintette crée un réel contraste avec le show précédent, ce qui augmente l'intérêt de la soirée, puisque nous aurons affaire à quatre groupes vraiment différents, à la fois scéniquement et musicalement. Le concert se révèle ainsi riche en évènements inattendus, comme lorsque Count D. invite WLWD, l'unique membre de Worhs, à partager les parties de chant avec lui pour le titre, 'Dans une Flaque de Sang'.
Sous les applaudissements, Seide laisse sa place à Griffon.
Comme ses prédécesseurs, Griffon est un jeune groupe de la scène parisienne qui possède à son actif un seul EP, Wig Ah Wag, paru en 2014 de manière indépendante. Ce quatuor comprenant des membres de Neptrecus, Normannorum ou encore le batteur live de Mortis Mutilati, s'inspire des légendes païennes, de l'Histoire et des religions.
Le groupe, qui a recruté le bassiste Waldo (Atavisma, Gargantua) en dépannage pour ce concert, commence sa performance dos au public, avant que son chanteur Aharon pousse des râles introductifs. La scénique de Griffon sera pour moi la plus intéressante de la soirée, et la plus efficace. Maquillés de sang, les musiciens respectent avec simplicité l'identité et l'authenticité de leur musique.
Le show se révèle épique, avec des choeurs de qualité, et une énergie surprenante qui ferait presque de l'ombre à Seide. Sans que ce Black Metal soit explicitement pagan, on sent les ambiances guerrières et le culte de la bravoure. 'Ils ont brûlé nos champs', extrait de l'EP précédemment cité, est un hommage aux populations persécutées par les envahisseurs. Devant un public nombreux, Griffon déploie son talent et conclut sa prestation par un dernier rythme joué par Aharon sur un tom de batterie, avant de tourner une dernière fois le dos aux spectateurs.
La soirée ayant débuté en retard, The Negation entame son show vers vingt-trois heures, avec ses membres emmitouflés dans leur tenue habituelle, ce qui nous inquiète compte tenu de la température suffocante. Ce choix risqué nous rend à la fois admiratifs et dubitatifs devant cette volonté de ne pas varier la tenue, plus hivernale qu'autre chose et qui sied d'ailleurs très bien à l'univers glacial de The Negation. Les musiciens, qui ont signé chez Kaotoxin cette année pour un nouvel album, ont bien l'intention de faire déferler la violence de leur Black metal burné dans le bunker du Cirque Électrique.
Cependant, le public déjà fatigué et las n'est déjà plus très motivé, et The Negation peine à attirer son attention. Malgré un sans faute technique, les morceaux se suivent sans réelle variation - la faute au son qui empêcherait la perception de quelques subtilités ? -. On ne m'avait dit que du bien de cette formation prometteuse, mais ce n'est pas ce soir là que le quintette me convaincra, et encore une fois, ce n'est pas faute d'effort. La salle se vide peu à peu au fur et à mesure que la setlist avance, et nous finissons par rejoindre les premiers déserteurs pour ne pas rater les derniers métros…
Encore un immense bravo à la totalité des musiciens qui se sont produits le 2 juillet dans une capitale moite de chaleur, avec une volonté et une motivation infiniment respectables ! On a pu ainsi découvrir quatre entités Underground du Black Metal français, différentes dans leur approche du genre, en live comme en studio.
Report : Tom
Photos : The Butcher
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