Chronique | Númenor - "Colossal Darkness" : un voyage alternatif dans le monde de l'Heroic Fantasy

 

Númenor - "Colossal Darkness", 2013

Tracklist

1. Opus Draconis
2. The Eternal Champion
3. The Hour of the Dragon
4. The Alchemist
5. Chronomancer
6. Servants of Sorcery
7. While the Gods Laugh
8. The Sailor on the Seas of Fate

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Númenor est une formation originaire de Serbie, le groupe qualifie la musique qu'il joue d'Epic Dark Fantasy Metal. Le groupe s'est formé en 2009 autour du leader Despot après la dissolution de son groupe, Esgaroth. Depuis, les musiciens ont sorti deux Splits et trois EPs, la plupart en format numérique. A l'exception de leur premier Split avec Forlorn Wisp, « Dynasty of the Realm Beyond » est sorti physiquement en 2009 chez Metal Sound et de leur EP, « The Forgotten Legends » soti en 2011 via le label Tanelorn Records.
C'est en 2013 que sort leur premier album « Colossal Darkness », chez Stygian Crypt Productions. Nous nous intéresserons donc à ce dernier.
Le nom du groupe est tiré de l'œuvre de J.R.R Tolkien. Il s'agit d'une île qui apparaît au cours d'une conversation dans « Le Seigneur des anneaux », nous la retrouvons aussi dans « Le Silmarillion » et les « Contes et légendes inachevés », mais de façon plus détaillée. L'auteur a avoué s'être inspiré de la légende de l'Atlantide pour la créer.
Autre le nom, la pochette de cet opus nous plonge directement dans l'univers du groupe. Dans des tons bleutés, elle représente une cité entre deux montagnes. Elle n'est pas sans rappeler Fondcombe la cité d'Elrond. L'écriture elfique sous le nom du groupe confirme cette hypothèse. Nous ne sommes pas ici en présence d'un sous-Summoning, le groupe ne s'inspire pas seulement de l'oeuvre de Tolkien, mais aussi de Michael Moorcock, Robert E. Howard et H.P. Lovecraft.
L'album s'ouvre sur le titre, 'Opus Draconis', dans une ambiance Médiéval Goth à la Michiru Yamane, compositeure de la quasi totalité des B.O de Castlvania. Cette introduction se finit sur des sonorités plus épiques, le synthétiseur faisant résonner des orchestrations cuivrées qui sont reprises sans transition sur le morceau, 'The Eternal Champion'. L'atmosphère est lourde et sombre. L'instrumentation passe de riffs épiques et claire à des moments beaucoup plus rapides plus typés Black. A l'image de ce premier morceau, « Colossal Darkness » est le fruit de nombreuses influences musicales. Chaque morceaux ayant sont propre récits inspiré des différents auteurs d'Heroic Fantasy, à l'instar de 'The Hour of the Dragon', qui n'a pas été écrit par le leader de la formation, puisque c'est le texte d'introduction de la nouvelle du même nom écrite en 1934 par Robert E. Howard père de l'Heroic Fanasy et de Conan. Nous sommes face à un travail musical important au niveau des compositions qui cherchent à transmettre les émotions des récits dont ils sont soit tirés, soit inspirés. Les titres ont une structure commune mais elles ne se répète pas dans le morceau suivant, on découvre un nouveau chapitre à chaque fois. Cet exercice est périlleux, car il est toujours compliqué de vouloir faire simple et efficace, ici le groupe s'en tire avec brio. Bien qu'éclectique l'album garde un ensemble cohérent avec ses lignes musicales Black Melo et ses ambiances Goth. Le groupe mise beaucoup sur les claviers, très présents qui permettent de créer à chaque fois de nouveaux paysages sonores, ainsi que des samplers, comme sur 'Chronomancer' avec le son d'une horloge au début et 'The Hour of the Dragon' qui est soutenu par des bruits de bataille. Les passages Symphoniques aux limites de la musique classique donne une autre dimension à la musique de Númenor permettant de voyager aux frontières du réel. Mais l'instrumentation ''classique'' n'est pas en reste. La guitare nous offre en plus des passages Black Melodique, des parties inspirées du Heavy Metal comme le solo de 'Chronomancer' peut être inspiré par l'auteur du texte lui même, Ivan Markovic, auteur d'Horror Fantasy Serbe et fan de Heavy Metal et de Black Symphonique (Les paroles sont tirées de son livre, « Puppet-master's Marionette »). Un parti prit intéressant qu'on aimerait retrouver plus souvent pour que la personnalité des morceaux ne repose pas presque exclusivement sur les claviers, d'autant plus que les musiciens possèdent un bon niveau technique.
La personnalité des morceaux tient aussi des différentes voix présentes sur l'album. C'est Despot qui s'occupe du chant principal et des effets de narration présent sur l'album, narration directement influencée de Bal-Sagoth sans pour autant se retrouver avec une omniprésence qui ferait de l'album un conte musical plus qu'un album. Nous retrouvons aussi une voix claire sur les titres, 'The Eternal Champion', 'While the Gods Laugh' et 'Servant of Sorcery' qui est le fait de Gordan Lazica. Ce second chant renforce le côté Dark Metal voulu par le groupe. Le duo chant clair et guttural Black/Death de Despot met en valeur l'un et l'autre. Cela permet une vraie dualité entre le Bien et le Mal, mais aussi de renforcer ce côté épique sans pour autant tomber dans le Power Metal. Le chant Black crée une lourdeur dans la musique qui nous prend au coeur et nous plonge dans cet univers d'heroic fantasy. Les effets de voix sont très présents là aussi, permettant des effets surnaturels qui collent bien avec le monde du groupe, mais qui sont parfois un peu trop ''Space Metal'' lorsque les sampler s'en mêlent, comme sur le début de 'Chronomancer'. Cependant l'ensemble des voix est à l'image de la musique livrée par le group : le chant Black et sombre face au Claire et héroïque, le tout surplombé par des passages de narration, qui font que cet album mérite bien l'appellation d'opus.
Númenor et son premier album « Colossal Darkness » sont un maelström de références littéraires et musicales, créant une musique puissante et épique. Ne se mettant pas de barrière, piochant dans les mythologies de divers auteurs et prenant le meilleur de nombreux styles musicaux, tels que le Black Symphonique, le Death, le Goth le tout avec une touche de Heavy, le groupe nous livre un premier opus solidement construit. Mais comme dans tout château, on remarque quelques fissures, les musiciens cherchant parfois à en faire trop. Quand bien même, ces faiblesses sont facilement pardonnées du fait que l'on est face à une formation qui ne cherche pas à copier Summoning ,s'approchant plus des racines épiques de Dimmu Borgir et Bal-Sagoth et de l'occulte de Carach Angren, et nous proposant ainsi un voyage alternatif dans les terres ancestrales de l'Heroic Fantasy.
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Auteur : Morgan



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