Chronique | SORDIDE - "Hier Déjà Mort" (Album, 2019)


Sordide - Hier Déjà Mort (Album,2019)

Tracklist

01. Prélude
02. La Peur du noir
03. Hier déjà mort
04. Le cadavre ou l'offrande
05. La chute
06. Carapace
07. La saveur de la fièvre
08. Postlude

Extrait à écouter :




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Parce que chômer, c'est très mal, le très productif trio Rouennais des Sordide revient déjà avec un troisième album au titre prometteur : Hier Déjà Mort. Et si ce troisième opus ne suinte pas vraiment l'optimisme à plein nez, il a pourtant le mérite de suinter de beaucoup d'autres manières , notamment à travers une sorte de spleen totalement enragé et dégueulasse, qui nous plonge dans une descente aux enfers en bonne et due et forme. Si la formule de base reste la même, avec toujours ce savant mélange entre les univers Punk et Black, le rendu final de cet album sonne tout de même différemment des deux prédécesseurs d'Hier Déjà Mort, car les morceaux, encore plus nerveux que de coutume, font que le côté Black est plus clairement prononcé qu'auparavant. « La Peur du Noir » illustre bien ce sentiment général et nous propose un morceau avec beaucoup de blast et peu de répit. A l'instar de sa thématique , il se révèle à la fois oppressant , suffocant presque, mais par ailleurs tout aussi brutal qu'une grosse tempête qu'on aurait pas vu venir et qui nous péterait à la gueule à l'improviste.

« La pâleur orgueilleuse Mais la peur qui oppresse C’est la peur du noir Leur adrénaline A tous ces crevards Qui crient famine ».

On associe ici deux sentiments de malaise pourtant bien différents, à priori antithétiques, mais qui finissent par devenir complémentaires, à savoir un malaise, une angoisse, latente et vicieuse, mais aussi la montée en adrénaline furieuses de ces « crevards » affamés de haine. Et c'est dans une cohérence remarquable que tout l'album arrive à faire ressortir cette association pourtant pas si évidente entre d'un coté cette atmosphère nauséabonde et désespérée, et de l'autre cette rage ultra tangible , tel un tsunami pendant une gueule de bois. Et c'est peut-être pour cette raison que malgré tout, l'influence Punk est encore bien présente sur cet opus . « La chute »  en est d'ailleurs la parfaite démonstration. C'est une chute longue et douloureuse ( oui,j'ai mangé un clown) vu que le morceau dure environ 8 minutes , 8 minutes durant lesquelles la tension monte encore et encore sans aucune accalmie , à l'image là aussi d'une spirale infernale qui nous martèle le crâne sans relâche. Peut-être est-ce à l'image de l’opulence stérile de cette société frénétique dont on peut discerner l'allusion à travers les paroles ?

« A souiller, ruiner, brûler, consumer A trop se gaver pour rester bien gras Tout posséder pour tout bouffe ».

Toujours plus de blasts donc, à l'image de cette quête interminable du toujours plus , de ce consumérisme incessant et qui finira sans doute par nous consumer nous-mêmes,au sein de cette  start-up nation pleine de promesses...

Vous l'aurez compris, Hier Déjà Mort s'illustre par la richesse de ce contenu, dans une ambiance à la fois marécageuse et révolutionnaire.

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Auteur : Azelma 





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