The Flesh - Dweller (Album, 2018)
Tracklist:
1 – Tot in Den Treure
2 – Black Rain
3 – Siren’s Call
4 – Dweller (In The Dark)
5 – Salax
6 – Thrones In The Sky
7 – A Knife To The Conformist
Streaming intégral:
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Question : qu’est-ce qui se passe lorsqu’on réunit au
sein du même groupe des musiciens de stoner, de sludge et de black
metal ? Réponse : de la violence sombre, pure et aussi brute qu’un
diamant noir non raffiné. Formé en 2018, The Flesh nous vient tout droit des
Pays-Bas, pour délivrer avec son premier album un blackened hardcore poisseux.
Dweller -c’est le titre du projet- marque son identité musicale au premier
regard posé sur son artwork : abyssal, glauque, violent et morbide, à l’image
de ce squelette qui semble englué dans une structure organique floue.
"Tot In Den Treure" donne immédiatement le signal du départ du
train vers l’Enfer. Une ligne lourde et écrasante de basse vient marteler les
tympans, tandis qu’une rythmique de batterie proche du doom, toute en lenteur, accompagne
les hurlements noyés dans la reverb.Un hurlement plus tard, et le morceau se
transforme en une galopade folle entre D-Beat et black metal, aux riffs
incisifs, tandis que le chanteur Jelle Kunst s’époumone, à mi-chemin entre Todd
Jones de Nails et Jacob Bannon de Converge.
Dans la lignée de nombreux groupes de la nouvelle vague du
death metal -Power Trip en tête- l’intégralité de l’album baigne dans une reverb
qui donne au son une dimension encore plus prenante. Enlevant un peu d’abrasivité
au son au profit d’une ambiance apocalyptique, elle n’est pas ici un cache
misère mais bel et bien un effet de production qui sert entièrement l’ambiance
de l’album.
"Black Rain" reprend la structure de "Tot In Den Treure", à mi-chemin
entre doom, hardcore et black metal, dans des tempi qui restent en général relativement lents, et c’est avec "Siren’s Call" que les premières grosses
fulgurances arrivent.
Plus dissonant que les morceaux précédents, The Flesh
arrive ici à insuffler à travers un jeu à la fois rapide et mélodique, une
ambiance chaotique, que le groupe ne lâchera pas durant le reste de l’album. L’enchaînement
avec "Dweller (In The Dark)" et son riff d’ouverture cacophonique se fait presque
sans transition, et est une nouvelle occasion pour Tom Nickolson, le batteur
-pardon, l’artificier- du groupe, de faire parler la poudre. La simplicité de
ses rythmiques n’enlève rien à leur efficacité, et contribue d’ailleurs à ne
pas « surcharger les morceaux », écueil sur lequel viennent parfois s’empaler
les groupes officiant dans ces genres où l’aspect chaotique et nébuleux de la
musique est important pour l’immersion. Ici, tout est maîtrisé de A à Z, et la
présence écrasante des lignes de basse dans le morceau supplante même parfois
celle de la guitare.
"Salax", probablement l’un des meilleurs morceaux de l’album,
introduit un aspect un peu plus mélodique, qui est d’ailleurs
bienvenu et permet au guitariste de privilégier l’aspect musical à l’aspect
bruitiste, notamment à travers plusieurs ponts musicaux qui viennent alléger l’ambiance
plombante de l’album pour renvoyer ensuite l’auditeur dans les cordes à coups
de riffs sournois et bien placés. Morceau le plus court de l’album, "Thrones In
The Sky" est un pavé lancé droit dans le visage. Sans aucune fioriture, Jelle
Kunst hurle son texte, empruntant dans sa performance les intonations propres
au Powerviolence et au black metal. Les solos fusent tandis que la batterie
maintient son rythme effréné sans la moindre interruption. En résulte une
impression d’oblitération totale, qui ne redescend pas sur le dernier morceau
de l’album, "A Knife To The Conformist", qui reprend la même formule développée
durant tout l’album mais cette fois ci sur une plus longue durée, permettant au
groupe de varier les ambiances, d’adopter des tempi différents et de démontrer
que si ses inspirations sont multiples, qu’elles viennent des groupes dont sont
issus les musiciens ou de grands noms du styles tel que Nails, All Pigs Must
Die ou Napalm Death, The Flesh garde une identité sonore qui lui est propre et
maintient sa cohérence jusqu’au bout des
7 titres de son album.
Perçu par ses compositeurs comme un album en hommage à l’érosion
spirituelle, physique et émotionnelle, Dweller parvient en effet a évoquer chez
l’auditeur sensible des images sombres sans être désespérées, et l’énergie déployée
par le groupe sur les 35 minutes de l’album n’est pas qu’une illusion :
leur performance au Roadburn Festival cette année a été plus que convaincante
quant à leur capacité à créer des ambiances chaotiques. Amenant un renouveau bienvenu dans un genre qui peut vite tourner en rond, The Flesh signe sa première sortie d'une main de maître, et l'on ne peut qu'espérer d'autres albums d'une même facture permettant au groupe d'affirmer son identité musicale.
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