Live Report | Metal United World Wide : PUNISHER, EVILTHORN, NEVER BEFORE, TRACTÖR et ANCESTOR @ Pékin, Chine 05/05/2018


Quelques mois après le Metal Music Festival à Pékin, nous sommes de retour dans la capitale de l'empire du milieu, dans une salle plus petite. Cette date fait partie d'un événement mondial qui a pour but de mettre en avant les scènes locales de chaque pays. Si sur notre continent et aux USA, l’événement est quasiment inexistant, il a trouvé un important écho en Asie avec plusieurs dates chinoises regroupant des formations comme Rupture, Explosicum, Be Persecuted, Hellfire, Disanxian etc... Je vous renvoie à la liste des groupes participants pour vous donner un aperçu de l'étendue de l’événement.

Les groupes cités plus haut étant ceux qui m’intéressent le plus sur la tournée chinoise, c'est à la fois triste de les rater et curieux de découvrir en live des formations (notamment Evilthron qui est une référence en matière de Black Metal dans le pays) que je n'avais encore jamais vu que je retourne me perdre dans les rues de Pékin. 

La salle est attenante à un bar au second étage d'un bâtiment, mais nous somme loin des bars-live qu'on peut connaître. Des canapés, des fauteuils, des chaises et des tables sont installés dehors sur une terrasse qui relie les deux bâtiments, elle est couverte et au fond la vue donne sur un jardin de bambou et une fontaine. Le bar est un mélange de chic et de Rock'n Roll, la table pour prendre les places fait aussi office de table de merch' dans le corridor entre le bar et la salle. Deux lourdes portes insonorisées doivent être passées pour entrer dans la salle. Cette dernière est de taille moyenne, avec des écrans à diodes qui affichent le running-order de la soirée. La scène est plutôt grande et comme à l'habitude en Chine le logo est projeté au fond.

La salle se remplit petit à petit et Ancestor commence à jouer.



La scène Thrash Metal chinoise est florissante, à côté des grands noms que sont Explosicum, TumourBoy (le groupe compte en ses rangs d'anciens et actuels membres d'Ancestor) ou encore Punisher ; de nombreuses petites formations font leurs apparitions et Ancestor est celle qui fait le plus parler d'elle ces derniers temps avec la sortie l'an dernier de leur premier EP Age of Overload (超负荷时代)

Musicalement le groupe nous offre un Thrash Metal Old-School, dans la veine des premiers Kreator, Sepultura et Testament. Alors que ses aînés chinois ont pris le partie de chanter dans leur langue, Ancestor s’inscrit directement dans la lignée occidentale. Les inspirations Black Metal se retrouvent autant dans le look du guitaristes que dans quelques riffs, mais ils restent loin de la puissance déversée par un Dissident ou un Explosicum lors du Metal Music Festival. Le groupe a certes moins d'expérience mais la qualité de jeu laissait présager un style plus affirmé.

La prestation est loin d'être mauvaise, mais les morceaux restent bien trop calibrés et inspirés et on se retrouve rapidement à jouer à quels riffs sonnent comme quel groupe. C'est quelque chose qui malheureusement va être inhérent à cette date.

Techniquement irréprochable, Ancestor gagnera en trouvant la touche personnelle qui leur manque après cet EP.





拖拉机 


Fort d'un nouveau split avec les japonais d'Abigail, Tractör (vous donnez pas la peine, on a déjà fait toutes les blagues possibles sur le nom) est le groupe qui va prendre la suite dans une salle qui commence à bien se remplir.

Plutôt dubitatif à l'arrivé du chanteur / bassiste qui semble avoir 12 ans, je me prend une claque dès qu'il commence à chanter. Une voix familière, d'outre tombe, semblable quasiment en tout point à celle de Lemmy... Le groupe nous délivre un Speed / Heavy Metal saupoudré de Hard Rock que n'aurait pas renié le frontman de Motörhead.

Passé la surprise, on retombe dans les déboires cité plus haut. Les titres sont irréprochables, la prestation puissante mais il est difficile de se laisser prendre totalement et avant la fin on décroche, le groupe ressemblant plus à un Tribute à Motörhead. Les nombreuses allés et venues du public montre cet état de fait : le groupe est bon mais n'arrive pas à captiver son auditoire.






C'est plutôt dubitatif après les précédentes prestations que j'appréhende l'arrivé de Never Before. Ce que j'avais entendu de leur premier album King Of Worms sorti en 2015 n'aidant pas.

Vous vous en doutez, et je vais dès le début annoncer la couleur ça ressemble à du Black Sabbath et du Kadavar. Voila cela étant dit on va pouvoir essayer de se concentrer sur ce qui fait que Never Before cherche quand même à se démarquer. 

Le groupe s'inscrit dans la vague revival 70's mais incorpore des éléments Deathcore au niveau du chant. N'étant pas friand de cela, c'est assez compliqué de juger. En revanche, ça offre une énergie dans la vague Stoner Doom délivrée par la guitare et la basse, la batterie n'étant pas en reste avec une utilisation puissante de la caisse claire qui résonnait dans toutes la salle. 

Never Before arrive à tailler à coup de Deathcore son Stoner Doom pour offrir une prestation hypnotique et singulière. 




Après sa création en 2001, de nombreux EPs, Evilthorn a sorti en 2016 son premier album Restart to the Evil Walking, première sortie entièrement en anglais. Le groupe est connu pour avoir eu dans ses rangs Li Chao (ex-Enemite, ex-Harffluss, Zaliva-D) mais il ne reste aujourd'hui aucun membre d'origine et le groupe est dirigé par le frontman Zhai Xiaojuna (ex-Ancestor, ex-Wrath of Despot) présent dans le groupe depuis 2003 et unique membre permanent de la formation. 

C'est donc sous une nouvelle forme que ce groupe au parcours chaotique monte sur scène. Corpse paints, pantalons en cuir, piques, pas de doute c'est du Black Metal. Alors que seul le dernier album est en anglais le groupe propose un set sans aucun morceau en chinois, avec du Black Metal classique entre influences norvégiennes et Black Death moderne à la Behemoth. Efficace et précis, Evilthorn livre une prestation millimétrée, faisant parfois passer les moments théâtraux devant la musique. Les moments plus mélancoliques sont la force de leur musique, mais malheureusement trop peu présents.

Au vu des changements récents et du départ de tout le précédent line-up, le groupe s'en tire bien. Mais on ressent le vide laissé par les précédents musiciens car seul Zhai Xiaojuna arrive à avoir une réelle présence sur scène. 





Punisher, ou la tête d'affiche de cette soirée. Le groupe fait parti des têtes de file de la nouvelle vague Thrash Metal qui se crée dans la scène chinoise. Ils puisent leurs inspirations dans la corruption sociale mais aussi les mythes et les légendes qui peuplent notre monde. 

Aucun doute, c'est bien pour eux que le public est venu. La salle est bondée. Le groupe entre sur scène et commence directement à jouer. Les riffs sont autant Thrash que techniques et le chanteur donne tout sur scène. Il s'arrête de nombreuse fois pour plaisanter et lancer son rire quasiment hystérique. Ils sont là pour se faire plaisir et pour faire plaisir au public. Exception faite de ces moments, les morceaux s'enchaînent sans accalmie, une déferlante Thrash Metal. 

Le groupe a le set le plus long de la soirée mais le temps passe bien plus rapidement que lors des premiers groupes. 

Punisher partira sur les applaudissements et les demandes de rappel avortées. 






La date de Pékin aura été en demi-teinte même si on ne peut pas dire que les groupes soient mauvais ou que les prestations n'étaient pas bonnes. Ce fut surtout un bon moyen de découvrir les nouveaux groupes de la scène underground chinoise même si nombre d'entre eux doivent encore peaufiner leurs personnalités. La Chine est un peu dans un entre deux au niveau des groupes, soit ces derniers affirment une personnalité forte, soient ils tombent dans la copie technique de ce qui a déjà été fait, délaissant la composition au profit de la performance.

Je reste sur le regret d'avoir raté bon nombre de mes groupes préférés sur les autres dates et l'impression parfois d'assister à un concert tribute, mais aussi sur le plaisir d'avoir vu que la scène chinoise n'a pas encore tout donné. 

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Report : Morgan
Photos : Eléna P.

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