Chronique | AUTOKRATOR- Hammer of the Heretics (2018)


AUTOKRATOR - Hammer of the Heretics

Tracklist:

01. Against Flesh and Blood
02. Le Sang Impur
03. Interlude
04. Hammer of the Heretics
05. Inquisitio-Denunciatio-Exceptio

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La scène Death Metal française ne s’était pas aussi bien portée depuis fort longtemps. Mais hélas le public est toujours à la recherche des grandes sensations via les scènes étrangères, délaissant trop souvent notre scène nationale au profit de pays plus exotiques, question de notoriété, ou d’état d’esprit, qui sait ?
En tout cas des groupes comme Autokrator sont là pour botter des culs et nous rappeler que notre scène est toujours une des plus riches et des plus influentes. Avec son Death teinté de Black Metal influencé par une froideur  venue de la scène industrielle, Hammer of the Heretics débarque et s’impose comme l’album le plus mature de la formation. L’adjonction de Kevin Paradis (Benighted, ex-Svart Crown...) derrière les fûts n’est certainement pas étrangère à cette réussite, n’enlevant rien au travail de composition de L.F, bien au contraire même.

 Ce qui est toujours agréable avec ce genre de groupe, c’est qu’on reconnaît leur patte directement, tant dans le son que dans les riffs qui se veulent être l’identité propre du groupe et d’une personnalité rare.
Entrons directement dans le vif du sujet dès le premier titre qui instaure d’emblée un climat oppressant et martial. Il se dégage une froideur et une lourdeur que tout claustrophobe aura du mal à supporter tant l’intensité qui s’en dégage est pesante, dégageant un sentiment de malaise palpable. C’est la marque de fabrique du groupe, mais malgré ça, L.F ne s’est pas enfermé dans un carcan et a su faire évoluer sa musique, rendant son œuvre plus aérée sans pour autant la dénaturer. Il joue sur les atmosphères plus que par le passé. Notamment aussi grâce à la durée de l’album qui ne dure "que" 35 minutes, il peut aller droit au but sans pour autant perdre l’auditeur dans les méandres d’une musique alambiquée et pesante.

Comme dans ses œuvres précédentes, on ressent l’influence de la scène industrielle dans la musique d’Autokrator, mais là le groupe a fait fort : il a sur faire évoluer son approche de celle-ci. On la ressent à travers le son de la production, comme dans le courant industriel, Hammer of Heretics dégage une atmosphère dénuée de toute forme d’humanité et d’espoir, laissant transparaître une production puissante et décharnée à la fois. Et comme je l’ai mentionné plus haut, ce nouvel opus gagne en puissance notamment grâce au jeu de Kevin Paradis, qui aura su donner un nouveau souffle et aussi une nouvelle direction à la musique du groupe. Grâce à son jeu subtil et dévastateur, il permet ainsi à L.F d'encore mieux exploiter ses riffs dont il est le seul à avoir le secret. L.F laisse donc libre court à sa créativité, et accroît la lourdeur de sa musique tout en évitant de la rendre indigeste.

La thématique de ce nouvel opus tourne autour de l’inquisition, sujet que l’on peut clairement retrouver au court de l’écoute grâce à 'Interlude', une piste instrumentale agrémentée d’un sample tiré de la série Inquisitio qui provient elle-même du roman de Nicolas Cuche. Elle appuie encore plus l’effet industriel de la musique du groupe, et permet ainsi de marquer une pause dans l’écoute de cette œuvre d’une violence indéniable.

Une fois cet intermède passé, on repart dans les méandres de la folie d’Autokrator pour finir de se faire broyer sous les coups de butoir de K.P et des riffs dévastateur de L.F, nous laissant peu de répit et nous gardant captivés dans un univers opaque et abrasif, un univers dont il sera difficile de ressortir indemne. Et le paradoxe de tout ça, c’est que dès la fin de l’écoute de cette œuvre malsaine, le premier réflexe que vous aurez sera de ré-appuyer sur lecture pour vous replonger dans ce monde de ténèbres et de violence, preuve il en est que Hammer of the Heretics fait son effet. Ces 35 minutes sont dévastatrices, tant dans l’écoute qui vous fera plier sous le joug de sa musique que dans l’atmosphère qui en résulte. Le mal-être que laisse éclore cet album est addictif et cathartique, vous faisant ressortir libéré de toute forme de colère et d’énergie négative. Ces sentiments  seront expiés grâce à toute la violence qui résulte de ce nouveau brûlot signé Autokrator.

De prime abord la musique du groupe n’est pas simple d’accès, il est vrai, mais justement, c’est aussi ce qui fait son charme, car elle touchera les personnes les plus torturées et aptes à comprendre le cheminement que le groupe a voulu donner à son projet.  Absolument à conseiller à tous ceux qui pensent que le Death Metal est mieux chez les autres.
Tais-toi, prosterne toi et écoute le grand inquisiteur Autokrator.

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KhxS


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