Live Report : MANOWAR - FINAL BATTLE WORLD TOUR, Trier Arena (Allemagne), 12/12/2017.



  Par un concours de circonstances inattendu, je me retrouve à acheter une place pour voir Manowar à Trier (Trèves) ce mardi 12 décembre et je me greffe aussitôt sur un convoi pour m'y rendre en compagnie de 3 autres manowarriors. J'ai toujours un peu de mal à réaliser tout ça, mais le "Call to arms" se faisant entendre, difficile de résister à l'appel des Rois du Metal. Cette date s'inscrit dans la tournée The Final Battle World Tour, constituée pour le moment de 9 dates en Allemagne (après avoir fait un détour par la Scandinavie), celle de Trier étant l'avant dernière. Par Final Battle on entend qu'il s'agira probablement d'une des dernières occasions de voir le combo américain en live, comme l'avait annoncé Joey dans une interview récente.

D'ailleurs, rappelons la composition du groupe, formé en 1980 par le susnommé bassiste Joey Demaio (à l'époque roadie pour Black Sabbath) et le guitariste Ross The Boss qui sera présent jusqu'au 6ème album du groupe Kings of Metal (1988). Le batteur le plus emblématique du groupe sera quant à lui Scott Columbus, malheureusement décédé en 2011. Le batteur ici présent est alors d'après les précisions de Joey un live member brésilien du nom de Marcus Castellani, recruté par Manowar alors qu'il jouait pour un groupe brésilien tribute à ces derniers : Kings Of Steel. Les vocaux sont réalisés par Eric Adams, et ce depuis la première démo en 1981. Aujourd'hui, seuls deux des membres originaux du groupe sont présents sur scène, Joey Demaio et Eric Adams, le guitariste Karl Logan ayant intégré la formation à partir de l'album Louder Than Hell (1992). Bref, passons aux choses sérieuses. Nous arrivons à l'heure et dans de bonnes conditions au pied de l'arène dans laquelle aura lieu cette dernière bataille. L'entrée des combattants se fait ma foi rapidement et nous nous retrouvons vite à nous positionner dans la fosse, au 5ème ou 6ème rang, et ça ne changera pas vraiment pendant le show lui-même. Autant dire que les conditions sont optimales pour profiter au mieux. Un rideau semi transparent est suspendu devant la scène, où se trouve un mur d'amplificateurs et la batterie trônant au sommet d'une estrade, donnant aussi la possibilité aux musiciens de se déplacer dessus sur la gauche et la droite. Plus haut sont fixés les écrans géants annonçant le Spoken World Tour de "The History of Manowar" par Joey Demaio dans plusieurs grandes villes allemandes. Avant de continuer, mais ça va de soi,  tous les posers sont invités à libérer la place.

Setlist:

01. Manowar
02. Blood of my Enemies
03. Metal Warriors
04. Brothers of Metal
05. Mountains
06. Fallen Brothers
07. Heart of Steel / Herz aus Stahl
08. Secret of Steel
09. Spirit Horse of the Cherokee
10. Call to Arms
11. Sons Of Odin
12. Kings of Metal
13. Sting of the Bumblebee

-  Joey's speech -

14. Fighting The World
15. Sign of the Hammer
16. The Power
17. Battle Hymn

Bonus:

18. Warriors of the world united
19. Hail and Kill
20. Black Wind, Fire and Steel

  Ainsi retentit le sample d'intro 'The Miracle and Finale', qui n'est autre que l'OST majestueuse composée par Miklós Rózsa pour le film Ben-Hur (1959) de William Wyler. Il y a également une cinématique d'introduction présentant le groupe à son avantage et dans ses plus grands moments de gloire, année après année, jusqu'à aujourd'hui. Les musiciens déboulent sur scène tout de cuir vêtus lorsque le rideau tombe au son de 'Manowar', et juste après l'annonce "From the United States of America... Manowar !". Quoi de mieux que de faire son entrée sur un morceau à la gloire de son propre groupe... La tension dans la fosse est déjà aisément palpable et le public n'a pas besoin d'être chauffé : les coeurs d'acier le sont déjà à blanc. D'ailleurs, il n'y avait aucun groupe de première partie. Les fédérateurs 'Blood of my Enemies', 'Metal Warriors' et 'Brothers of Metal' apportent leur lots de "HEAVY METAL OR NO METAL AT ALL !" et de "FIGHT WITH POWER AD STEEL FOR THE METAL THAT IS REAL" qui sont scandés à l'unanimité par le public présent, qui connaît visiblement bien la subtilité des lyrics du groupe. Ces trois morceaux englobent déjà avec justesse et précision ce que Manowar représente, mais je développerai plus tard. 

  On passe maintenant à une partie du show plus mid-tempo, voire ballades. Les écrans géants sont mis à feu pour le long morceau 'Mountains' avec de splendides images de panorama pixelisées et Eric Adams chantant le refrain particulièrement épique de ce titre. Vient ensuite le moment des hommages aux disparus avec le morceau "Fallen Brothers". Pendant ce long morceau, des portraits sont diffusés sur les écrans, on y retrouve notamment Orson Welles, Christopher Lee, Ronnie James Dio, Scott Columbus, Lemmy Kilmister et bien d'autres. Inattendu et agréable.

  Dans une visible volonté de flatter les habitants du pays dans lequel nous nous trouvons, le morceau 'Heart Of Steel' est chanté intégralement en allemand et devient par conséquent 'Herz Aus Stahl', plutôt chouette, mais il fût par conséquent plus ardu de chanter cette version pour les manowarriors non germanophones de la salle (et il y en avait). Les fans de Conan Le Barbare et de Robert E.-Howard seront ravis car voilà l'épique 'The Secret Of Steel' ! Nous nous avançons désormais sur un long chemin de triomphe sans fin, surmonté de voûtes et balisé de torches, nimbés de la puissance de Crom !
  Les tambours de guerre au loin se font entendre... ainsi que l'appel des vastes étendues inviolées et parcourues par des tribus de fiers cavaliers... L'ambiance est travaillée pour cette intro du très martial 'Spirit Horse of The Cherokee' rendant honneur aux natifs américains. Probablement un de mes morceaux favoris du groupe et un des points forts du show. "I now issue the call ... are you ready to fight ?!" Tous les manowarriors sont appelés à prendre les armes pour le "Call to Arms", l'écran nous gratifiant d'un superbe château fortifié de type médiéval, frappé par la foudre, entouré de corbeaux. Ce montage semble avoir été fait sur windows movie maker. Ajoutons à cela des projections de sang, le kitsch atteint désormais un niveau impressionnant (et c'est délicieux). Le groupe entame alors 'Sons Of Odin' .. l'efficacité de ce morceau en live est tout à fait redoutable et son alchimie de chœurs et de riffs épiques élève notre âme à la verticale pour saluer les dieux de la guerre en personne. C'est le moment du gros tube 'Kings Of Metal' dont la plupart des gens connaissent bien les paroles. Il s'agit d'un autre morceau à la gloire même du groupe : cette mégalomanie faisant partie intégrante du charme de Manowar est succulente. Le rythme très groovy du morceau et son feeling rock'n'roll le rendent d'autant plus entraînant, cette fois c'est sûr, tous les posers pour qui la musique était trop forte sont sortis de la salle.

  Interlude. Le groupe laisse la scène à Joey et celui ci entame son célèbre solo de basse 'Sting of The Bumblebee', avec un sérieux qui lui ressemble ; je suis pour ma part ravi d'entendre ce fameux morceau de l'album Kings Of Metal joué en live. Puis ce dernier commence un discours Manowaresque, invitant à envoyer se faire foutre et insultant de "assholes" les gens dénigrant le Heavy Metal. Parfait donc. En réponse, Joey conseille de répondre à tous ces misérables que nous faisons partie de la plus grande et plus forte "Metal Family" du monde car, je cite, les fans de Manowar sont les meilleurs. Et cela est bien sûr incontestable. Dans le cas où vous ne seriez pas d'accord, vous pouvez toujours vous éjecter de la salle. Le speech se finit sur ce cher Joey déblatérant des choses en allemand puis se vidant sa canette de bière à moitié sur la face, et à moitié dans sa bouche,  recrachant ensuite tout ça sur le premier rang.

  Après avoir été galvanisés de la sorte, les manowarriors sont prêts à affronter le monde, unis par les liens sacrés du heavy metal et de la puissance des amplis de basse qui font trembler les pantalons. Le batteur de session commence à frapper ses fûts sur le rythme de 'Fighting The World' qui annonce le début de ce titre très batailleur : Manowar rappelle bien qu'il est fait d'acier et non d'argile. La rythmique basse se superposant au solo de Karl Logan vers le milieu du morceau était d'ailleurs un beau moment de heavy metal à lui tout seul. Nous gravons alors dans nos souvenirs le 'Sign of The Hammer', morceau emblématique du quatrième opus du groupe. Il s'agît alors de lever le marteau bien haut... "while we are pounding into glory ride" ! La puissance, Manowar lui a dédié un morceau unique : 'THE POWER' ! Une des plus grosses claques de la soirée, un titre parfaitement taillé pour le live, avec un tempo élevé et un refrain on ne peut plus épique. L'intensité de ce morceau est telle... il déborde de puissance, vraiment.
Aussi musclé qu'Eric Adams, voilà donc le fort viril 'Battle Hymn' scandé à grands coups de "KILL ! KILL !" et de "VICTORY ! VICTORY !" et entrecoupé de son interlude bien cheesy que le vocaliste se fait un plaisir de rendre particulièrement solennel.

  Officiellement c'est la fin, mais c'est le moment de réunir "side by side" (encore) les troupes du Heavy Metal et tous ses plus fidèles défenseurs. 'Warriors of The World United' sonne dans le grand hall doré d'Odin, dans lequel nous sommes désormais. Sous une basse grondante, tous les manowarriors réunis sur le sol germanique clament haut et fort leur unité de Metal Warriors. Plus qu'un morceau, c'est là un hymne. Une énième bataille se profile à l'horizon, invités à chevaucher comme le tonnerre céleste, nous sommes le bras armé de la foudre avec 'Hail and Kill' et la simplicité géniale de ce morceau. La setlist s'achèvera avec un véloce et légendaire 'Black Wind, Fire and Steel', comme une ode à nous autres, façonnés dans le feu et l'acier et les vents de la conquête dans notre sillage.

  Le final se fait en toute théatralité avec Joey arrachant une à une les cordes de sa basse, la rupture de chacune d'entre elles créant une déflagration de basses fréquences. On en attendait pas moins ...

  Un rêve de lycée se réalise avec cette date qui représente probablement l'une des dernières du groupe. Il était donc temps... je constate qu'après 37 ans de carrière, Manowar tient toujours très haut la flamme de la Sword and Sorcery et du Heavy Metal véritable, celui qui ne cède pas à la modernité et qui continue à parler des vraies choses. C'est à dire la gloire, les épées, l'action de tuer ses ennemis (avec puissance), le Heavy Metal, l'unité, le tonnerre et la foudre... Assis sur leur montagne de gloire et devenus rois par leur propre musique, Manowar continuent de rire avec arrogance du "false metal" et des profanes au Heavy Metal. Le formidable charme du groupe est toujours étincelant d'une fierté arrogante, alimentée par l'acier lui même et la puissance illimitée qu'il injecte dans le cœur de ses musiciens et de ses fans. 


Stuurm



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