Chronique | HEIR - Au Peuple de l'Abîme (Album, 2017)


HEIR - Au Peuple de l'Abîme (Album, 2017)

Tracklist :

01. Au Siècle Des Siècles - 08:38
02. L'Heure d'Helios - 08:52
03. Meltem - 07:48
04. L'Âme des Foules - 06:55
05. Cendres - 07:42

Extrait en écoute:



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Le proverbe dit « l'abîme appelle l'abîme », et Heir se fait le porte-parole de ce peuple vivant dans les contrées abyssales. Cette jeune formation de Post-Black nous a livré cette année sa première offrande via Les Acteurs de l'Ombre. C'est une alliance entre les ombres et l'abîme qui se fait entendre.

'Au siècle des siècles', l'éternité n'est plus un fantasme face à « l'écho du grand chant ». Une phrase qui résonne dans mon esprit à l'écoute puis à la lecture des paroles. Un album qui parle de chute, de la mort de dieux de peuples déchus et d'empires en cendres, un écho des Avatars qui ont foulé le monde de David Gemmell. Extrapolation de mon esprit bercé depuis des années par l'auteur ? Ou réelle inspiration ? En tout cas les thèmes se recoupent. Des Avatars immortels face au cataclysme de leur race et de leur empire, un dernier grand chant avant leur extinction dans le sang. Dans tout les cas cela pose bien les bases de l'univers du groupe. Le lourd pois de la mort et de l'oubli pèse sur la musique de Heir.

Les sonorités sont lourdes, languissantes. Le groupe nous laisse face à une marée Black Metal poisseuse, aux rives mélancoliques et pleines de 'Cendres'. La batterie est lourde dès le première titre, et lors des accalmies présentes sur l'opus, l'impression de masse et de lourdeur est renforcée. Heir tinte son Post-Black d'un voile onirique où même la dystopie est morte. Les passages clairs sont autant d'échos de ces profondeurs morbides où le feu d'un empire en flammes n'est plus que la seule lumière de ce monde.

On est face à un Post-Black classique dans la forme mais qui propose une véritable expérience émotionnelle. Le groupe joue parfaitement sur les intensité et les moments de pure contemplation comme sur 'L'Heure d'Helios' où mélancolie et haine ne font plus qu'un, autant dans la musique que dans la voix. Cette dernière ne varie pas mais se prête idéalement à un exercice entre le chant Black et à la narration. Le chant en français sur des textes léchés permettent une immersion dans ce bourbier malsain. Même si on ressent la présence planante des Grands Anciens, le groupe vénère un autre peuple abyssal et ce spectre ne ressort qu'à certains moment sans tomber dans la facilité de la redite. En revanche le 'Meltem' souffle plus du côté de l'Allemagne que de la Grèce, on se passerait aisément de cet effet éculé. Si 'Helios' et le vent de l’Odyssée prédominent, autant les laisser s'exprimer.

Heir livre en définitif un album profond au niveau conceptuel, et fait preuve d'une maîtrise des éléments Post-Black / Sludge. Il reste un voile qui les sépare de la perfection, un voile qui fera transparaître la profondeur du concept dans l'expression de leur musique. Il me tarde de voir le chapitre deux...

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Morgan.




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